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Suppression du lundi de Pentecôte férié et solidarités

vendredi 22 avril 2005

La suppression par le gouvernement du lundi de Pentecôte férié est un impôt. C’ est donc à juste titre que les libéraux s’ y sont opposés vigoureusement. Il s’ agit en effet d’ instaurer un travail non rémunéré – assimilable à la corvée moyenâgeuse – contraire au principe libéral de propriété privée. Les libéraux reconnaissent à chaque homme un droit naturel et inaliénable de propriété sur son propre corps. Il en découle la propriété de chaque individu sur sa force de travail et sur sa production. Il doit être libre de consommer, de donner, ou d’ échanger (par un contrat libre et volontaire) cette dernière. Pour les libéraux, l’ Etat ne doit en aucun cas s’ approprier cette production. Une telle appropriation serait non seulement arbitraire (la redistribution qui s’ ensuit se fait en fonction des intérêts à court terme des hommes de l’ Etat) mais aussi illégitime, car contraire aux droits naturels de l’ Homme. L’ appropriation publique des ressources est néanmoins à la base des idéologies marxistes, communistes ou socialistes. Elle est aussi le fondement théorique de la suppression du lundi de Pentecôte férié.

Notre propos ici n’ est pas de disserter sur les méfaits de l’ appropriation publique des ressources – un article n’ y suffirait certainement pas – mais d’ analyser brièvement l’ accueil qui a été réservé à une telle mesure. Selon les sondages, une écrasante majorité des français – environ 70% – seraient opposés à la suppression de ce jour férié. On voit clairement ici les limites de la « solidarité nationale » (nom communément employé pour désigner ce qui n’ est en réalité que de la solidarité forcée). Il est par ailleurs heureux d’ entendre nombre de Français déclarer avec fierté : « Je n’ irai pas travailler le lundi de Pentecôte, mais je rendrai visite à mes parents qui sont en maison de retraite à 200 km. Ma solidarité avec les personnes âgées, c’ est celle là. ». On retrouve là une opposition centenaire entre deux conceptions de la solidarité :

D’ un coté la conception collectiviste de la solidarité. Il s’ agit de prélever à leurs propriétaires légitimes des richesses qu’ ils ont produites pour les redistribuer à d’ autres groupes ou individus qui n’ ont aucun droit de propriété sur ces richesses. On pourrait croire que ce type de redistribution s’ opère nécessairement des plus riches vers les plus défavorisés. C’ est parfois le contraire qui se produit (On pourra sur ce point se reporter à David Friedman « Vers une société sans Etat » dans le chapitre « Robin des Bois est un vendu »). Il est opportun de remarquer qu’ un tel type de solidarité forcée décourage considérablement la création de richesses et par conséquent la création d’ emplois. Mais ce qui est d’ autant plus regrettable, c’ est l’ utilisation qui est faite du mot « solidarité » pour désigner un versement d’ argent qui est réalisé sous la contrainte (Un individu qui refuserait de participer à cette « solidarité » se verrait en effet imposer de lourdes sanctions par le fisc). Peut-on dès lors parler de solidarité pour désigner un acte effectué sous la contrainte ? Il ne me semble pas. C’ est pourtant le terme constamment utilisé par les hommes de l’ Etat pour justifier le bien-fondé du système – et ce à tel point que l’ on qualifie d’ « égoïstes » ceux qui tentent de remettre en cause ce système. C’ est de cette confusion sémantique qu’ est née l’ opposition couramment faite – et à tort – entre « libéral » et « social ».

De l’ autre côté la conception libérale de la solidarité. Celle-ci est considérée non pas comme une obligation passible de sanction, mais comme un acte libre et volontaire entre individus responsables. Certains me rétorqueront que l’ individu est par nature égoïste et qu’ un tel système serait donc lui aussi égoïste. Dire cela, c’ est être d’ une extrême mauvaise foi. On connaît en effet les échecs des systèmes étatistes de répartition (chômage au dessus de 10 %, nombre de bénéficiaires des minimas sociaux en hausse,…). Continuer à prôner de telles choses relève de l’ acharnement. En revanche, il y a de rares occasions où une place est faite à la solidarité privée – seule vraie solidarité. On peut par exemple citer le cas récent du tsunami qui a dévasté une large partie de l’ Asie du Sud-Est. Les dons privés ont été tellement importants que Médecins sans Frontières reverse désormais une partie d’ entre eux aux donateurs. (Dans le domaine humanitaire, la gestion par l’ Etat est toute aussi calamiteuse : on pourra par exemple comparer les montants promis et les sommes versées par les Etats suite au tremblement de terre à Bam en Iran il y a quelques années). Mais cet engouement des individus pour les dons privés n’ est pas seulement l’ apanage de l’ aide humanitaire. En 2002, chaque Américain a par exemple donné en moyenne 953 $ pour des opérations de charité. Et ces sommes pourraient encore augmenter si des avantages fiscaux plus conséquents étaient concédés ! Voici donc exposée brièvement la conception libérale de la solidarité. Elle consiste à reconnaître que chaque individu préfère donner de l’ argent pour aider un proche ou les défavorisés de son choix, plutôt que de confier ce même argent à l’ Etat, agissant le plus souvent en fonction des intérêts à court terme (les prochaines élections) des hommes de l’ Etat. On reconnaît ici la base de le pensée libérale : le respect de l’ individu en tant qu’ Homme ainsi que de ses droits fondamentaux.

La suppression du lundi de Pentecôte férié est donc éminemment collectiviste et repose sur la logique qui est celle de la France depuis des décennies : la promotion de la solidarité forcée (couramment appelée pompeusement « solidarité nationale » ) au détriment de la solidarité individuelle et privée. On doit aussi y voir une conception erronée de l’ Homme par les hommes de l’ Etat : la principale caractéristique de l’ Homme n’ est pas l’ égoïsme (si tel était le cas, il n’ existerait aucune société et le libre échange n’ aurait jamais vu le jour). L’ Homme se caractérise par des droits individuels naturels et inaliénables que nul – y compris l’ Etat – ne peut violer.


- Illustration sous licence Creative Commons : Lazy ! (#93/365)

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