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Trotski, Lénine, Hitler,Staline et les autres

dimanche 18 avril 2004

Comment accepter qu’une société moderne, démocratique et développée, puisse être gouvernée par quelqu’un qui avoue avoir été l’adepte d’un fanatique criminel, et qui, de surcroît, ne regrette rien ? Lionel Jospin, voici quelques semaines, a dit très exactement la même chose. Les réactions n’ont pas du tout été de cet ordre. On oubliera même que Jospin n’a pas regretté, n’a pas même parlé d’erreur de jeunesse, et a, au contraire, semblé nostalgique de ce qui fut pour lui sans aucun doute un engagement fort. On oubliera que Jospin a menti obstinément et continue à mentir lorsqu’il ajoute qu’il pensait que tout cela n’intéressait personne. On oubliera même que Lionel Jospin a pratiqué, jusqu’à une date très tardive, 1986, ce qu’on appelle l’entrisme, c’est-à-dire l’infiltration d’un mouvement politique ou syndical différent, aux fins d’y faire progresser une influence dissimulée.

Tout cela s’explique aisément, bien sûr, si l’on précise que Jospin ne se référait pas à Adolf Hitler, mais à Leon Trotski. Et vous direz que cela change tout. Permettez-moi ici de m’inscrire en faux et de dire qu’il s’agit d’une circonstance aggravante.

Hitler est mort depuis quarante-six ans et ses disciples sont fort rares et relégués dans des zones nauséabondes et marginales du débat politique. Trotski est mort, lui aussi, assassiné d’un coup de pic à glace par un sbire de Staline (ce qui lui confère une aura de martyr) : ses disciples, par contre, sont bien moins rares que ceux de Hitler, et semblent si peu sentir le soufre et la charogne que l’une de celles qui aiment en France citer son nom comme on citerait celui d’un saint, Arlette Laguillier, est considérée par une forte minorité de Français comme un personnage attendrissant.

Il faut dire que Trotski fut un monstre totalitaire et fanatique de la pire espèce. Non seulement il fut, avec Lénine, et peut-être plus encore que Lénine, l’artisan du coup d’état qui devait, en octobre 1917, plonger la Russie dans soixante-dix ans de totalitarisme et dans l’élaboration de camps de concentration sur lesquels les nationaux-socialistes allemands allaient venir prendre des modèles dont ils feraient Auschwitz et Bergen Belsen, mais il fut le créateur de l’Armée rouge, le principal inspirateur de la Tcheka, ancêtre du KGB, de sinistre mémoire, le praticien de ce que Jacques Baynac, dans un livre de 1975, appela « la terreur sous Lénine », le grand exécuteur des très basses œuvres du régime bolchevik, lors de son installation, n’hésitant jamais sur le recours à la balle dans la nuque ou le massacre au couteau.

Trotski fut en outre le créateur de l’idée post-marxiste et très léniniste de « révolution permanente » et considéra jusqu’à la fin de sa sordide existence que le communisme devait non pas se réaliser seulement dans un pays où les communistes se seraient emparés du pouvoir et auraient pu assouvir leur haine, mais s’accomplir sur toute la planète, quel que soit le prix en destructions et en vies humaines broyées.

Il faut dire que, si un social-démocrate est déjà un ennemi de la démocratie, sans toujours s’en rendre compte lui-même, si un communiste est un ennemi avoué de la démocratie, un trotskiste, lui, veut détruire la démocratie à l’échelle planétaire. La seule dimension qui « sauve » Trotski aux yeux de son fan club d’estropiés du lobe temporal droit est qu’il a raté sa manœuvre et n’a pas su devenir un Staline frénétique à la place du Staline brutal et matois qui figure en bonne place dans la galerie des criminels contre l’humanité…

Trotski est un Hitler ou un Staline qui a joué et perdu. Cela ne le rend pas plus sympathique, et devrait inciter ceux qui en parlent à laisser son souvenir glisser vers la puanteur dans une quelconque décharge d’ordures. Que des fanatiques intégristes, aussi desséchés qu’Arlette Laguillier, soient trotskiste est une chose. Il y a en toute société libre des inadaptés sociaux et des handicapés mentaux, et il est clair qu’Arlette n’a pas toute sa tête et ne comprend pas qu’elle vit au vingt-et-unième siècle.
Que des hommes prétendant exercer les plus hautes fonctions soient encore trotskistes, l’aient été jusqu’à une date proche, et puissent déclarer le trotskisme « passionnant » sans perdre définitivement leur crédibilité, mène à s’inquiéter non seulement du niveau intellectuel, mais de la simple santé mentale de ce pays.

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