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Un bien triste anniversaire

lundi 6 septembre 2010

Le 4 septembre 2000, le CAC 40 frôlait les 7000 points, un plus haut jamais retrouvé depuis 10 ans ! Pire encore, le gâteau a fondu de presque moitié sur la période pour atteindre 3650 points aujourd’hui, soit une perte de plus de 400 milliards d’euros (les Echos). Comment a-t-on pu en arriver là ? Euphorie des années 2000 pour les uns, avidité extrême des spéculateurs pour les autres, chacun jette sa pierre sur les marchés boursiers et ses apôtres financiers. Mais sont-ils vraiment coupables ?

Dix ans de Crise(s)

Les dix dernières années ont vu se succéder trois grandes crises dont nos économies ont eu du mal à se guérir : la crise internet tout d’abord, qui a vu les investisseurs trop nombreux, engager trop de fonds dans des entreprises sans valeur pour la plupart. Si la crise des « Dotcom » est bien le fait des spéculateurs, qu’en est-il des conséquences qui ont conduit à la crise suivante ?

Face au risque de faillite de beaucoup d’entreprises (notamment de start-up) les autorités américaines ont tenté de rediriger les investissements vers un autre secteur, plus solide : le secteur immobilier. Idée compréhensible à court terme puisque cela évitait d’affronter l’explosion de la bulle internet, mais nous connaissons aujourd’hui les conséquences à moyen terme : un surinvestissement dans l’immobilier et un soutien artificiel de la demande à travers les crédits subprimes… Résulat : une crise financière sans précédent qu’on ne pouvait éviter qu’à condition d’intervenir massivement dans les économies désormais mondialisées. Là encore, nous savons avec quel succès nous avons évité l’éclatement de la bulle subprime ! Il a fallu investir massivement avec l’argent que personne ne possédait. Troisième crise donc, la dette souveraine.

Un enseignement peut-être ?

Quel enseignement tirer de ces dix années de crise ? Les acteurs privés sur les marchés sont certainement responsables de la première bulle internet, en revanche c’est l’intervention des États qui a conduit à la création de la bulle financière (États Unis principalement) puis à la crise de dettes souveraines qui semble se matérialiser autour d’une bulle obligataire à présent.

Deux choses retiennent alors notre attention : les Etats semblent avoir aggraver la situation d’une part, et les Etats-Unis ont une grande responsabilité d’autre part. Cette deuxième affirmation est d’ailleurs bien connue des politiques français qui ne cessent de se cacher derrière elle pour éviter d’agir.

Mais alors, si tout le monde a été durement touché, pourquoi le CAC a-t-il pris du retard sur ses homologues américains et allemands ? La faute aux spéculateurs girouettes ? Ce serait un peu facile de les accuser en même temps de trop investir et donc d’être à l’origine des crises et de ne pas assez investir (uniquement en France cette fois) !

S’ils refusent d’investir en France, il y a une raison simple : ils sont rationnels et responsables. En effet, pourquoi investir en France alors qu’il n’y a eu aucune amélioration en dix ans ? Pas une leçon n’a été tirée des trois crises ; et ce n’est pas une accusation sans fondement, il suffit d’observer le climat actuel pour s’en convaincre : une politique fiscale qui n’incite pas à entreprendre ni embaucher ; un chômage plus élevé que dans les autres grandes places mondiales et surtout qui ne baisse pas assez rapidement ; et en ces jours de rentrée, comment ne pas ajouter les menaces de grèves nationales ? Pas étonnant alors que les investisseurs se montrent frileux et que par extension les places boursières françaises stagnent.

Happy birthday au pompier-pyromane !

De ce triste constat, nous osons tirer une conclusion rapide et peu reluisante : dix ans de crise certes, mais pas une réforme en profondeur, pas un sacrifice présent pour améliorer la situation future comme l’ont fait les Allemands que nous critiquons tant. Bien sûr, le gouvernement a agi, certains prétendront même qu’il a fait de son mieux, mais chaque mesure a posé les fondements d’une nouvelle crise, plus grave encore et cela ne va pas s’arrêter avec les émissions d’obligations « nécessaires » au financement de la dette publique.

A l’heure de souffler les bougies, une seule certitude se dessine : les bulles se font de plus en plus grosses et la politique champagne a encore de beau jour devant elle…

A lire en complément : Dominique Seux, Chômage : le secret allemand


Voir en ligne : Un bien triste anniversaire


Article repris avec l’aimable autorisation de l’auteur.

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