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Des machos aux « métro-sexuels »

mardi 22 avril 2008

Perte de désir, tout d’abord. En féminisant l’homme, le couple nouvellement formé perd de l’Autre, du différent, de l’incomplet, donc du manque, racine du désir. Symbole de ce désir amoureux, Eros est effectivement le fils de Pénia, mendiante, et de Poros, dieu des ressources. Ce mythe met en évidence la nature contradictoire d’Eros : richesse et vide, grandeur et misère. Si nous voulons goûter à l’intense plénitude du désir, il nous faut en accepter sa condition nécessaire : la frustrante dissemblance de l’Autre.

Deuxième conséquence de cette féminisation des hommes, le déficit de loi. Il est trop manifeste chez nos enfants de plus en plus violents. Cette défaillance prend naissance au sein des familles avec des pères contraints de se materniser, comme le lait du même nom – et, comme lui, « stérilisé »... Pourtant, comme un point dans un espace géométrique, tout humain se définit par une abscisse et une ordonnée : une identité sexuelle et une lignée familiale, offerts par deux êtres différents, une mère et un père. Or les pères maternisés sont ainsi destitués de leurs quatre fonctions primordiales : un rôle identificatoire pour leurs fils, un objet à séduire pour leurs filles, un personnage biologique objet du désir de la mère, enfin et surtout une mission symbolique de représentant de la loi.

La société maternante, troisième risque lié au « fémininement correct », se caractérise par un Etat abandonnant peu à peu sa fonction princeps, diriger, pour se focaliser en priorité sur la proximité, l’urgence et la providence. Etat, par exemple, répondant immédiatement à nos demandes, quitte à devoir se déjuger par la suite, et substituant au « non » paternel, le « oui, mais... » de la maman. La démocratie ne dérive-t-elle pas ainsi vers une gesticulation d’allure populiste ? Mais pour dire « non », pour poser la loi, c’est-à-dire oser faire barrage aux torrents des pulsions non citoyennes, un homme politique doit consentir à ne pas être aimé. Ce qu’une mère récuse, ce qu’un père se doit d’accepter... par devoir.

Au sein des entreprises, cette injonction féminisante sévit aussi. Même s’il y a du bon dans ces valeurs se recentrant – enfin ! – sur l’humain, pourquoi en oublier pour autant la nécessité de poser par moments des actes énergiques ? Prenons deux exemples. Il n’est plus demandé à un patron de « décider » mais d’« arbitrer ». L’arbitre, du latin arbitror, est le témoin du jeu. Position certes plus maternelle que celle du décideur, qui a, quant à lui, la même étymologie que ciseaux ! De son côté, un chef de projet n’est plus « responsable » de la mission mais « pilote ». Il ne « répond donc plus devant la loi », comme le voudrait respondere, mais sert de « gouvernail », origine grecque de « pilote » ! Ainsi, même l’étymologie nous convoque au... bon sens.

Le bon sens serait donc que nous, femmes, renoncions à cette envie acharnée de « même-itude », confondant la saine revendication d’une égalité entre les sexes avec une vaine détermination, parfois aveugle, de similitude. Oui, un homme et une femme sont égaux. Non, un homme et une femme ne sont pas semblables. Aussi, entre viragos ou soumises, machos ou métro-sexuels, si nous choisissions enfin la voie du milieu, celle du bon sens : femme et homme, tout simplement ? Pas si simple, pourtant ! Cette voie est celle qui demande le plus de courage personnel, ce salut-là ne pouvant être collectif. Courage pour que chacune et chacun se réconcilient avec son identité sexuée, en fuyant la facilité d’accuser ou de transformer l’autre.

Que ferions-nous, nous fem mes, si les hom mes nous sommaient d’exprimer notre « part masculine » ? Courage alors et ensuite pour placer le débat au niveau qui convient : entre adultes des deux sexes, réconciliés avec eux-mêmes, donc respectueux, curieux et désireux de l’Autre. Débat créatif, enfin, pour que les nombreuses paroles masculines magnifiant les femmes soient assorties, avec éthique et ténacité, d’actes réellement égalitaires, concrètement égalitaires très loin de cette féminisation insensée des hommes et très loin des anciens schémas obsolètes. C’est aujourd’hui un choix urgent et vital pour une civilisation « durable » !

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