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Un théâtre de droite est-il possible ?

dimanche 4 juillet 2010

Narquois, sceptique, ironique, intéressé par les idées mais soupçonneux des systèmes, amoureux de la langue anglaise sans sembler artificiel : ces choses, certainement, sont les signes témoins de l’homme de droite qui se cache à l’intérieur. Pas étonnant qu’il soit si sacrément brillant.

Ed West nous suggère une serie d’idées pour des pièces de théâtre de droite. Il nous offre cette liste en réponse à une remarque extraordinaire de Lisa Goldman, directrice artistique de Soho Theatre :

« Qu’aurait donc à offrir une pièce de théâtre de droite ? Antidémocratie, misogynie, bigoterie, nostalgies de toutes sortes ? Revenons à une Grande Bretagne blanche ? Que la traite des noirs a eu une influence civilisatrice ? Que les femmes devraient rester à la maison ? »

Une des propositions d’Ed est « une pièce au sujet d’artistes créatifs qui tombent en disgrâce en Union Soviétique -un peu comme la chasse aux sorcières de McCarthy, sauf qu’ils se font tous tuer- et au sujet de pourquoi la gauche occidentale a méprisé les opposants de Staline et a refusé de croire la vérité ».

En fait, Ed, il y a déjà une pièce au sujet des artistes créatifs du bloc de l’Est : Dogg’s Hamlet, Cahoot’s Macbeth, par l’homme que j’ai déjà décrit par le passé comme notre plus grand auteur dramatique vivant.

A part, bien sûr, que cette pièce là est beaucoup plus subtile que votre scénario putatif. Il se concentre sur la façon dont le langage et la vérité sont viciés dans les régimes non libres. Parce qu’il évite toute dénonciation politique évidente, il est beaucoup plus puissant que le narratif que vous proposez –qui, si l’on y pense, est le miroir de comment un auteur dramatique de gauche présenterait son idée sur la BBC.

Bien entendu, Tom Stoppard est bien inspiré d’être discret au sujet de ses idées politiques. Des sympathies conservatrices flagrantes pourraient mettre un terme à une carrière dans le théâtre (relisez les mots de Mme Goldman). De fait, je n’ai pas de preuve réelle que Sir Tom est un Tory : je déduis simplement ses instincts de son œuvre. Narquois, sceptique, ironique, intéressé par les idées mais soupçonneux des systèmes, amoureux de la langue Anglaise sans sembler artificiel (la clé pour comprendre Stoppard, comme Ken Tynan avait l’habitude de le dire, c’est de se rappeler que c’est un immigrant) : ces choses, certainement, sont les signes témoins de l’homme de droite qui se cache à l’intérieur. Pas étonnant qu’il soit si sacrément brillant.

MISE A JOUR : Paul Goodman me rappelle que Stoppard a aussi écrit Chaque Gentil Garçon Mérite Une Faveur, au sujet d’un dissident soviétique qui a été confiné dans un hôpital psychiatrique et à qui on dit qu’il ne sera relâché que s’il rétracte ses critiques du régime. Doucement, Paul : nous ne voulons pas ruiner la réputation du pauvre homme.

Un article de Daniel Hannan pour son blog sur le site du Telegraph.

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