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Darfour , nouvel Irak
publié le 10 avril 2007
jeudi 26 avril 2007
Si j’en crois le plus haut diplomate français en poste à l’ONU, Jean-Marie Guéhenno, secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de l’ordre, toutes les tribus qui composent le Soudan souhaitent s’attribuer une part aussi importante que possible des ressources pétrolières du pays : c’est le fonds de l’affaire , une situation pas tellement différente de l’Irak.
Le gouvernement central à Khartoum s’appuie sur des tribus dites arabes ( en vrai , métis, évidemment ) à qui il redistribue des fonds , contre d’autres tribus dites africaines (mais tous sont musulmans) privées de leur quote-part. Les exclus passent donc des accords entre eux et avec des opposants de Khartoum pour prendre le pouvoir au centre et les prébendes ; contrairement à ce que l’on lit ou entend, ces opposants ne sont pas toujours moins islamistes, parfois ils le sont plus que le gouvernement actuel . Hassan el Tourabi, maître à penser de Ben Laden, qui vit à Khartoum, joue à ce jeu . À Khartoum qui, il y a dix ans, ressemblait à un campement nomade et a maintenant des allures de Dubaï.
Au Darfour, il n’existe donc pas de solution locale ; s’il s’y trouve des assassins et des victimes, la répartition entre bonnes et méchantes tribus ou entre musulmans de progrès et musulmans radicaux, n’est pas évidente , contrairement à ce qu’en disent George Clooney, Mia Farrow et Bernard Henri Lévy
Comment intervenir de l’extérieur ?
Aux Etats-Unis, les mêmes qui demandent un retrait de l’Irak exigent une intervention au Soudan : George W. Bush a donc tort dans tous les cas de figure, quand il y va et quand il n’y va pas. Mais toute intervention peut conduire à un scénario irakien ; de plus, et c’est déjà le cas, les interventions humanitaires et la création de zones de sécurité (aujourd’hui mal garanties par l’armée de l’Organisation de l’unité africaine) conduisent à de gigantesques mouvements de population qui s’agglomèrent dans d’ingérables camps de réfugiés.
Et la Chine ? On lui fait grief de bloquer toute intervention de l’ONU au Soudan car elle privilégie ses bonnes relations avec un fournisseur de pétrole. Plus encore, le Parti communiste chinois, songeant à la répression au Tibet et au Turkestan oriental, ne veut pas autoriser un précédent dangereux pour lui. Mais ce refus de la Chine n’arrange-t- il pas les autres membres du Conseil de sécurité et l’ONU en général ? Car s’il fallait intervenir, comme le ferait-on en pratique ?
La seule solution serait un gouvernement démocratique et une répartition entre tous des ressources naturelles : ce n’est pas la mission de l’ONU, ce n’est pas non plus celle des Etats-Unis et l’Europe est ailleurs.
La communauté musulmane ? Elle ne s’accorde que contre Israël mais jamais pour résoudre ses guerres civiles.
New-York , avril 2007