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Plusieurs dizaines de milliardaires s’engagent à donner la moitié de leur fortune

jeudi 5 août 2010

Trente-quatre milliardaires ont répondu présent à l’appel de l’investisseur Warren Buffett et de Bill Gates en promettant de donner au moins la moitié de leur fortune à des œuvres caritatives dans le cadre du programme The Giving Pledge. Parmi ceux-ci on retrouve le maire de New York, Michael Bloomberg, Larry Ellison, cofondateur d’Oracle, Ted Turner, le fondateur de CNN, ou encore David Rockefeller. La liste exhaustive des donateurs, diffusée mercredi 4 août, comprend également le magnat des hôtels Barron Hilton, l’industriel Barry Diller et sa femme Diane von Furstenberg ou encore le cinéaste George Lucas.

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"Nous venons juste de commencer mais nous avons déjà obtenu une réponse formidable", s’est réjoui Warren Buffett, assurant que la plupart des donateurs ont promis des sommes bien supérieures au montant minimum, à savoir la moitié de leur fortune.

Lire l’intégralité de l’article sur Le Monde.

Cette initiative est l’occasion de réfléchir à la question de l’aide publique au développement : Les organisations internationales et les associations humanitaires font régulièrement campagne pour une augmentation de cette aide. Les hommes politiques en particulier ne sont pas avares de promesses non tenues lors des grand-messes consacrées à la question, comme le sommet de Gleneagles en 2005. Comme le remarque le journal The Economist, le sujet est « à la mode » mais les promesses sont « volages ».

Néanmoins, l’efficacité de ces mesures est pour le moins douteuse et n’a bien souvent servi qu’à la corruption, l’achat d’armes ou à financer des « éléphants blancs », des projets couteux et prestigieux sans la moindre pertinence mais qui servent le prestige du dirigeant. Comme l’arrivée massive de liquidités par l’exportation de matière premières, l’aide au développement peut être une « malédiction » bien plus qu’une bénédiction. Dès lors, de nombreux économistes mettent en doute l’efficacité même du principe de l’aide au développement ou la difficulté à assurer son efficacité.

Ainsi, l’économiste hongrois Peter Thomas Bauer (1915-2002) a été l’un des premiers critiques de l’APD. Il soulignait en particulier qu’il était abusif d’appeler aide au développement les flux de capitaux transférés du Nord vers le Sud à ce titre, alors qu’il s’agit selon lui d’une entrave au développement qui tend à maintenir les pays sous-développés dans leur condition. L’aide au développement, quand elle subventionne le maintien d’un système non viable, ne fait que ralentir l’adaptation nécessaire du pays et l’empêche de se développer. Robert Calderisi, un ancien haut fonctionnaire à la Banque Mondiale, reprend la même perspective dans The Trouble With Africa. Il souligne que ce n’est pas le colonialisme, l’esclavage ou la mondialisation qui sont les coupables de la situation actuelle de l’Afrique mais le maintien de gouvernements dictatoriaux et corrompus par une aide au développement excessive. Pour aider réellement l’Afrique, il faut non pas augmenter l’aide mais la réduire de moitié selon lui, afin de l’obliger à prendre en main ses problèmes internes.

William Easterly, professeur à l’Université de New York et ancien collaborateur de la Banque mondiale, estime que la plus grande partie des aides apportées depuis cinquante ans ont été inefficaces. Dans The Elusive Quest for Growth, il analyse les raisons de cet échec, au premier rang le manque de contrôle sur la façon dont l’aide est utilisée. L’une des raisons serait le manque de contrôle sur les personnes chargées de gérer cette aide. Dans The White Man’s Burden, il va plus loin dans son analyse et estime que les missions messianiques de personnes comme Bono ou Bob Geldoff sont une résurgence du complexe de supériorité de l’homme blanc, se croyant obligé d’apporter le progrès aux sauvages, version moderne du « fardeau de l’homme blanc » de Rudyard Kipling.

D’autres auteurs comme Paul Collier dans The Bottom Billion : Why the Poorest Countries are Failing and What Can Be Done About It adoptent une position plus favorable à l’aide publique au développement, tout en mettant de nombreuses conditions pour que l’aide soit efficace. Ainsi, Paul Collier souligne que l’aide suit elle aussi la loi des rendements décroissants et qu’il ne sert à rien de vouloir augmenter exagérément l’aide au développement, faute de bons projets à financer ou de gouvernance suffisante pour garantir le bon usage des fonds. Il considère que l’aide au développement ne peut pas avoir d’impact important sur les pays en développement et peut, au mieux, empêcher la situation de se dégrader plus encore.

En lire plus sur la position libérale sur l’aide publique au développement.


Voir en ligne : Philanthropie : une trentaine de milliardaires s’engagent aux c


Image : Warren Buffet en 2005, photographie sous licence CC, auteur Mark Hirschey

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