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Non, la droite Française n’est pas libérale !

dimanche 18 avril 2004

La politique suivie par le gouvernement actuel n’a pas grand chose de libéral, pas plus que ne l’étaient les équipes qui ont conduit la pays de 1993 à 1997, où même de 1974 à 1981. Même les timides réformes plus ou moins libérales de 1986 à 1988 ne suffisent pas à caractériser l’action de la droite démocratique Française comme "libérale", et encore moins comme "ultra libérale".

Notez que je ne perdrai pas de temps dans cette note à évoquer la droite non démocratique et nationaliste (FN, MNR), qui ne diffère des marxistes que sur des questions qui tiennent plus du marketing politique que de la divergence de fond, et ce bien que des adversaires du libéralisme tentent parfois de façon honteuse d’amalgamer le libéralisme avec les thèses liberticides tenues par ces formations. Rappelons que les Nazis se définissaient eux-mêmes comme nationaux-socialistes, et que ces idéologies se caractérisent toutes par le poids démesuré de l’état et de son appareil répressif, aux antipodes du libéralisme donc.

En fait, une analyse rapide des politiques conduites par ces gouvernements conduit à penser que la différence entre la gauche et la droite est ténue. En effet, dans les deux cas, ces politiques se caractérisent par une intervention forte de l’état non seulement dans le secteur économique, avec les résultats désastreux que l’on observe depuis 1973, mais aussi dans la réglementation des comportements individuels et la répression de ceux qui s’écartent de la norme bien pensante.

Economie : un état poids lourd

En matière économique, la droite française, tout comme la gauche, est fortement interventionniste. La seule différence avec la gauche est constituée de timides inflexions dans la répartition des bénéficiaires des largesses de l’état. Les clients changent, la méthode reste.

Ainsi, la gauche privilégiera plutôt un affichage fort en matière de dépenses d’assistanat social, dépenses ayant pour but réel non pas d’aider les personnes en difficulté mais de les maintenir en situation de faiblesse pour éviter qu’une élévation générale trop importante du niveau de vie ne bénéficie plutôt électoralement à la droite. La droite, lorsqu’elle revient au pouvoir, tente de réduire à la marge ces dépenses d’assistance au profit d’autres dépenses de « soutien à l’économie » : dispositifs fiscaux spéciaux en faveur de certains secteurs, plans d’aide aux lobbys influents (du jeu vidéo à la presse), exonérations de charge que les contribuables non aidés devront payer par une augmentation des taux d’imposition de base, etc… La droite tente en général de réduire (faiblement) les taux marginaux d’imposition sur les plus productifs (de 56%+CSG à 49%+CSG, on est loin de la flat tax mise en œuvre dans les ex pays de l’est…), mais, incapable qu’elle est de réduire la dépense publique, elle augmente parallèlement d’autres taxes indirectes, ce qui réduit à néant les effets des baisses précédemment concédées.

La droite, comme la gauche, est incapable d’envisager de faire réaliser des économies à l’état en laissant le produit de ces économies dans la poche du contribuable. Pourtant, nombreux sont les services administratifs qui ont été mis au régime sec. Mais les gouvernements successifs (avec la complicité d’élus locaux de plus en plus dépensiers) trouvent toujours de nouveaux prétextes à la dépense publique (emplois jeunes, aide aux 35 heures, prestation autonomie, etc…), qui ainsi oscille depuis 15 ans autour de 50% du PIB, alors que la pression fiscale stagne autour de 45%.

La droite est incapable de remettre en cause les choix les plus dogmatiques de la gauche qui l’a précédée, par peur de certaines forces syndicales, para-syndicales et médiatico-culturelles pourtant très minoritaires et absolument pas représentatives de l’ensemble de la population, mais bruyantes, influentes, voire violentes.

Ainsi, la droite n’a jamais remis en cause ni le SMIC (qu’elle a institué) ni son indexation sur l’indice des prix, malgré les effets désastreux et reconnus de cette disposition sur l’emploi des moins qualifiés et des immigrés de fraîche date. Elle tremble de peur à l’idée de supprimer l’ISF, pourtant l’impôt le plus contre productif qui soit, rapportant peu et favorisant une émigration sans précédent de capitaux et de personnes à haut potentiel. Elle refuse de toucher à la folie des 35 heures, que notre côté hédoniste apprécie certes, mais au prix d’une dégradation sans précédent de notre compétitivité, qui favorise les délocalisations tout en faisant fuir les investisseurs. Elle annonce régulièrement des baisses microscopiques d’effectifs dans la fonction publique, pour mieux reculer à la première rodomontade syndicale. Elle met tout en œuvre, au niveau européen, tout comme la gauche, pour freiner l’inévitable abandon des subventions à l’agriculture, dont on connaît pourtant la nocivité (lien), la mise en concurrence pourtant salutaire de certains services publics, elle ne remet pas en cause l’effroyable machine à détruire des emplois qu’est devenu notre code du travail (cf. le magazine « capital » de novembre 2003), elle continue de creuser les déficits publics, amenant la dette nationale à des niveaux incroyablement élevés (17.000 Euros par français !), au point que le seul remboursement des intérêts la dette constitue le 3ème poste de dépense au budget de l’état. La droite ne remet pas en cause le principe de gabegie qui préside aux subventions vers les associations, et se permet de financer avec notre argent des mouvements d’extrême gauche dont le but clairement affiché est de détruire notre société et ses valeurs. Elle veut introduire au plus haut niveau de la constitution des "droits à" induisant une "obligation de" financer les minorités parasitaires par une majorité active de plus en plus rétrécie, faux droits dénoncés par tous les économistes libéraux comme la pire des "fausses bonnes idées" économiques et sociales.

Lorsque la droite s’attaque au problème des retraites, elle se contente d’un ajustement des paramètres du système mais ne s’attaque pas à ses vices structurels (lien), et ne résout qu’un tiers du déficit prévisible en 2020, ce qui annonce de futures réformes accompagnées de périodes de grève.

Au plan international, notre président, de droite donc, à ce qu’il parait, plaide en faveur de la taxe Tobin, dont la revendication est née au sein de groupuscules trotskistes.

Bref, au plan économique, la droite française est tout aussi interventionniste que la gauche et fait montre, face aux réformes nécessaires, d’une lâcheté qui n’est pas sans décevoir un nombre croissant de ses électeurs. Très peu de traces de libéralisme sont décelables dans son action.

La droite démocratique Française est-elle plus libérale dans ses choix liés à la vie quotidienne ?

Vie quotidienne : l’état veille sur vous

Hélas, elle se montre aussi liberticide que la gauche. Celle ci avait renoncé à imposer des réglementations liberticides sur l’internet en 2001, la « loi sur la confiance (!!) dans l’économie numérique » comporte plusieurs articles visant à réintroduire de telles dispositions (lien). Au motif de soutenir l’industrie du disque (quand je vous disais que ce n’était qu’une question de clientèle !), elle veut s’attaquer à la protection de la vie privée de l’ensemble des citoyens. Bientôt, avec la bénédiction de l’immense majorité de l’intelligentsia bo-bo qui tient notre microcosme médiatique, elle va interdire l’expression de l’appartenance religieuse à l’école. Son aile la plus réactionnaire veut créer un délit « d’interruption involontaire de grossesse » là où elle n’a pas réussi à en empêcher l’interruption volontaire.

La droite refuse de faire appliquer la loi protégeant la propriété privée en libérant un terroriste repris de justice qui confond syndicalisme et destruction des biens d’autrui. Elle ne remet pas en cause la carte scolaire ni l’hypercentralisme de l’éducation nationale, et prend dans les poches du contribuable pour renflouer France Télécom que des énarques inconséquents ont mené au fond du trou.

Elle fait bloc, comme la gauche, autour de ses politiciens les moins déontologiquement présentables au lieu de faire le ménage dans ses écuries. Elle gesticule oralement mais capitule dans les faits face à l’explosion d’antisémitisme qui submerge la France, au risque de compromettre gravement l’image du pays dans le monde. Elle soutien la charte de l’environnement, texte dégoulinant de bonnes intentions apparentes mais qui porte en germe la destruction lente de notre capacité à entreprendre et à nous développer.

Jamais ce gouvernement, comme ceux qui l’ont précédé, ne semble capable d’imaginer que les citoyens puissent organiser des pans entiers de leur existence sans qu’ils aient besoin de l’état.

La diplomatie Française ne change pas de cap avec l’alternance, se complaisant dans les relations aux motivations douteuses avec les pires dictatures, et s’obstinant à se dresser "contre" l’Amérique en toute occasion, comme si les valeurs de cette Amérique là étaient plus éloignées des nôtres que celles d’un Saddam, d’un Hu Jintao, d’un Ali Khamenei ou d’un Arafat.

Non, tant sur les questions de société qu’en matière économique, la droite démocratique française, aujourd’hui représentée par l’UMP et l’UDF, n’est pas libérale.

Recherche politiciens libéraux, désespérément

Le seul parti à avoir défendu le libéralisme dans un passé récent est Démocratie Libérale, encore que l’on puisse se poser la question de la réalité de l’engagement libéral de certains de ses cadres, comme Jean Pierre Raffarin ou Tokia Saïfi, dont l’action récente au gouvernement n’a guère de choses en commun avec le libéralisme.

Mais les difficultés financières de DL ont conduit à son absorption par l’UMP, formation de longue tradition jacobine, étatiste, et à l’éthique financière qui a beaucoup fait parler d’elle dans les rubriques des fait-divers de nos gazettes, tout comme le PS. L’UMP a récemment refusé que se crée en son sein des courants de sensibilité différente où le libéralisme aurait peut-être pu trouver une place. Alain Madelin, seul homme politique de notoriété nationale à n’avoir pas mangé son chapeau libéral pour aller à la soupe (il démissionna du gouvernement Juppé au bout de quelques semaines en 1995 pour ne pas cautionner des augmentations d’impôts), paraît très isolé au sein de cette formation dont la colonne vertébrale semble constituée de gens sans réelles idées, sans projet autre que celui de durer via un pilotage à courte vue des leviers de commande du pays.

Non, cette droite là n’est pas libérale, pas plus que la politique qu’elle applique. La droite française est, comme la gauche, étatiste et clientéliste, seule la clientèle diffère. La gauche cherche à s’attirer les faveurs des classes moyennes et des fonctionnaires, la droite vise les CSP+, les indépendants et les petits entrepreneurs. Ces calculs politiciens sont en train de faire long feu, comme on risque de s’en apercevoir lors des prochaines échéances électorales. Maintenant moins que jamais, les résultats désastreux de cette démagogie à tous crin ne peuvent être cachés aux Français.

On ne peut que regretter qu’à l’occasion de ces élections, aucune alternative libérale crédible ne soit opposée à l’UMP et l’UDF, ce qui conduira les votes de déception et de contestation à se reporter soit dans une abstention jamais féconde, soit vers des extrêmes dont les scores risquent de surprendre désagréablement tous les défenseurs des libertés individuelles.

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