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De l’obésité au droit opposable au sexe
jeudi 17 juin 2010
Et c’est – encore une fois ! – Le Monde qui nous offre aujourd’hui une savoureuse pignouferie de presse comme on en trouve parfois derrière un gros chêne moussu. Normalement, les pignouferies, il faut les cueillir quand elles sont petites, sinon quelqu’un d’autre va le faire à ta place. Mais là, étonnamment, elle a déjà un beau calibre et pourtant, elle n’a pas été récupérée par beaucoup de médias…
Tout part d’une étude médicale indispensable à l’humanité.
Certains chercheurs luttent, tous les jours, contre le cancer. Dernièrement,l’Hérétique m’a fait découvrir les avancées phénoménales et quasi-miraculeuses d’autres chercheurs dans la guérison de l’adénoleucodystrophie par thérapie génique sur le virus du SIDA.
Et d’autres encore se demandent si les obèses niquent autant que les gens normaux.
Oui bon ok, ce n’est évidemment pas tourné comme ça. Il faut du sérieux pour pouvoir trouver le financement de ces études dont les conclusions bouleversent des pans entiers du savoir séculaire de l’humanité dans le domaine.
Ainsi, on découvre, stupéfait, que les femmes obèses ont plus de mal que les autres à trouver un partenaire sexuel.
Certes, l’étude est allé un peu plus loin et permet d’apporter, tout de même, quelques autres informations : ses auteurs ont découvert que ces femmes étaient moins demandeuses de services de contrôle des naissances et quatre fois plus susceptibles d’être accidentellement enceintes. Les femmes enceintes obèses et leurs bébés ont également un risque accru de complications et de décès par rapport aux femmes de poids normal.
En soi, tout ceci ne mérite pas le label « Pignouferie ». Non. Mais passez cette recherche essentiel au savoir de l’humanité dans la moulinette gloubiboulgatique d’un médium de presse, laissez l’œil expert d’un journaliste traîner nonchalamment sur la question, et vous obtenez immédiatement une de ces productions séminales qui marquent d’une pierre blanche les victoires les plus décisives des pignoufs sur l’intelligence.
En effet, on notera deux points qui, chacun, nécessiteraient une intervention musclée de coccyplastie à base de caterpillars solidement envoyés.
Le premier est l’absence patente de toute information relative à un lien de corrélation entre l’obésité et la classe sociale. Pourtant, un journaliste normal, c’est-à-dire manifestement pas dans la presse nationale française, n’aura aucun problème à chercher et trouver une telle corrélation, puisque des études existent, et qu’elles montrent fort bien le lien entre l’obésité et la pauvreté, ainsi que, plus important encore, l’absence de lien entre l’obésité et l’état de santé.
Et si l’on ne fait pas cette recherche, si l’on ne se pose pas cette question et, comme un journaliste français, on gobe bêtement l’étude sans chercher à la comprendre, on aboutit à débiter des idioties, et à relayer une fois encore, en dehors des quelques éléments informatifs que l’étude comporte, le dogme actuel sur la normalité corporelle, mélange de morale gluante, de proverbes à l’emporte-pièce et de jugements bien-pensants.
Autrement dit, le journaliste peut s’affranchir de faire son travail pour repartir dans le militantisme à la fois collectiviste et bisou-friendly, où on ne doit exclure, stigmatiser et discriminer personne, mais où chaque petit écart à la Normalité devient un fléau qu’il faut combattre obstinément à coup de gentillesse invasive et permanente, comme un mal de crâne qui ne passerait qu’au prix d’une lobotomie totale.
Jugements et morale dont découle alors le second point, aussi horripilant de bêtise que le premier, qui consiste, sans autre forme de réflexion, à conclure que « face au phénomène de l’obésité, il faut envisager la sexualité de ces femmes comme un enjeu de santé publique« .
Et là, c’est le pompon avec feu d’artifice et bal pop à la fin.
D’une part, on notera que s’il ne faut discriminer personne et distribuer du bisou à tous, dans ce monde, les femmes obèses ont des problèmes que les hommes n’ont pas. La sexualité de ces derniers n’est pas un enjeu de santé publique, et d’ailleurs, pour mettre les choses au clair, les hommes n’étant pas des femmes, on se cogne comme de l’an 40 de leurs éventuels problèmes de zizi : ils peuvent aller se faire cuire un œuf. Ou se taper une pute.
D’autre part, puisque certaines femmes ont certains problèmes, rendons la société responsable de trouver une solution ! Facile, cher et qui peut rapporter gros en terme électoraux !
C’est, au final, la conclusion logique à laquelle tend l’article : puisque ces femmes ont des problèmes sexuels, notamment parce qu’elles ne trouvent pas de partenaires, vite, organisons un Ministère National de l’Épanouissement Sexuel Pour Tous.
En août 2006, je proposais, déjà, une vraie égalité des chances appliquée au domaine sexuel. Je ne pensais pas qu’on s’en rapprocherait aussi vite.
De loin comme de près, pas de doute : ce pays est foutu.