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Journées sans voitures : assez de gadgets !
mercredi 2 avril 2008
La mode du jour et les relations publiques dictent trop souvent les politiques locales. Nous avons déjà dénoncé le ridicule de l’élection d’une Marianne de circonstances par l’Association des maires de France ; c’est la même rigueur qui nous conduit à protester contre les lamentables "journées sans voiture". Dans les quelques villes qui s’y sont aventurées, surtout pendant les jours ouvrables, le mécontentement fut général, à l’exception de quelques lobbies de cyclistes et de trois écologistes démodés. Les Français n’aiment pas qu’on leur dicte leur conduite, qu’on les englue dans les encombrements, qu’on les empêche de travailler sous prétexte de les "éduquer" ! Le principal argument de ces journées serait en effet "pédagogique". Est-il nécessaire d’instaurer la pagaille pour nous enseigner que marcher pollue moins que l’automobile, et, qu’à condition d’être en bonne santé, le vélo est aussi un instrument de transport ? Nos concitoyens sont-ils bêtes au point qu’il faille les faire souffrir pour les former aux éléments de base de la nouvelle science de l’écologie ?
La leçon aura été d’autant plus contre-productive que, le lendemain, tout est revenu comme avant, puisque ces journées sans voiture sont des coups médiatiques sans aucun suivi pratique. Le malheureux dont le temps de transport aura été doublé par la journée sans voiture aura donc retrouvé sa voiture - avec jubilation - ou son transport en commun, sans aucune amélioration.
Ce qui ne signifie pas qu’il ne faille rien faire. Au contraire, beaucoup pourrait être entrepris qui ne serait pas de la poudre aux yeux. Ainsi, en Allemagne, la ville de Brême met-elle à disposition des voitures de location sur des parkings dispersés en ville, où chacun peut se servir avec une carte magnétique, en fonction de ses besoins du jour ; on est débité sur son compte après restitution du véhicule. Après deux ans, 10 % de la population du centre a renoncé à posséder une voiture particulière. Ceci, entre autres, est une véritable politique ; exactement l’inverse des gesticulations auxquelles nous venons d’assiter chez nous.