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Salaires réels et productivité
jeudi 9 septembre 2010
Mort d’un autre mythe véhiculé par la gauche : les salaires réels calculé avec l’inflation du PIB sont en ligne avec la croissance de la productivité, tel que prévu par la théorie économique.
Il y a plusieurs éléments qui déterminent le niveau des salaires réels (i.e. ajustés pour l’inflation). Comme n’importe quel marché, le salaire qui équilibre le marché du travail est influencé par l’offre et la demande de travailleurs.
La demande pour un travailleur varie selon la conjoncture économique, surtout celle de l’industrie dans laquelle oeuvre ce travailleur, ainsi que par la productivité de ce travailleur. La plupart des économistes s’entendront pour dire que plus un travailleur est productif – en terme de la valeur de ce qu’il produit par unité de temps – plus son salaire sera élevé.
La gauche s’oppose cependant à cette explication. Elle affirme que depuis les années 1960, la baisse du syndicalisme aux États-Unis a fait diminuer le pouvoir des travailleurs au profit des entreprises. Il en aurait donc résulté une divergence entre la croissance de la productivité et les salaires réels, qui sont stagnants depuis les années 1960s malgré l’amélioration continue de la productivité. Les gauchistes nous présentent généralement ce graphique pour illustrer cette théorie :
Évidemment, lorsqu’il est question de la gauche, il faut toujours questionner les chiffres !
Dans ce cas-ci il faut savoir que la productivité est calculée à partir du produit intérieur brut (PIB), i.e. ce qui est produit à l’intérieur du pays. Les salaires réels quant à eux sont calculés en fonction de l’indice des prix à la consommation (IPC), qui lui inclue des biens importés qui n’ont pas été produits au pays. On compare donc des pommes et des oranges.
Ainsi, la croissance des prix mesurée par l’IPC a été plus élevée que celle mesurée par le PIB. Pourquoi ? Parce qu’il y a certaines choses que les États-Unis importent qui ont beaucoup fait monter les prix à la consommation, mais qui n’ont pas fait monter le PIB puisque ces biens sont importés et donc exclus du calcul du PIB.
On trouve tout d’abord que l’énergie représente 18% des importations américaines, alors que l’IPC-énergie a nettement surpassé l’IPC-total depuis les années 1960s. On trouve aussi que les produits pharmaceutiques représentent 5% des importations américaines et c’est dans cette catégorie que l’augmentation des prix a été la plus forte selon l’IPC-soins médicaux. La nourriture représente aussi 5% des importations et son augmentation des prix a été similaire à l’IPC-total.
Conséquemment, pour comparer des pommes avec des pommes, il faudrait redessiner le graphique, mais cette-fois en utilisant l’inflation implicite du PIB pour calculer les salaires réels. L’économiste Stephen Gordon s’y est adonné et voici ce que ça donne :
On y voit que les salaires réels calculé avec l’inflation du PIB sont en ligne avec la croissance de la productivité, tel que prévu par la théorie économique. Les salaires réels calculés par l’IPC sont brouillés par les importations. Ainsi, la raison pour laquelle le pouvoir d’achat des américains stagne est que les prix de ce qu’ils consomment augmentent plus vite que les prix de ce qu’ils produisent. En l’occurence, ils ont grandement augmenté leur consommation de pétrole tout en réduisant leur production domestique de pétrole. Le prix du pétrole a quant à lui augmenté exponentiellement durant cette période.
L’autre chose à considérer est aussi la source des gains de productivité. Si ceux-ci proviennent d’une amélioration de la technologie permettant de réduire l’intensité du travail requis pour une tâche, il est normal que ces gains de productivité ne soient pas accompagnés d’un gain salarial pour les travailleurs (dans le cas où cette technologie ne nécessite pas que le travailleur obtienne de nouvelles compétences plus pointues).
Serait-ce la mort d’un autre mythe véhiculé par la gauche ? Je pense que oui !
Voir en ligne : Salaires r