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L’exception chilienne
lundi 18 avril 2005
Bon, alors ? Merci Pinochet ? La question suscite un long silence, puis le sourire résigné d’Oscar Landerretche, un type qui connaît la chanson. « Eh bien oui, répond ce socialiste chilien, directeur des études économiques de la Fundacion Chile 21, la boîte à idées du PS local. On doit reconnaître, dit-il, le rôle central qu’a joué le gouvernement militaire dans la libéralisation du marché, la liberté des changes, l’ouverture du pays à la concurrence internationale. » Une pause, afin de mesurer son effet, puis le bémol de l’histoire, censé en changer le sens et le ton : « Remarquez cependant, reprend-il, que le véritable boom économique, la hausse remarquable des investissements, la croissance forte et soutenue, tout cela n’a vraiment eu lieu qu’à la fin des années 1980, une fois assurée la stabilité à long terme. Avec le retour de la démocratie. » Nous sommes à Santiago, au Chili, où les économistes sont tous un peu historiens, et où tout va bien, merci, dans une Amérique latine où rien ne va plus, cependant. Pourquoi pareille exception ? Pourquoi ici et nulle part ailleurs dans le sud de ce continent les habitants sont-ils plutôt prospères, les pauvres ne sont-ils pas miséreux, pourquoi les caisses de l’Etat et les coffres des banques sont-ils pleins ? Pourquoi, dans une région qui connaît de folles espérances et tant de désespoirs, des émeutes, des caudillos et des guérillas, des taudis, des bandits, tant de pauvres et quelques politiciens milliardaires, la vie semble-t-elle ici si tranquille, calme, voire un peu ennuyeuse, sans passion ni angoisse ? La seule inquiétude que l’on ressent au Chili est celle, au fond, qui saisit tout voyageur, pour peu qu’il soit plutôt démocrate, quand il finit par se demander si par hasard toute cette sage prospérité n’aurait pas pour origine les décisions prises au temps détestable (11 Septembre 1973-5 octobre 1988) d’un vieux dictateur, Augusto Pinochet, dont les idées libérales seraient restées cantonnées, sous son grand képi, dans les étroites limites de l’économique et du financier, alors qu’au-delà des barbelés la politique restait prisonnière.
« La classe politique a su éviter le désordre et la vendetta »
On se souvient des Chicago boys. Ce furent de jeunes économistes chiliens qui, vers la fin des années 1970, vénérèrent deux maîtres : Milton Friedman, professeur à l’université de Chicago - d’où le surnom donné à ces élèves zélés de l’hémisphère austral - et Sergio de Castro, doyen de l’Université catholique de Santiago, qui avait tissé des liens entre les deux institutions académiques. Ils furent les moines-soldats du néolibéralisme et, avant même que leurs idées séduisent Margaret Thatcher à Londres ou Ronald Reagan à Washington, ils s’étaient mis au service de Pinochet. Ils sont officiellement apparus sur la scène politique en décembre 1976, dans le sillage de celui qui venait d’être nommé ministre des Finances, leur maître de la Catolica, Sergio de Castro. Ils n’ont cessé ensuite de renforcer leur rôle et leur influence jusqu’à leur apogée quand l’un d’eux, Hernan Büchi, plus jeune et plus pragmatique que leur ancien professeur, prit à son tour, en février 1985, le portefeuille des Finances. Ils ont fait de leur pays le laboratoire de leur modèle jusqu’alors théorique, fondé sur l’élimination des contrôles des prix, l’ouverture commerciale à la concurrence internationale, le soutien aux exportations et, surtout, un processus radical de privatisations, incluant les services de santé et de retraites, et rendant au secteur concurrentiel les centaines d’entreprises qui avaient été nationalisées durant le gouvernement de Salvador Allende. La dictature, dans cette affaire, n’avait pas que des inconvénients : elle permit d’imposer des réformes, sans discussion ni compromis, à une société condamnée au silence et à la docilité. Et de même que la Constitution chilienne adoptée par référendum en septembre 1980, sous la dictature, fut écrite, selon le mot d’un sénateur socialiste, « à la pointe d’une baïonnette », de même le furent ces réformes libérales mises en place sous le règne de la terreur politique et sociale. Le big bang sous Big Brother. Déplaisant, certes, mais permettant néanmoins à l’action économique une réelle cohérence. « Jamais on n’a perdu le nord », résume, en évoquant cette époque, Hernan Sommerville, président de l’association des banques chiliennes.
Un axe stratégique
Malgré ces origines douteuses, malgré ce paradoxe terrible qui a fait que la liberté économique a été imposée sous la contrainte politique, ces réformes ont profondément transformé la société chilienne. « Elles ont changé radicalement les structures de la production du pays et ont permis le décollage économique, écrit l’historien et politologue Carlos Huneeus dans un livre remarquable, El Regimen de Pinochet (Editorial Sudamericana, 2001), qui fait désormais autorité sur la période du régime militaire. Les autres dictatures en Amérique latine ont échoué dans leurs gestions de l’économie, tandis que celle de Pinochet a établi les conditions de la croissance, et ses principales institutions ont continué à fonctionner sous la démocratie. Le changement de régime s’est caractérisé à la fois par une profonde modification des structures politiques et par la continuité du système économique, précisément parce que celui-ci était tout à fait efficace. » La transition à la démocratie « a été un processus très subtil, estime Sommerville. La classe politique a su éviter le désordre et la vendetta ».
Et c’est ainsi, grâce à ces mesures lointaines prises sous la botte du régime militaire mais préservées par de sages démocrates une fois vaincue la dictature, que tout va plutôt bien aujourd’hui. Le pays, qui avait sous Pinochet baissé unilatéralement ses tarifs douaniers, a continué à poursuivre sa politique d’ouverture. Il a signé depuis une décennie une série d’accords commerciaux bilatéraux (avec le Mexique, le Canada, l’Amérique centrale, l’Union européenne, la Corée du Sud et - en décembre 2002, en attendant ratification - les Etats-Unis). Ces traités constituent un axe stratégique pour cette nation dont les 15 millions d’habitants représentent un marché domestique trop étroit pour son ambition et ses entreprises. Le Chili est extraordinairement ouvert aux échanges. Ceux-ci représentaient, en 2001, 34,3 milliards de dollars, soit un peu plus de la moitié de son PIB (66,5 milliards de dollars). Il est le 4e exportateur de vin au monde, le 2e exportateur de saumons, après la Norvège, le 1er exportateur de fruits frais de l’hémisphère Sud, avant l’Australie et l’Afrique du Sud. Et ses futurs retraités n’ont pas de souci à se faire : les fonds de pension ont des avoirs évalués à 37 milliards de dollars, soit plus de la moitié du PIB.
Depuis 1998 et les secousses financières qui avaient affecté l’Asie, puis la Russie et l’Amérique latine, la croissance, qui durant toute une décennie avait dépassé 7% au Chili, s’est considérablement ralentie. Elle reste encore positive, autour de 2%, d’après les premières estimations de 2002. Performance modeste, certes, par rapport aux exploits du passé, mais néanmoins remarquable alors que tous les pays voisins restent englués dans les crises et la récession. Au-delà des Andes, l’Argentine espère chaque jour avoir enfin touché le fond du trou. Au nord-est, vers Brasilia, Lula, un ancien métallo devenu président, commence par le commencement : la faim et la misère. Plus au nord, dans les pays andins, au Pérou, en Bolivie, en Equateur, la démocratie semble être sur le fil du rasoir et les désillusions, qu’illustrent des émeutes récurrentes, sont immenses. La Colombie reste en guerre avec elle-même et le Venezuela démontre quotidiennement que le populisme et l’incompétence forment un cocktail ravageur pour une société démocratique. Au Chili, en revanche, rien à signaler, sinon des taux d’intérêt bas (2,96%) et une balance commerciale positive ( 225 millions de dollars en janvier), sans parler d’une inflation modeste (2,8%), d’une dette publique qui reste encore dans les limites du raisonnable (38 milliards de dollars), avec 16 milliards de réserves dans les coffres d’une banque centrale parfaitement indépendante du pouvoir politique. Lequel, pour l’heure, est apparemment contaminé, puisque, officiellement social-démocrate, il est néanmoins fondamentalement libéral. « En premier lieu, nous sommes un pays tourné vers le marché », affirmait ainsi haut et fort, dans un discours récent, le ministre de l’Economie et de l’Energie, Jorge Rodriguez Rossi.
Un Etat fort, à la fois autoritaire et protecteur de la libre entreprise
Donc, merci Pinochet, soit. Mais pas seulement. D’abord, le vieux putschiste, en arrivant au pouvoir, était, face aux questions économiques, comme une poule devant un couteau. « La vérité, c’est que le régime militaire, en matière économique, n’avait aucune idée », remarque François Edant, un banquier français qui vit depuis de longues années au Chili et travaille au Banco del Desarrollo. Sergio de Castro fournira une doctrine, sur un plateau, aux putschistes et ainsi leur sauvera la mise. Pour cet universitaire conservateur, le désastre de l’économie chilienne ne datait pas des années Allende, certes financièrement calamiteuses, mais remontait en fait à 1938, quand le Léon Blum chilien, Pedro Aguirres Cerda, un radical qui fait alliance avec les socialistes et obtient le soutien du Parti communiste, met fin à des années d’économie libérale et applique pour la première fois ici des recettes keynésiennes. Avec lui s’ouvre l’ère du capitalisme d’Etat. Le gouvernement non seulement régule et investit, mais il devient aussi entrepreneur, à travers notamment la Corfo, la Corporacion de Fomento de la Produccion, son bras armé dans l’économie. C’est à cela que mettent un terme les Chicago boys. Mais ils opèrent au Chili, un pays dont l’histoire a été fortement marquée par le conformisme social et l’autoritarisme politique, et qui n’a jamais complètement abandonné le concept d’un Etat fort et interventionniste. On en trouve les racines dans ce que l’on appelle encore aujourd’hui, avec une certaine révérence, le portalismo, en référence au pouvoir d’un homme d’affaires de Valparaiso devenu dictateur civil au début du XIXe siècle, Diego Portales, fondateur de la pensée républicaine et laïque chilienne. L’historien Alfredo Jocelyn-Holt lui a consacré un essai récent intitulé El Peso de la noche (Le poids de la nuit, éd. Planeta/Ariel). Cette tradition suppose l’existence d’un Etat fort, à la fois autoritaire et protecteur de la libre entreprise. Cette alliance de l’autorité politique et de l’aristocratie des affaires est, selon Portales, la garantie de l’ordre et de la tranquillité sociale. Sa pensée, au Chili, où dominent toujours le strict respect de la légalité, les principes d’ordre, de verticalité du commandement, de consensus social, n’a pas pris une ride. Ces principes n’ont jamais été totalement étrangers à la dictature. Ils restent prévalents sous la démocratie.
L’exception chilienne, si elle est incontestable, n’est donc pas seulement le résultat de politiques néolibérales vieilles d’un quart de siècle ni même d’un zèle particulier de la part des nouveaux gouvernants de Santiago à suivre aujourd’hui les recettes du « consensus de Washington », qui exige rigueur budgétaire, privatisations et ouverture des frontières. Elle réside aussi dans un subtil encadrement réglementaire qui modère et canalise le libéralisme de l’économie, corrige ses excès et prévient ses dérives éventuelles. Lors d’une visite en septembre 2002 au Chili, Joseph Stiglitz, le prix Nobel d’économie 2001, critique écouté des carences de la mondialisation, a identifié plusieurs facteurs qui expliquent, selon lui, l’exception chilienne. Le premier n’est pas l’ouverture des frontières, mais la sage gestion de celle-ci, et notamment le « péage » imposé aux « capitaux hirondelles », ces fonds spéculatifs qui s’en vont aussi vite qu’ils sont venus, et qui sont soumis au Chili à un lourd impôt s’ils ne restent pas investis au moins un an dans le pays. Cette mesure, selon l’économiste américain, a permis d’éviter les effets déstabilisateurs de la fuite de capitaux volatils, dont l’Argentine, notamment, a été une victime récente. Deuxième facteur, qui va à l’encontre de l’idée reçue d’une privatisation générale de l’économie chilienne : le maintien d’un secteur public d’un niveau raisonnable. Stiglitz cite notamment des entités publiques telles que la Codelco, la Corporation nationale du cuivre, qui permettent à l’Etat de conserver des sources de revenus et des outils d’intervention économique. Troisième élément : la mise en place progressive d’un filet de sécurité sociale, qui a joué son rôle dans la réduction du nombre de pauvres, estimée de 5 à 2 millions de personnes au cours des années 1990. Dernier élément, enfin : le maintien d’un niveau d’endettement raisonnable. Ce qu’a fait le Chili, selon le prix Nobel. Bref, avec son analyse, nous sommes loin, apparemment, des Chicago boys. Mais ces derniers n’ont jamais abandonné, eux non plus, l’ambition d’une régulation. Chaque fois qu’une concession était octroyée au secteur privé, souligne ainsi Edant, une « superintendance » chargée de son contrôle était aussitôt créée. Ce fut le cas pour les secteurs de l’énergie et de l’électricité, du téléphone, des banques, de la santé, des routes et des transports, et, bien sûr, des fameux fonds de pension chiliens, soumis à des règles strictes de concurrence et de prudence en matière d’investissements. Le résultat est un Etat plutôt efficace, contrôlant des services modernisés dans le cadre, assez singulier en Amérique latine, d’un système réglementaire respecté.
Peu de corruption
L’une des causes des succès chiliens souvent mentionnée serait l’absence, remarquable, de corruption dans ce pays. C’est ce que soulignait notamment, dans un article publié dans le quotidien espagnol El Pais en juillet 2002, l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa. Il citait le Chili comme l’exemple à suivre alors qu’ailleurs, « derrière le rideau de fumée de la modernité », les politiques et les entrepreneurs mafieux s’entendaient pour « s’enrichir à l’ombre des réformes ». La presse locale, pourtant, fait, depuis la fin de l’année dernière, ses gros titres sur deux affaires - el caso Coimas et el caso Gate - qui provoquent un véritable séisme politique à Santiago dans les rangs de la Concertation, la coalition de centre gauche au pouvoir sous la présidence du socialiste Ricardo Lagos. L’affaire Coimas (une coima, en argot chilien, est un pot-de-vin) a démarré avec une fraude assez banale commise par une entreprise de contrôle technique d’automobiles, qui versait à des agents du ministère des Transports de l’argent ayant servi, selon les enquêteurs, à financer certaines campagnes électorales. L’affaire Gate (du nom d’une entreprise de conseil créée par un ancien fonctionnaire), elle, est une histoire assez classique de fausses factures dissimulant également des financements électoraux. Dans les deux cas, des responsables du PS sont compromis, et plusieurs députés ont vu lever leur immunité parlementaire. Ces deux scandales ont l’attrait de l’inédit et de l’exceptionnel, et ils passionnent l’opinion, qui soudain s’interroge sur l’honnêteté de ses dirigeants dans un pays considéré jusqu’à présent comme épargné par ce genre de comportement. « De fait, la corruption est au Chili d’assez faible intensité, estime un diplomate, d’autant que les contrats publics sont rares. Ici, dit-il, c’est un Etat de droit. »
Sans doute l’exception chilienne n’est-elle pas étrangère, non plus, à quelques traits de caractère propres au peuple de ce pays, 15 millions de personnes qui sont autant d’insulaires, dans cette bande de terre souvent qualifiée d’« île continentale », à l’horizon borné de montagnes, une longue langue de terre coincée entre les Andes et le Pacifique sud. « Ici, dit un journaliste local, on a la cordillère dans la tête. » Fils du métissage d’immigrants basques, croates, palestiniens, venus à dos de mulet à travers les Andes et les déserts, sans espoir de retour, et d’Indiens Mapuches - de farouches combattants - les Chiliens sont généralement sérieux, industrieux et travailleurs. Et terriblement conservateurs. Depuis le 1er janvier dernier seulement, la censure cinématographique est abolie, et ils peuvent enfin voir, quoi qu’en pense le très influent Opus Dei, Le Dernier Tango à Paris ou l’inoffensif et hilarant film de Woody Allen Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe... Ils peuvent enfin divorcer, depuis peu de temps et sans trop de difficulté, mais l’avortement reste interdit. Les plus vieux, parfois, expriment encore quelques nostalgies du temps du régime militaire, tel Butsabe Barrios, fabricant de chapeaux de paille, rencontré au marché de Talca, une petite ville à trois heures de route au sud de Santiago, qui évoque avec un doux sourire le temps de Pinochet : « Il y avait plus d’ordre et de discipline, alors. » Victor Manuel Figueroa Janes a ouvert un petit restaurant dans la périphérie de cette ville, après avoir pris sa retraite. Il était le gérant d’un fonds de pension, responsable de la deuxième région. Il ne tarit pas d’éloges sur ce système d’assurance-retraite qui lui a permis d’ouvrir son établissement et qui fut, dit-il, la « gloire du régime Pinochet ». « Les militaires n’étaient peut-être pas des as, ajoute-t-il, mais ils ont au moins eu une bonne idée, celle d’accepter cette réforme. » Quant aux plus jeunes, ils trouvent souvent que rien n’a vraiment changé, telle cette jeune étudiante en œnologie, Carolina Imbert-Jimenez, qui prend des cours du soir et vend, dans la journée, du vin dans une grande surface. « Ce pays, dit-elle, est très stable et très traditionaliste. » Elle ne s’en plaint pas vraiment. « Nous sommes bien meilleurs que les Argentins », dit-elle avec un sourire.
Si le « Chili profond » existe, dans un pays aussi long (4 200 km) et étroit (de 60 à 300 km de largeur), il ressemble à Talca. Dans cette ville de 180 000 habitants, qu’enserre un paysage de vignes et de vergers, les plus pauvres vivent modestement, et les plus riches dans la discrétion. Les premiers s’installent dans de nouveaux quartiers de maisonnettes sans charme, tel celui de Las Americas. Patricio Casanueva, un gendarme, père de trois enfants, a fait un emprunt de près de 7 000 euros sur vingt ans pour loger sa famille. Rodrigo Gonzalez fait du porte-à-porte dans les rues du quartier pour vendre aux nouveaux propriétaires la télévision par câble et une connexion Internet à haut débit. « Ce n’est pas facile, dit-il. Ces gens sont pauvres. » Il rit et ajoute : « Et du coup moi aussi ! » Paulo Russo, lui, est devenu riche en dix ans de labeur. Son entreprise organise noces et banquets dans toute la région, et il lui arrive d’honorer des commandes jusqu’à Santiago, et même à Puerto Montt, dans le sud du Chili. « Ici, dit-il, c’est un bon pays pour qui est créatif et veut travailler. »
La contestation est feutrée (« neo-liberalismo = esclavitud », affirme un graffiti sur un mur du centre-ville), mais l’inquiétude existe que la récession mondiale mette un jour fin à l’exception chilienne. « Au cours de notre histoire, nous déclarait Jocelyn-Holt, jamais le Chili n’a échappé au destin général de l’Amérique latine. Je ne vois pas pourquoi nous y échapperions aujourd’hui. Je crains que tôt ou tard les difficultés de nos voisins ne finissent par nous atteindre. »