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Les premières victimes de Chávez ont employé Twitter

Chávez contre Internet

lundi 12 juillet 2010

Comme en Chine ou au Vietnam, s’exprimer sur un réseau social peut mener aux geôles bolivariennes.

L’offensive contre la liberté d’expression menée par Chávez – qui s’est déjà payé le scalp de plusieurs médias ainsi que leurs dirigeants – arrive maintenant sur Internet. Le régime du caudillo marxiste-narcissique vient d’embastiller deux citoyens lambda, Luis Enrique Acosta et Carmen Cecilia Navas, accusés de « diffuser des rumeurs sur Twitter en vue de déstabiliser le système bancaire vénézuélien ». Le directeur du département d’enquêtes scientifiques, pénales et criminelles, Wilmer Flores, a justifié cette répression tirant prétexte de la loi bancaire concoctée récemment par les chavistes.

Bien que les principaux affectés par ce fait du prince soient les détenus, le régime envoie un message très clair à l’ensemble de la population. À partir de maintenant, les Vénézuéliens savent que les réseaux sociaux sont sous étroite surveillance policière et qu’y exercer son droit à la libre expression peut se payer par le cachot. Comme Twitter ne peut pas, à la différence d’une radio ou d’une télévision, être fermé par le pouvoir politique – et comme pour l’instant, Chávez n’ose pas imiter la dictature chinoise et bloquer des sites Internet qu’il ne peut contrôler –, celui-ci tente de faire en sorte que les utilisateurs des réseaux sociaux s’autocensurent par peur du régime.

La simple existence d’une législation – que ce soit au sujet des banques ou d’autres domaines – punissant et emprisonnant des personnes pour le simple fait de s’exprimer au travers des réseaux sociaux est une aberration, liberticide. Il est parfaitement inadmissible que quelqu’un puisse se retrouver en prison sous l’accusation de répandre des « fausses rumeurs » pour déstabiliser la banque du pays. De fait, si quelqu’un déstabilise bien le système financier vénézuélien (et par là-même, tout le pays), c’est bien Hugo Chávez avec son démembrement progressif des libertés fondamentales au Venezuela.

Tel est le dernier et triste chapitre qu’illustre la détention de Luis Acosta et Carmen Navas. Comme en Chine ou au Vietnam, s’exprimer sur un réseau social peut mener aux geôles bolivariennes. Les premières victimes employaient Twitter, les suivantes seront peut-être des utilisateurs de Facebook, des blogueurs ou des participants à des forums de discussion. L’Internet a cessé d’être libre dans la Venezuela de Chávez.

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