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La réaction anti-OGM...
mardi 19 avril 2005
Ce rapport, rédigé par une vingtaine d’experts français, disqualifie donc la dominicale réaction anti-OGM, s’auto proclamant « légitime » pour diverses et fallacieuses raisons. Ce coup de force -auquel ont participé à la fois et le mouvement des « faucheurs volontaires », fondé par Bové en 2003 au Larzac, et les Verts, et Attac, et la Confédération paysanne ainsi que nombre d’associations et de militants écologistes- semble donc tout autant illégal qu’illégitime. Cette affligeante réaction, tant conservatrice, passéiste qu’obscurantiste, est illégale car elle constitue une atteinte manifeste au droit de la propriété. Elle est, en dépit de ce que claironnent ces exaltés anti-OGM, illégitime puisqu’elle réduit à néant des années de recherche scientifique, car se mêle à cette « croisade » une désinformation patente et parce qu’elle fait, à l’évidence, obstacle aussi bien à la modernité qu’au progrès.
Onesta, député vert au Parlement Européen, parle de « devoir » car il serait « citoyen représentatif de près de 80% de la population européenne qui ne fait pas confiance aux OGM ». Cette justification est non seulement fantaisiste mais aussi indigne d’un député européen.
Premièrement, au vu de ce rapport, lui et ses amis « faucheurs » ont manipulé cette « population européenne », dont il se fait si fièrement le chantre. Leur désinformation s’est substituée à l’information. Au lieu d’œuvrer à l’ouverture d’un débat honnête, les craintes populaires sont attisées et, visiblement, instrumentalisées à des fins électoralistes et idéologiques. Les OGM ont été sujets à une ample récupération politique. Cette « croisade » contre les OGM, dont la nocivité est récusée, n’est, en définitive, qu’un alibi au défoulement de ces soixante-huitards attardés, de ces révolutionnaires en panne de révolution.
D’autre part, Onesta fait, en quelque sorte, de la force du nombre une valeur suprême, un principe sacro-saint. Ce qu’il oublie c’est que la majorité, aussi importante soit-elle, n’a pas le droit de dicter sa loi au mépris des minorités éventuelles. Si la suprématie de la volonté générale sur toute volonté particulière doit s’imposer, elle n’est certainement pas illimitée. Ces quelques propos en disent beaucoup sur les principes de philosophie politique auxquels adhèrent ces « faucheurs ». Ils perçoivent la démocratie moins comme un moyen que comme une fin. Tout devrait s’effacer devant la volonté générale. Or, il s’agit d’une grave erreur. Onesta confond, en effet, le pouvoir du peuple et sa liberté ; comme si ceux deux éléments allaient nécessairement de pair. L’Histoire de l’humanité suffit à démontrer que cette idée est erronée. Il se fait donc –volontairement ou pas- l’auxiliaire potentiel du despotisme, de la « tyrannie de la majorité ». En consacrant la loi du plus nombreux, et de facto celle du plus fort, Onesta affiche son mépris à l’égard des règles de la démocratie libérale, qui fixent des bornes, justes et nécessaires, au pouvoir. D’ailleurs ce fauchage ne représente-t-il pas une incontestable violation du droit de propriété ? Onesta consacre, a priori, la prééminence des politiquement forts sur les politiquement faibles. Très contestables, les arguments qu’il avance ne sauraient prévaloir.
Il est vraiment temps que la responsabilité ainsi que la liberté de l’information triomphent de cette non seulement dangereuse, mais également inquiétante et stérile démagogie, à laquelle se mêlent attitudes soixante-huitardes rétrogrades et ringardes, terrorisme intellectuel et violences.