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L’Etat est-il un commerçant comme les autres ?
mercredi 14 avril 1999
Toute la « générosité » de l’Etat consiste donc seulement à nous donner quelque chose en échange de l’argent qu’il nous prend. L’Etat n’est donc pas le bienfaiteur qu’il prétend être. L’Etat fait payer en échange des services qu’il rend et n’est, dans le meilleur des cas, qu’un commerçant comme les autres. La meilleure preuve à cela est précisément que, lorsqu’il essaye de nous faire croire que ses services sont une aubaine pour nous, qu’il nous les donne pour presque rien, qu’il est notre bienfaiteur, il se comporte là en bon commerçant.
L’Etat serai donc sur un pied d’égalité avec votre Boulanger ? Voilà qui choque le sens commun et qui risque de blesser la suffisance de certains de nos hauts fonctionnaires.
La réponse est non. Malheureusement, non.
Si l’Etat pouvait valoir autant que votre Boulanger, nous nous en porterions merveilleusement bien.
En effet, votre Boulanger a cet énorme avantage sur l’Etat, que lorsque vous n’êtes pas satisfait de ses services, vous êtes libre d’aller voir son concurrent. Vous pouvez même essayer de le concurrencer en ouvrant une autre boulangerie. Il ne vous forcera pas à acheter son pain, il ne vous empêchera pas d’aller chez son concurrent, il ne vous interdira pas d’ouvrir une autre boulangerie et de le concurrencer.
En revanche, quand l’Etat se mêle de l’assurance maladie par exemple, et que vous n’êtes pas satisfait de ses services, vous n’avez plus qu’à prendre votre mal en patience. Il vous défendra absolument de ne plus payer les cotisations correspondantes. Il vous interdira de le concurrencer en fondant votre propre compagnie d’assurance maladie.
C’est que notre « bienfaiteur » prétend savoir beaucoup mieux que nous ce qui nous est profitable et pour que nous ne nous portions pas préjudice en usant d’une liberté dont nous ne saurions que faire, il nous interdit de nous procurer ailleurs les services dont il s’occupe. C’est très étrange de la part de quelqu’un qui prétend être le garant de nos libertés ; celles de choisir librement nos fournisseurs et de dépenser notre argent comme bon nous semble en font pourtant partie. Mais comme on disait à une autre époque : « Les voies du seigneur sont impénétrables. »
Je me demande quand même quelle tête vous feriez si votre Garagiste, cherchant à suivre un exemple aussi illustre, venait sur le pas de votre porte, accompagnés de deux acolytes, pour vous tenir le discours suivant :
« - Bonjour. Je suis le meilleur garagiste du quartier. Vous devez donc passer par mes services puisque c’est dans votre intérêt. Je pense même qu’il vaudrai mieux que je vous empêche de passer par les services de quelqu’un d’autre puisqu’il vous réparerai, fatalement, moins bien que moi votre voiture.
Pour ce faire, je compte soudoyer des légistes qui écriront un règlement stipulant que nul autre que moi n’a le droit de réparer les voitures et que tous ceux qui ont une voiture à réparer doivent passer par mes services. Il faudra bien entendu prévoir un service d’ordre pour veiller à remettre dans le droit chemin tous les contrevenants qui ne comprendront pas que tout ceci est fait dans l’intérêt général et qui essaieront d’outrepasser ces décrets célestes. Cela me demandera quelques frais supplémentaires à ceux de la seule réparation de votre voiture mais vous n’aurez pas lieu de vous en plaindre car, comme je vous l’ai déjà dit, je suis le meilleur et le moins cher.
Je ne doute pas que vous accepterez ce contrat qui est tout à votre avantage et que vous voudrez bien me donner un premier acompte pour mes services ! »
Brrr...Pourvu que cette idée ne traverse pas l’esprit des garagistes et qu’ils continuent de faire leur métier honnêtement.
L’Etat n’est vraiment pas un commerçant comme les autres.
Espérons qu’il parviendra à les égaler un jour.