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Comment penser l’immigration ?

lundi 7 avril 2008

L’impact sur l’emploi

L’argument le plus fréquemment entendu contre la liberté d’immigration est probablement que les immigrés prennent les emplois des indigènes. Cette peur, largement répandue, est totalement infondée, comme nous le démontrent les lois économiques et l’histoire.

Cet argument est basé sur la conception fallacieuse - mais au combien fréquente ! - que le nombre d’emplois est fixe. Cela n’est pas le cas. En effet, les immigrants ne font pas que travailler ; ils consomment. Et cette consommation génère une demande accrue de travail et donc crée des emplois. Un court instant de réflexion devrait rendre la chose évidente. Les gens travaillent afin de consommer. Une offre pour un type de biens est donc une demande pour d’autres biens.

Par conséquent, dans une société plus grande, il n’y a pas seulement plus de demande pour des emplois que dans une plus petite, il y a aussi beaucoup plus d’emplois disponibles. Pour résumer, l’argument comme quoi les immigrants créent du chômage est fondamentalement faux. Le nombre d’emplois disponibles varie avec la taille du marché, qui est lui-même largement dépendant de la taille de la population.

Certains pensent réfuter cette thèse en objectant que les immigrés renvoient à la maison leurs économies. Mais, comme nous allons le voir, cela ne change rien à la situation. Supposons qu’un jeune Kosovar, Taqi, a immigré en Suisse pour prendre soin de sa vieille mère vivant à Pristina. Après un mois de travail, il a économisé CHF 500.-, somme qu’il envoie à sa mère. Que fera-t-elle avec les francs suisses ? Elle doit d’abord les échanger contre des dinars. Or, la seule raison pour laquelle quelqu’un serait prêt à échanger des dinars contre des francs suisses est parce que cette personne souhaite acheter des biens ou des services suisses. Et ces achats génèrent des emplois en Suisse. CQFD.

Par ailleurs, de nombreux autres arguments parlent en faveur d’une immigration libre. Les immigrants tendent à être plus jeunes, en meilleure santé, mieux instruits et plus ambitieux que leurs compatriotes qui ne migrent pas. Ainsi, les statistiques économiques montrent que les immigrants (pour autant qu’il ne s’agisse pas de réfugiés auxquels on dénie le droit de travailler et que l’on loge et nourrit à coups de subventions) stimulent la croissance économique et par conséquent créent des emplois.

L’impact sur le revenu

Un des autres arguments couramment répandu est que les immigrants réduisent le niveau de salaire des indigènes. Cette accusation est fausse, aussi bien à court terme qu’à long terme. Certes, l’immigration est en effet susceptible de réduire les salaires nominaux dans certains domaines et à court terme. Aussi bien la théorie économique que les données empiriques démontrent cependant que les immigrants n’accroissent pas seulement leur propre niveau de vie, mais également celui des autochtones.

Lorsque des personnes migrent de régions où les salaires sont bas vers des régions ou les salaires sont plus élevés, l’effet immédiat est une altération des ratios capital / travail dans les deux régions. Dans la première, le travail devient plus rare, ce qui provoque une augmentation des salaires. Dans la deuxième, il devient plus abondant, causant une baisse des salaires. Ainsi les salaires des immigrants sont maintenant plus élevés, comme le sont ceux de la communauté "d’envoi", alors que les salaires des indigènes dans la communauté de "destination" sont plus bas.

Toutefois, le revenu cumulé des indigènes - salaires rendement sur la capital - est plus élevé. Ceci est dû au fait que la production a augmenté et que la dilution du capital causée par l’immigration a rendu ce dernier plus rare, accroissant par là-même le rendement sur la capital. L’accroissement du rendement sur le capital dans la communauté de destination crée immédiatement une incitation à augmenter l’épargne domestique et à l’importation de capital étranger. Le capital supplémentaire conduit à un accroissement de la productivité marginale du travail, ce qui augmente de même la production. Ainsi, le recul initial des salaires nominaux est de courte durée et plus que largement compensé par la croissance des salaires réels et du niveau de vie, possibles grâce à l’augmentation de la production du pays de destination.

Enfin, les migrations facilitent le flux d’idées, stimulant par la même occasion la diffusion du savoir, des compétences, et de la technologie. Tous ces éléments contribuent à l’accroissement de la productivité du travail et à l’expansion de la production globale, élevant le niveau de vie de tous les individus. L’immigration est un élément important du processus de prospérité mondial.

Des données empiriques extrêmement abondantes confirment cette réalité. Un simple coup d’oeil aux USA, qui constituent littéralement une nation d’immigrants, suffisent à corroborer ce fait.
Solution proposée

La solution préconisée se différencie à la fois de la "politique des allocations" de la gauche et de la "limitation restrictive" de la droite. Il faudrait adopter une politique d’immigration libérale qui permette aux immigrés de s’établir librement. Les motifs de leur venue ne concernent qu’eux-mêmes et ne devraient donc pas constituer un critère. Les immigrés, qu’ils soient "économiques" ou réfugiés politiques, devraient pouvoir travailler librement aux conditions stipulées par le marché. Aucune forme de subvention ne devrait leur être allouée.


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