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Vrai ou faux service minimum
dimanche 18 avril 2004
C’est pourtant Jacques Chirac qui, en début d’année, avait promis la mise en place d’un service garanti dans les transports publics dès le premier semestre de 2004.
Le retard pris ne fait qu’accentuer le doute et l’exaspération des usagers du train qui ne voient pas pourquoi ils devraient toujours être les otages des grèves.
Ce qu’ils peuvent désormais espérer, c’est que les recommandations remises aujourd’hui au ministre des Transports ne restent pas à l’état de simple mode d’emploi ou de méthode de travail. Car, pour intéressantes qu’elles soient, et si elles ne trouvent pas un relais politique déterminé, les différentes pistes proposées par ce rapport resteront directement suspendues à un changement radical du fonctionnement du dialogue social à l’intérieur de la SNCF. Ce qui revient à faire preuve de beaucoup d’optimisme. Ou du souci d’éviter de poser la vraie question qui fâche, celle de se décider à encadrer le recours à la grève.
Avant d’en arriver là, les rapporteurs s’en remettent à la capacité des directions des entreprises de négocier avec les syndicats des accords dans un délai imparti. Des termes de ces négociations dépendra l’émergence en France d’un vrai service minimum. Or, il ne faut pas s’y tromper. Se contenter, comme l’exigent déjà les syndicats, de définir un simple dispositif de prévention des conflits sociaux, comme il en existe à la RATP, ne saurait correspondre à l’objectif d’instaurer un véritable système de service garanti. Cela ne mettrait en rien les usagers à l’abri de blocages intempestifs des trains.
Obtenir en revanche un accord sur la liste des services essentiels à rendre impérativement aux utilisateurs des transports serait beaucoup plus efficace. Toute la question est de savoir, sur cette échelle de solutions, jusqu’où le curseur sera poussé. Ce qui revient à choisir, en évitant tout mauvais jeu de mots, entre assurer le service minimum de la réforme ou la porter jusqu’au bout. Pour l’heure, les tentatives de Gilles de Robien d’impulser le mouvement à la SNCF sont restées lettre morte. Certes, la géographie syndicale de l’entreprise, où la CGT est confrontée au risque de se voir débordée par sa base, ne rend pas le déblocage évident. Le précédent EDF doit pourtant faire réfléchir. Il n’y a plus de temps à perdre.