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Pourquoi l’Europe s’est élevée, et pourquoi elle décline
samedi 3 juillet 2010
Au moment où les puissances asiatiques découvrent les avantages de la décentralisation, l’UE s’engage dans la direction opposée. En conséquence, les 15 nations de la « vieille Europe » (c’est-à-dire l’UE telle qu’elle était avant le round d’élargissement de 2004) ont vu leur part du PNB mondial diminuer de 36% en 1980 à 24% aujourd’hui, avec une prévision de chute jusqu’à 15% en 2020. Les USA, pendant ce temps là, on gardé leur part du PNB mondial stable.
Hagar, un de mes commentateurs les plus fidèles, demande pour quoi je n’ai rien écrit sur le débat organisé par Open Europe auquel j’ai pris part la semaine dernière. Eh bien, Mary Ellen Synon du Daily Mail a écrit un résumé si généreux que c’en est gênant ici, et Mats Persson a produit un article légèrement plus complet ici.
Mats « résume » mon argumentation plutôt mieux que je n’ai souvenir de l’avoir exprimée moi-même sur le moment. L’argument contre l’intégration Européenne est essentiellement la concurrence des systèmes. Il y a 500 ans, les empires Orientaux –Ming, Moghol et Ottoman- étaient très en avance technologiquement sur les tribus dispersée à la pointe occidentale de la masse terrestre Eurasienne. Ils avaient la poudre à canon et les canaux, les vaisseaux pour naviguer sur les océans et la monnaie papier, les mathématiques avancées et l’astronomie. Les Européens Médiévaux, par comparaison, étaient primitifs et pauvres.
Et pourquoi leurs descendants en sont ils donc arrivés à dominer la planète ? Pourquoi les Chinois n’ont-ils pas, comme on aurait pu s’y attendre, contourné l’Afrique et découvert le Portugal ? Parce que, pour raconter brièvement une longue histoire, les monarchies Orientales sont devenues centralisées, bureaucratisées, et surtaxées. L’Europe, par contraste, n’est jamais devenue un État unique, mais est restée un groupe d’États en concurrence les uns avec les autres, chacun cherchant à dépasser ses voisins, chacun capable de copier ce qui marchait ailleurs.
Je ne prétends pas que cette thèse est originale. Je l’ai prise chez Paul Kennedy, qui lui-même l’avait prise chez l’historien Australien E.L. Jones. Mats nous fournit une bibliographie bien plus exhaustive. Mais l’argument lui-même est remarquablement simple. La concurrence extérieure est une mise sous contrôle importante du pouvoir d’un État. Un gouvernement ne peut augmenter les impôts que jusqu’à un certain point avant que les créateurs de richesse ne déménagent vers une juridiction plus amicale et ne commencent à reverser leur revenu à un autre ministère des finances. Il ne peut règlementer le droit social et la politique de l’emploi que jusqu’à un certain point avant que les entreprises et les emplois ne déménagent. Bref, la diversité stimule la concurrence et l’innovation.
L’UE est, dans un certain sens, une réaction contre ce processus : une tentative puissante, bien qu’à terme futile, de règlementer les marchés internationaux. Au moment où les puissances asiatiques découvrent les avantages de la décentralisation, l’UE s’engage dans la direction opposée. En conséquence, les 15 nations de la « vieille Europe » (c’est-à-dire l’UE telle qu’elle était avant le round d’élargissement de 2004) ont vu leur part du PNB mondial diminuer de 36% en 1980 à 24% aujourd’hui, avec une prévision de chute jusqu’à 15% en 2020. Les USA, pendant ce temps là, on gardé leur part du PNB mondial stable.
L’absence d’unité politique amène des avantages autant politiques qu’économiques. Bien des avancées en Europe ont été mises en mouvement par le phénomène du réfugié. Tant qu’il y avait quelque part où l’on pouvait fuir, le pouvoir de l’autocrate était gardé sous contrôle. Tant qu’il y avait des États en concurrence les uns avec les autres, aucune dictature n’était en sécurité. Le grand historien du XVIIIème Siècle Edward Gibbon l’a exprimé ainsi :
« La division de l’Europe en un nombre d’États indépendants, connectés cependant les uns aux autres par la ressemblance générale en religion, en langages et en us et coutumes, produit les conséquences les plus bénéfiques sur la liberté de l’humanité. Un tyran moderne, qui ne trouverait de résistance ni dans son propre cœur, ni dans son peuple, ressentirait une douce retenue causée par l’exemple de ses pairs, la crainte de la censure présente, le conseil de ses alliés, et l’appréhension face à ses ennemis. L’objet de son déplaisir, échappant aux limites étroites de son territoire, obtiendrait aisément, sous un climat plus heureux, un refuge sûr, une nouvelle fortune en adéquation avec son mérite, la liberté de se plaindre, et peut-être les moyens de la revanche. »
Bien que l’argument de Gibbon ait été repris dans la panel par un Britannique (moi-même), un Suédois (Mats) et un Belge (Pieter Cleppe), les intervenants pro Bruxelles nous ont tout de même attaqués comme « europhobes ». Ce qui va bien dans le sens de démontrer un des points soutenus par ce blog depuis longtemps, à savoir qu’un certain nombre d’euro-enthousiastes rejettera toute critique de l’UE, qu’elle soit basée sur l’histoire, l’économie ou la démocratie, comme intrinsèquement xénophobe.
Un article de Daniel Hannan pour son blog sur le site du Telegraph.