Accueil > Société > Environnement & écologie > Contrôle de poulet
Le scandale de la dioxine
Contrôle de poulet
samedi 16 janvier 1999
A l’heure actuelle, en France du moins, les normes à respecter en matière de produits destinés à l’alimentation sont définies par l’Etat. C’est lui qui les définit et c’est lui qui les fait appliquer. Sur quoi repose ce contrôle ? D’abord l’Etat à l’avantage d’agir par la force, ses décisions sont donc nécessairement respéctées. Ensuite l’Etat est un monopole, ses décisions ne sont donc soumises à aucune discussions, il est le seul à définir les normes. Pour finir il est censé être mu par l’intérêt général, il fait ce qui est bon pour ses concitoyens. En somme c’est " un ami qui nous veut du bien ". Ce système fonctionne parfaitement tant que l’Etat n’oublie pas sa mission. Le système n’est garanti que par cette " volonté de faire le bien ". Et, théoriquement, si jamais il l’oublie un système de contrôle est là pour le ramener sur le droit chemin : c’est le vote ou le processus démocratique. Ainsi, lorsque tout cela fonctionne le système n’est jamais arbitraire et le contrôle est optimal. Les poulets sont toujours sains et sans danger.
Les choses se passent-elles toujours ainsi ? Evidemment non. Il y a deux failles dans le système décrit précédemment. La première c’est que l’Etat peut éventuellement oublier sa mission, ou plutôt " on " s’arrange pour qu’il en soit ainsi. Le risque est grand pour que des lobbies, via la corruption et via d’autres moyens, prennent le contrôle de l’Etat. Un ministre de l’agriculture (belge, français ou autre) n’a pas nécessairement envie de dénoncer les manquement des entreprises de son pays : des emplois peuvent être menacés, les médias peuvent en faire une affaire, la réputation du pays peut être atteinte etc. En outre le ministre peut être directement corrompu par les entreprises.
La seconde faille dans le système de contrôle vient du processus démocratique. En effet, les mesures d’hygiène (et toute norme en général) sont bien trop pointues pour être un enjeu d’élection. En dehors des cas où cela tourne au " scandale " voire à la " catastrophe " comme actuellement, personne ne s’intéresse à la chose. Tout le monde à " confiance " en l’Etat, de toute façon personne n’a le choix puisqu’il est en monopole. Aucun gouvernement n’a jamais perdu les élections pour " si peu ". Il n’y a donc aucune raison pour que l’Etat s’il est sur la mauvaise route soit remis sur la bonne par la voie des urnes.
L’Etat, comme je l’ai souligné précédemment et par définition, est un monopole. Donc lorsqu’il est défaillant (comme dans le cas de tout monopole) ses " clients " en subissent les conséquences sans recours possibles. Il y a donc non seulement un déficit d’efficacité, mais en plus une absence de système alternatifs pour y parer. Les individus sont pris au piège. Je propose alors la mise en place d’un système de normes alternatives, qui je pense existe déjà (label biologiques), mais qu’à mon avis il conviendrais de généraliser.
Supposons à présent que les normes soient définies non plus par un Etat mais par des organismes privés ou publics : des entreprises, ou des syndicats de consommateurs ou des associations. Tous ces organismes étant privés, en concurrence et n’ayant pas recours à la violence pour faire appliquer leurs vues, ils n’ont plus qu’un seul moyen d’agir : la confiance. On peut imaginer que lesdits organismes accorderaient (ou non) leur label au produits offerts à la consommation et que les consommateurs choisiraient (ou non) les produits ayant tel label ou tel autre (puisque chaque organisme aurait son propre label). On peut, en outre, imaginer que lesdits organismes accorderaient leur label moyennant finance et évidemment moyennant le respect de certaines normes sanitaires définis par leurs soins. On s’aperçoit alors que le système serait efficient. En effet d’abord les labels sont soumis à une double concurrence (de la part des autres labels et de la part des consommateurs), ensuite ils sont rémunérés par les entreprises à qui ils accordent le label. Le prix (donc leurs recettes) est donc d’autant plus élevé que le label est recherché par les consommateurs. Il est donc dans l’intérêt des organismes qui délivrent les labels de faire en sorte que leur label soit reconnu et recherché par les consommateurs. Et si possible plus recherché que les labels concurrents. Ainsi chaque label, pour s’enrichir, définirait strictement ses normes et les feraient respecter scrupuleusement dans le but d’obtenir la confiance des consommateurs ! Evidement chaque label défaillant (ceux qui auraient certifiés les poulets belges et les vaches anglaises, par exemple) seraient punis : les consommateurs ne n’auraient plus confiance et les entreprises ne chercheraient donc plus à obtenir le label. Faillite assurée pour l’organisme privé labelisateur.
Ainsi un système en partie privé qui remplacerait (ou s’ajouterait) au système de contrôle étatique serait efficient. Finis les poulets pas bons pour nos femmes et nos enfants !