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Le renouveau du Chili libéral
lundi 1er septembre 2008
Parlons du Chili. Il y a tellement à dire, hein ! On va essayer de résumer. D’abord, il faut savoir que Allende a été élu sans obtenir une majorité aux élections car la présidentielle, à l’époque de son élection, n’avait qu’un tour. Il a donc réalisé 36 % aux élections, alors que les deux autres grandes partis, eux, ont totalisé plus de 60 % des suffrages. A l’époque, le Président était investit par l’Assemblée et non élu. Les démocrates chrétiens l’ont obligé à respecter la Constitution en lui faisait signer un pacte. Malheureusement, Allende n’en tiendra jamais compte. Loin d’être un héros, Allende s’est révélé être un dictateur de la pire espèce. Une fois au pouvoir, il a muselé les médias, quasiment supprimé la liberté d’expression, il a torturé et harcelé des journalistes qui ne pensaient pas comme lui et qui s’opposaient à son régime. Notamment Maximiano Errázuriz, directeur de publications. Ce sont des accusations graves, certes, mais c’est pourtant ce qu’il s’est passé.
Allende a par ailleurs couvert plusieurs centaines d’assassinats causés par le syndicat Mouvement de la Gauche Révolutionnaire. Allende a par ailleurs montré son incompétence dans le domaine économique, a non seulement ruiné le pays, mais a entraîné des conséquences sociales dramatiques pour les chiliens minés par l’inflation galopante, la chute des salaires dans les entreprises qui avaient été nationalisés, et même du niveau de vie. Les partis marxistes, qui étaient au pouvoir avec Allende, voulaient tout contrôler en leurs mains propres, avaient placé des commissaires politiques à la tête de nombreuses entreprises qu’ils avaient nationalisés, et ils étaient prêts à affamer la population en mettant cela sur les dos des patrons et des riches. Cette situation devenait de plus en plus insupportable. Le peuple chilien était au bord de la révolte. Mais qu’à cela ne tienne, Allende était prêt à réprimer tout mouvement de contestation. Il créa des milices constituées de castristes, nords coréens et tchèques, dans le but affiché était de mater tout mouvement de contestation, un peu comme ce qui s’était passé à Budapest en 1956.
Allende méprisait totalement les droits de l’homme et surtout la Constitution de son pays. Quand le Parlement prononcait une motion de censure contre un ministre de son gouvernement, il le maintenait quand même dans son gouvernement mais avec un portefeuille différent. Le Chili était en quasi faillite, le peuple crevait de faim.
Dans le même temps, de nombreux opposants politiques ont été assassinés, et pas des moindres : Pérez Zujovic, qui était l’ancien vice-président et ministre du gouvernement qui avait précédé celui de Allende.
Allende méprisait totalement les droits de l’homme et surtout la Constitution de son pays. Quand le Parlement prononcait une motion de censure contre un ministre de son gouvernement, il le maintenait quand même dans son gouvernement mais avec un portefeuille différent. Le Chili était en quasi faillite, le peuple crevait de faim. Réalise-on que plus de 45 % de la population chilienne, à cette époque, était pauvre ? Le Parlement, dernier rampart démocratique à l’autoritarisme et l’arbitraire d’Allende, donc très hostile à ce dernier, a pourtant, et c’est à son honneur, respecté les règles précisées par la Constitution chilienne, Constitution qu’enfreignait sans cesse Allende et ses ministres. Il a essayé de le raisonner. Voyant que cela n’avait aucun effet, la Cour Suprême, comme elle l’a fait le 26 mai 1973, a demandé au Président de cesser les violations commises par ce dernier contre les décisions de justice rendues par les tribunaux, ce qui n’eut là encore, aucun effet.
Ce qui devait arriver arriva : le 23 août 1973, le Parlement par 81 voix contre 47, demanda aux forces armées d’agir pour que cela cesse. Le 11 septembre 1973, les autorités militaires, sous le commandement du Général Pinochet et investies par le Parlement, s’est rendu au Palais de la Moneda, où se trouvait Allende, qui finit par se suicider. Les chiliens ne se sont pas lamentés sur son sort. Bien sûr et vous en conviendrez, cela n’excuse pas les atrocités commises par Pinochet.
Arrivé au pouvoir, Pinochet, conscient qu’il fallait redresser les finances de son pays, fit donc appel à des économistes de l’Ecole de Chicago, réputée pour son libéralisme. Le pays atteint plus de 8 % de croissance économique par an pendant cinq ans, le taux d’analphabétisation régressa, quant à l’espérance de vie, elle, passa de 63,6 ans en 1973 à 74,4 ans en 1990. Pinochet n’eut aucune difficulté à faire approuver par le peuple une nouvelle Constitution et la prolongation du gouvernement des militaires au pouvoir pour une durée de huit ans. Il receuillit 67% des suffrages. Cependant, en 1988, n’obtenant pas les résultats qu’il escomptait au cours d’un nouveau référendum visant à prolonger son mandat ( 46 % pour, 53 % contre ), il décida de faire une transition en douceur, ce qui lui garantit une immunité constitutionnelle. Le 11 mars 1990, c’est Patricio Aylwin qui deviendra Président du Chili. Il était par ailleurs élu à la tête d’une coalition dont on a beaucoup entendu parler, la Concertacion.
Depuis, le Chili connaît la prospérité, qui a bénéficié à tous : il y avait 45 % de pauvres au Chili en 1973, comme je l’ai indiqué. Il n’y en a plus aujourd’hui que 20 %, et le taux décroît sans cesse. Les fonds de pension, qui ont été introduits, sont un succès et ont bénéficié à tous, surtout aux plus pauvres. Le Chili, cette année encore, connaîtra une croissance égale à 5 %, ce qui n’est rien de comparable par rapport à ses voisins. Bachelet, la nouvelle Présidente du Chili, ne reviendra pas sur des mesures libérales si populaires auprès de l’opinion. La gauche a fait son aggiornamento. Fini le socialisme d’Allende, qui fut un désastre pour les chiliens et qui rappelle de trop mauvais souvenirs. La gauche a poursuivi le mouvement en faveur du libéralisme. Si bien que le Chili est à certains égards, beaucoup plus libéral que les USA. La principale opposition entre les deux candidats, de droite et de gauche, se résumant souvent au sujet des questions de société, des valeurs morales si présentes dans ce pays où les gens croient beaucoup en la religion. Dans le domaine économique, cela paraît être du pareil au même.