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Climategate, enquêtes au delà de la parodie.
vendredi 16 juillet 2010
The Atlantic est une institution Américaine des plus vénérables. Mensuel fondé en 1857, il se spécialise dans les longs articles de fond et la critique littéraire, en plus d’une tradition de publication de fiction sous forme de courtes nouvelles. L’appeler une institution n’est pas exagéré.
Politiquement, on peut le placer au centre gauche, bien qu’il n’ait aucune hostilité systématique envers le capitalisme, le libre échange et la libre entreprise. Sur la question spécifique du réchauffement climatique anthroprique, il a marché comme un seul homme en compagnie de toute la classe journalistique et a donc soutenu la thèse qu’il y a un réchauffement climatique que des causes naturelles ne suffisent pas à expliquer, et que l’homme y joue donc un rôle. Comme l’immense majorité de ses concurrents, il n’a jamais cru bon d’expliciter pourquoi il trouve cette thèse juste.
Sa réaction de cette semaine au sujet des enquêtes menées récemment au Royaume Uni au sujet du climategate et aux Etats Unis au sujet des travaux de Michael Mann, l’inventeur de la fameuse crosse de hockey, résonne donc comme un coup de tonnerre. D’autant qu’elle vient de Clive Crook, qui non content d’être Rédacteur Sénior à The Atlantic, a aussi une colonne dans le National Journal, écrit des commentaires dans le Financial Times et a travaillé pendant près de 20 ans pour The Economist, dont 11 comme rédacteur en chef adjoint.
M. Crook ne mâche pas ses mots. Précisons tout d’abord qu’il n’est pas dans le camp des sceptiques, encore moins de ceux que les croyants désignent comme négationistes. Il pense que le réchauffement pose un risque et qu’il faut agir politiquement pour le combattre.
Et pourtant, ayant pris connaissance des enquêtes officielles au sujet de fraudes potentielles commises par les climatologues les plus célèbres et les plus importants, sa réaction est sans nuances.
Morceaux choisis.
« D’une incompétence patente et même sciemment mauvais ».
L’enquête sur Mann et sa crosse de hockey est si grotesque qu’elle en est « difficile à parodier ». L’argument de « l’enquête » est en substance que Mann a eu tant de succès dans la levée de fond pour ses travaux (venant de l’Université même qui a reçu ces fonds) et qu’il a tellement publié, que ça prouve qu’il est au dessus de tout soupçon.
Quant à l’enquête dite Muir Russell sur le Climategate, elle a omis de demander au principal intéressé Phil Jones s’il avait effacé des emails pour éviter de les soumettre à une requête légale en lien avec l’Acte sur la Liberté de L’information (Freedom of Information Act), qui l’obligeait à les remettre. M. Brookes trouve cette omission « stupéfiante et indéfendable ».
On a lu, et on lira, de droite et de gauche, que les enquêtes sont terminées, les dossiers clos, les scientifiques impliqués lavés de tout soupçon. Grâce à la réaction courageuse de M . Brookes, on pourra nuancer ces informations.
Sa conclusion est la suivante : « le fardeau économique du combat contre le réchauffement climatique ne sera supportable que quand un nombre suffisant d’électeurs croira que le problème est réel, sérieux et pressant. Restaurer la confiance dans la science du climat doit venir en premier. Ceci, à son tour, signifie confier aux électeurs tous les doutes et toutes les questions sans réponses –avec les données qui dérangent autant que celle qui confirment la théorie- au lieu de les tromper (de façon non intentionnelle, cela va de soi) pour leur faire croire que tout est clair et net. Les enquêtes auraient pu enclencher ce processus. Elle n’ont fait que le retarder ».
On aurait envie de lui répondre. M . Crook, vous avez formé un opinion sur la base de sources scientifiques dont vous n’aviez pas de raison de douter. Depuis, ces sources ont été examinées de plus près et tout porte à croire qu’elles sont polluées. Faut-il vraiment continuer à boire de cette eau là, ou l’heure de reconsidérer la question ne serait-elle pas arrivée ?