Accueil > International > Afrique > L’Afrique obtiendra-t-elle vraiment « plus » sur le climat ?
L’Afrique obtiendra-t-elle vraiment « plus » sur le climat ?
lundi 7 juin 2010
Alors que les négociations sur le climat reprenaient le 31 mai à la conférence de Bonn en Allemagne, à Nice, en France, le Président Sarkozy recevait nombre de dirigeants africains (les 31 mai et 1er juin) pour, entre autres, faire avancer l’accord sur le climat. Le texte proposé à Nice évoque « un système de financement à long terme permettant de passer à un financement de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 », après les 30 milliards sur 2010-2012. A côté du « renforcement des marchés carbone » le texte propose aussi « le principe d’une taxe sur les transactions financières internationales ». Outre la lutte pour l’environnement, ces mesures entendent promouvoir le développement. Ces deux objectifs seront-ils atteints ?
La thèse du GIEC est-elle toujours valide tout d’abord ? Question essentielle puisqu’un débat a en effet émergé fin 2009 sur la toute jeune et imprécise science du réchauffement climatique (notamment grâce à la « rebellion » des Professeurs Courtillot et Allègre en France). Ensuite, il y a eu des révélations sur des manipulations de données visant à « montrer » un réchauffement et sur des pressions pour empêcher la publication de travaux sceptiques du réchauffement, (le fameux climategate). Enfin, trois hivers plus rigoureux suivent une décennie de stabilisation des températures, sans corrélation statistique significative entre températures et émissions de CO2. Pourtant, le Président Sarkozy, instigateur du Grenelle de l’environnement mais qui confondait encore en septembre dernier trou dans la couche d’ozone et effet de serre, s’accroche comme beaucoup d’autres à l’idée que la parole du GIEC vaut vérité, alors que le doute s’est très largement installé.
Si la thèse du réchauffement d’origine anthropique conduisant à des bouleversements majeurs paraît de moins en moins probable, les conséquences des mesures mises en place pour lutter contre le supposé fléau sont elles assez certaines. Du point de vue de l’environnement en général, il faut rappeler tout d’abord qu’interdire les centrales thermiques ne laisse comme seule alternative crédible que le nucléaire. Est-il sage de nucléariser le tiers-monde avec les risques majeurs que cela implique dans de tels pays ? La réponse paraît assez évidente. Même si le secteur du nucléaire se frotte les mains. Ensuite, orienter les ressources vers la lutte contre le réchauffement climatique qui n’est ni certain ni avéré, signifie moins de financements pour des problèmes environnementaux certains et avérés, comme le traitement des déchets. Si le principe de précaution doit jouer, autant ne pas inverser les priorités.
La mise en place d’une taxe carbone aux frontières, qui était promise dans les négociations de Copenhague, limitera durablement la possibilité des pays émergents d’accéder facilement aux marchés des pays du « Nord » protégés, ralentissant donc le développement du « Sud ». Certains producteurs du Nord ont un intérêt évident à la limitation de la concurrence internationale. Par ailleurs, la mise en place et le plafonnement de marchés carbone verra les grosses multinationales des pays riches se ruer pour acheter leurs droits à polluer dans les pays pauvres, mécaniquement faire augmenter les prix de ces valeurs climatiques et rendre ainsi prohibitifs les coûts de production de possibles concurrents locaux (devant acheter leur droit à polluer) dans les pays du tiers-monde. Ici encore le développement des nations émergeantes pourra être freiné. Mais la finance verte, dont fait partie Monsieur Al Gore, et qui spécule sur les valeurs climatiques, en profitera.
Enfin, le système de compensation carbone alimenterait un fond censé bénéficier aux Africains. Mais quels Africains ? Comme en témoigne un demi-siècle de corruption, de gabegie, d’oppression, alimentées en partie par un système d’aide internationale largement inefficace, on ne peut être que très pessimiste sur l’utilisation des ressources de ce fond : l’Africain moyen ne verra pas grand’ chose. Si ces compensations promettent un développement durable, c’est bien celui des autocrates au-dessus des lois qui savent jouer sur la corde sensible pour négocier toujours plus de fonds en leur faveur, mais aussi celui des bureaucraties internationales telles que le Banque mondiale ou le Fond Monétaire International, qui se battent pour arracher une part de ce nouveau gâteau. Ces mesures permettront en revanche la décroissance pour 4 milliards d’êtres humains.
Ces accords ne résoudront pas les vrais problèmes environnementaux, et encore moins les problèmes de développement de l’Afrique. Bien au contraire. L’africain moyen n’obtiendra donc pas « davantage » sur le climat, et verra sacrifiées ses opportunités d’améliorer son niveau de vie.
Voir en ligne : L
Image : Eruption du Ol Doinyo Lengai en 1966. Image libre de de droits.