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Ce que David Cameron devrait dire à l’Europe
vendredi 18 juin 2010
Les propositions pour une règlementation commune Européenne sur la banque et les services financiers auraient, à mon avis, un impact délétère disproportionné sur l’économie du Royaume Uni. Nous ne sommes pas préparés à ce qu’une industrie qui représente peut-être un huitième de notre PIB soit supervisée par des gouvernements qui ont des secteurs financiers négligeables dans leurs pays.
Croyez moi, Mesdames et Messieurs, quand je dis que je ne prends aucun plaisir dans les troubles de la zone Euro. Chacun de vous à cette table représente un pays ami. Vos économies représentent la moitié du commerce de mon pays. La prospérité de l’UE est vitale pour le succès du Royaume Uni.
Ma vision personnelle est que cette prospérité serait assurée au mieux en laissant chaque Etat tailler sur mesure la politique monétaire qui correspond le mieux à ses besoins. Laissez des pays quitter l’Euro si c’est ce qu’exigent leurs situations économiques : laissez les frapper leurs propres monnaies, laissez les fixer leurs propres taux d’intérêts, déterminer leurs propres taux de changes. Laissez les viser des niveaux de prix qui leur donnent accès au marché : ça serait une plus grande relance économique que n’importe quelle transfusion de cash.
Bien sûr, comme beaucoup d’entre vous me l’ont rappelé, ce n’est pas ma place de faire de telles suggestions : j’offre simplement mon avis dans un esprit communautaire. Je suis à ma place, par contre, quand je défends les intérêts essentiels du Royaume Uni. Alors permettez moi d’être bien clair sur le fait que mon pays ne participera pas à quelque mouvement que ce soit en direction d’un « gouvernement économique Européen » (pour utiliser votre expression, M. Van Rompuy) ni un quelconque « fédéralisme fiscal » (pour utiliser la vôtre, M. Barroso).
Nous n’accepterons aucune augmentation des engagements financiers des Etats membres qui sont en dehors de l’Euro. La dette nationale de mon pays a augmenté de 900.000 Livres Sterling depuis que j’ai commencé à parler. Je ne demanderai pas à mes contribuables d’emprunter encore plus afin de l’envoyer en Grèce ou en Espagne. Nous ne participerons à aucune machinerie destinée à des transferts fiscaux, ni à un Fonds Monétaire Européen, ni à une Agence Européenne de la Dette, ni à aucun mécanisme de ce type.
Nous n’accepterons pas non plus l’idée que quiconque en dehors de la Chambre des Communes ait un droit de regard préalable sur le budget Britannique. Certains d’entre vous savent que nous avons combattu une guerre civile pour établir les prérogatives du Parlement sur les finances. Nous ne sommes pas prêts à abandonner ce principe à cause d’une crise dans une monnaie qui n’est pas la nôtre.
Et, de fait, nous ne pouvons pas non plus être d’accord sur une quelconque proposition d’harmonisation fiscale. En particulier, nous rejetons l’idée d’une Taxe Tobin ou de n’importe quelle autre levée sur les transactions financières. Londres est le centre financier de l’UE. Cette question est une ligne rouge pour nous.
Ce qui m’amène à l’objection la plus importante de toutes. Les propositions pour une règlementation commune Européenne sur la banque et les services financiers auraient, à mon avis, un impact délétère disproportionné sur l’économie du Royaume Uni. Nous ne sommes pas préparés à ce qu’une industrie qui représente peut-être un huitième de notre PIB soit supervisée par des gouvernements qui ont des secteurs financiers négligeables dans leurs pays.
Je comprends que certaines de ces propositions, telle la Directive Alternative pour les Gérants de Fonds d’Investissements, peuvent être passées par un vote à la majorité qualifiée. Vous devriez comprendre, cependant, que nous n’avons aucune intention de mettre de telles mesures en pratique. La City de Londres est tout aussi importante pour moi, M. Sarkozy, que les subventions agricoles ne le sont pour vous. Je ferai donc ce que la France a fait quand elle a reçu l’ordre d’accepter les exportations de bœuf Britannique : je refuserai poliment de faire respecter cette directive.
Ce n’est pas la peine de hausser le ton, Messieurs. La crise de la zone Euro n’est pas de mon fait. Si vous voulez garder l’Euro en vie, à un coût démesuré pour les contribuables des pays du Nord et pour les travailleurs des pays du Sud, ce sont là, comme vous le dites vous-même, vos affaires. Mais ne vous tournez pas vers la Grande Bretagne pour de l’Argent. Ce n’est pas notre problème.
Un article de Daniel Hannan pour son blog sur le site du Telegraph.