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En usant et abusant de l’exorcisme moraliste, on renforce Le Pen

samedi 28 mars 1998

Quelle pitié de voir un pays moderne abruti dans une telle rumination historique ! Millon républicain insoupçonnable, a commis, je le crois, une erreur politique. Cela vaut-il de le voir harcelé comme un "collabo" et sommé de rejoindre "l’ombre" avec les millions de résistants posthume que compte notre pauvre pays retombé en enfance ? Mais non ! Quand on sait - lisez Furet - combien la rengaine anti-fasciste à déjà servi après guerre pour pourvoir les goulags et tournebouler les jeunes cervelles, on est accablé par cette gesticulation archaique de "CRS-SS" et autres hystéries. C’est sous le masque de la vertu anti-vichyste que Mitterrand présentait ses miroirs aux Alouettes, alors ...

.Le pire, est, qu’en usant et abusant de l’exorcisme moraliste on renforce le Pen. Par le processus médiatique de ces prophéties qui se réalisent à force de se déclamer, on lui donner des ailes. Comme, dans nos provinces, beaucoup de modestes élus locaux du Front, circulent sans bottes et ne préparent pas à l’évidence l’incendie du Reichtag, il vient un temps où les électeurs ne croient plus à l’imprécation.

Ils ont tort, car le Front National est un parti dangereux. On lui doit de faire barrage. Mais, Dieu merci, on peut le faire sans écarter, s’il est besoin, la réprobation morale, mais avec des arguments rationnels. Il suffit de mettre son programme en examen. De dire son projet absurde d’immigration zéro, son anti-américanisme frénétique, son protectionnisme absolu, qui ruinerait la France en 6 mois. Il suffit de mettre au pied du mur ceux qui chez lui aspirent à la relève de Le Pen. Il suffit aussi d’évaluer le Front pour ce qu’il est : un parti qui ne dépasse pas 15% dans les scrutins nationaux et avec qui une majorité d’électeurs de droite -ils viennent de le prouver- ne veulent pas pactiser. En même temps, il suffit pour la droite de méditer comment la gauche s’y est prise pour coloniser un semblable parti protectionniste, le parti communiste qui l’a paralysé de ses éternels 15%. Mendès, en refusant les voix du PC, y fut moins efficace que Mitterrand en les noyant dans les siennes. Affaire d’habilité, de circonstances, bref, de savoir faire.

Quelle leçon siple - enfin - sinon celle ci : la droite est majoritaire en France, mais, si une droite républicaine ouverte et libérale n’affronte pas clairement une droite nationaliste, frustrée et livrée à de mauvais bergers, la gauche est au pouvoir pour longtemps.

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