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La peau d’Eric Woerth ne vaut pas cher
vendredi 2 juillet 2010
Alors que le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique (comment peut-on mettre ces trois responsabilités dans le même sac sans penser à une blague ?) bénéficie plutôt d’une bonne réputation, il a été victime de dommages collatéraux dans une affaire qui le concerne vaguement. Mais du vague on est passé à la vague, et même au tsunami médiatique. Le peuple gronde un peu, surtout après plusieurs affaires remontées sans qu’aucune démission n’y réponde. Aujourd’hui, il faut livrer des têtes à la vindicte populaire, fussent-elles bien faites. Dommage, ça tombe sur l’un des rares membres sérieux du gouvernement. Il fait partie du clan qui a le plus déféndu la rigueur et les réformes ; bref, quelqu’un qui n’a pas que des amis. Le Monde lui consacre des enquêtes approfondies comme il n’avait plus osé en lancer depuis longtemps. Le Canard Enchainé a sonné l’halali. Et aujourd’hui, son passé trouble de trésorier de l’UMP le rattrappe, avec son lot de fréquentations douteuses, de situations sulfureuses et d’affaires proches. Nous saurons bientôt jusqu’à quand il a porté des couches, et quand il a su lire.
Après le soutien indéfectible les premières 48 heures, le front s’est vite fissuré. Alain Juppé a balancé un tacle au techno, à croire que Woerth est un peu embarrassant pour lui : un techno aussi intelligent que lui, mais sympathique en plus. A suivi l’uppercut de François Sauvadet qui enfonce un coin supplémentaire, et plusieurs retraits dans le front uni à l’intérieur de l’UMP. Bref, ses jours sont comptés, voire ses heures. Les lièvres levés le justifient hélas. Et nous sommes loin de la tolérance zéro.
Pourtant, cela n’est pas pour me rassurer. Les Christian Blanc aux notes pharaoniques de cigares, les Christine Boutin (dont le bureau et les assistantes inutiles ont été maintenus) et les Alain Joyandet sont tous saufs. Pire, les conjoints des politiques auront intérêt à être fonctionnaires pour ne pas risquer de se retrouver un jour dans une situation compromettante. Et puis cette affaire pose, il est vrai, de nombreuses questions. Le salaire faramineux d’avocat de Jean-François Copé, déjà député et président du groupe UMP à l’assemblée nationale, se justifie-t-il autrement que pas l’accès à un réseau de pouvoir et un pari sur un présidentiable pour son employeur ? La vie politique frise en permanence avec ce genre de relations troubles. Il n’y a pas de réponse simple, sauf à éradiquer totalement les derniers élus qui viennent du privé, ou dont le conjoint fait une belle carrière dans le privé, et veulent garder cette culture distincte de la majorité de leur univers politique : la fonction publique.
Pour le moment, la chasse est ouverte, il faut éviter de se prendre du plomb au passage.
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Image / Eric Woerth, licence CC, auteur Medef