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Boycottons Danone ?
jeudi 15 novembre 2001
La CGT en tête mène le mouvement anti-Danette. Fait des rondes devant les supermarchés pour traquer le « travailleur » coupable d’avoir mis dans son caddie du yaourt sans sucre de la marque honnie. Sermonne la ménagère qui voulait se déguster des petits beurres au goûter, autour d’une tasse de thé.
Ce comportement est profondément inconséquent. Rappelons ainsi, en préambule et sans mauvais esprit, que l’Humanité licencie actuellement une soixantaine de journalistes, du fait d’un considérable effondrement des ventes, que même de nombreuses subventions publiques ne parviennent pas à enrayer.
Le parti communiste invite-il au boycott de l’Huma ? ou la CGT peut-être ?
Mais par ailleurs le boycott de Danone, au même titre que celui de TotalFina il y a deux ans, a ceci de paradoxal qu’il constitue un argument rêvé pour accélérer ou accroître les licenciements. Ce qui est tout de même gênant.
A fortiori pourquoi boycotter Danone et ne pas boycotter AOM-Air Liberté, qui licencie aussi ? L’épicier Félix Potin qui se sépare de sa vendeuse ? La start-up luxembourgeoise qui voit ses capital-risqueurs ne plus rien risquer du tout et qui doit licencier la moitié de ses salariés ?
Alors on nous ressert encore et toujours la prodigieuse autorisation administrative de licenciement, qu’il faudrait réinstaurer. N’oublions pas que celle-ci, jusqu’à sa suppression en 1986, a été d’une inefficacité crasse à enrayer l’inexorable montée du chômage ( 35% de 1973 à 1986).
Il faut donc davantage miser sur une politique de l’emploi, qui réformerait un peu notre pratique des plans sociaux.
Une solution consisterait à obliger les entreprises qui licencient à donner une prime au nouvel employeur. Ce système, efficace, ne fait en réalité que déplacer le problème car le licencié prend la place d’un autre chômeur non aidé.
C’est pourquoi il faudrait aller plus loin, en obligeant les entreprises à maintenir les compétences de leurs salariés. En effet, si les entreprises sont actuellement obligées de consacrer plus de 1% de leur masse salariale à la formation des salariés, la quasi-totalité de leurs efforts bénéficie à l’encadrement et aux techniciens. Pas aux personnels les moins formés au départ. Ceux-là sont ceux qui reçoivent le moins de formation par la suite, et deviennent autant d’exclus en cas de licenciement. L’employabilité des salariés devrait être une importante préoccupation des entreprises, qui se matérialiserait par autant d’obligation individuelle qu’il y a de salarié.