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Dévaluation socialiste au Venezuela

mardi 4 mai 2010

Plus de 60% des importations se paient au taux flottant du dollar, chaque fois plus défavorable à mesure que s’accélère l’inflation au Venezuela, qui est actuellement de plus de 26%, reflet de la chute des réserves de la Banque centrale.

L’Argentine, Cuba ou le Venezuela ont joui de monnaies fortes et respectées qui conservaient le pouvoir d’achat à l’époque où les banques centrales y étaient des institutions sérieuses et indépendantes et tant que les gouvernants ne pouvaient spolier la population en faisant tourner la planche à billet, en augmentant la masse monétaire, en effaçant des zéros aux coupures, ni en rajoutant le surnom « fort » à la monnaie nationale. Aujourd’hui, les pesos ne pèsent rien et le « bolivar fort » est une insulte à la mémoire de Simon.

Depuis l’impressionnante dévaluation du bolivar en janvier, la monnaie vénézuélienne est en chute libre, accentuée au mois d’avril par le vol (en novlangue chaviste, on appelle cela « expropriation ») des implantations de l’entreprise de biens alimentaires Polar à Barquisimeto, dans l’État de Lara. Polar est devenu, tout au long de la seconde moitié du 20e siècle, une des entreprises les plus efficaces et prospères du Venezuela. Elle commença à fonctionner durant la Seconde Guerre mondiale, faisant concurrence à d’autres entreprises déjà bien installées et beaucoup plus importantes. Mais elle parvint à grandir et à augmenter ses ventes grâce à sa bonne gestion et à la qualité de ses produits. Cela, clairement, gênera toujours les dirigeants socialistes envieux, qui n’auront de cesse de mettre des bâtons dans les roues des actionnaires et de porter préjudice aux travailleurs de l’entreprise et aux millions de Vénézuéliens qui consomment des bon produits à des prix compétitifs.

Aujourd’hui, le régime chaviste propose aux Vénézuéliens trois monnaies de valeur différente, afin d’enrichir ses acolytes et de nuire à différents degrés aux autres. Les reportages et les témoignages sont désormais légion qui font état du grand train de vie des boligarques, alors qu’un nombre sans cesse croissant de Vénézuéliens souffre du chômage, qu’explose l’économie souterraine et disparaissent les entrepreneurs et se réduit dramatiquement l’accès aux sources de capitaux pour démarrer de nouveaux projets d’entreprises privées. La Caracas qui, à une époque pas si lointaine que cela, était surnommée « la succursale du Ciel » se transforme tristement en une banlieur lointaine de La Havane castriste.

Dans le nouveau et baroque système monétaire vénézuélien, le bolivar ayant la plus haute valeur ne s’utilise soi-disant que pour les importations essentielles. Ainsi, si vous êtes chaviste et ce que vous désirez importer est « important », le dollar vous coûte 2,6 bolivars. Les importations considérées comme « non essentielles », qui peuvent aller de l’outil domestique jusqu’aux alcools en passant par les automobiles, se paieront avec un dollar échangé contre 4,3 bolivars. Et ces dollars si précieux sont essentiellement accessibles à ceux qui ont les faveurs du régime « bolivarien » et vous les obtiendrez facilement si vous avez de bons contacts avec la CADIVI (Commission de l’administration des devises du Ministère du Pouvoir populaire [sic] pour les Finances de la République bolivarienne du Venezuela), mais vous les attendrez des mois, ou ne les recevrez jamais, si vos contacts sont moins bons ou si vous n’êtes pas prêts à payer la « commission » adéquate sous la table. Après l’étape CADIVI, il vous faudra encore attendre que la Banque centrale vous donne ces dollars.

C’est à cause de cette série d’entraves et de lourdes procédures que plus de 60% des importations se paient au taux flottant du dollar, chaque fois plus défavorable à mesure que s’accélère l’inflation au Venezuela, qui est actuellement de plus de 26%, reflet de la chute des réserves de la Banque centrale. Tel est ce nouveau Venezuela socialiste, où il faut importer de l’essence suite à la détérioration des capacité de raffinage de ce pays, où se multiplie les coupures d’eau et d’électricité dans une économie chaque fois plus contrôlée par un « socialisme du 21e siècle » singulièrement semblable à celui du 20e quant aux moyens et aux résultats.

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