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Retraites et répartition

Un article du blog de Copeau

vendredi 3 juin 2005

Vive le système de retraites par répartiton ! Grâce à cette géniale invention, les jeunes générations que vous êtes, chers lecteurs, pour une large part, n’auront bien sûr aucune chance de toucher une retraite complète, dans une quarantaine ou une trentaine d’années. Un récent rapport de la DREES, qui est l’une des directions du minstère de la Santé, montre que la génération de 1970 - la mienne - a nettement moins cotisé que celle des années 1950. Près de 25% des personnes de la génération 1970 ont commencé à cotiser à 18 ans, ils étaient presque 60% de la génération des années 50. De plus, le nombre de trimestres acquis par cotisation en début de carrière diminue régulièrement, en raison du cumul du travail et des études et de la difficulté à obtenir un emploi stable (tout le monde n’a pas la chance d’être fonctionnaire comme moi). Près de 60% des gens de la génération 1970 n’ont pas validé 40 trimestres à 30 ans, ce qui impliquera donc pour eux - pour nous - de travailler au-delà de 60 ans pour bénéficier d’un taux plein, voire bien au-delà : la durée d’assurance requise, 160 trimestres, portée à 164 va sûrement être encore allongée, en fonction de l’espérance de vie. C’est la fameuse équité actuarielle, qui me semble, du reste, parfaitement juste en soi.

Deux remarques complémentaires :

- la déconfiture du système par répartition montre la nécessité absolue d’un complément par capitalisation. Je ne crois pas au grand soir des retraites, au basculement radical d’un système à l’autre, car les inconvénients d’un système par capitalisation pure sont nombreux, et exactement symétriques à ceux de la répartition. On sait, par exemple, que lorsqu’une classe d’âge nombreuse (le Baby boom) part en même temps en retraite, les cours boursiers s’effondrent dans un système par capitalisation, du fait de la vente cumulative des actifs d’un grand nombre de personnes. En revanche, je prêche depuis toujours pour une alliance des avantages des deux systèmes, la répartition pour la solidarité, la capitalisation pour la justice. J’imagine bien un complément capitalistique versé en rentes ou en capital, à l’instar de l’unique régime complémentaire de retraite par capitalisation qui existe en France, et qu’en tant que fonctionnaire je pratique depuis longtemps, la Préfon.

- une autre grande injustice du système actuel, tel que réformé en 2003 par la loi Fillon, c’est l’absence totale de comparaison possible entre le public et le privé. Si les retraites des salariés du privé vont fortement chuter, en moyenne, dans le futur, car personne ou presque ne pourra attendre d’avoir un taux plein, celle des fonctionnaires, en revanche, reste calculée sur la rémunération perçue par les agents publics durant les 6 derniers mois de leur carrière professionnelle. Lorsqu’on connaît la pratique classique de la promotion interne obtenue à 58 ou 59 ans, précisément pour accorder à tel ou tel un avantage supplémentaire pour la retraite, on mesure l’écart qui sépare le public du privé. L’iFRAP a mené de nombreuses études comparatives en la matière : le retraité du public gagne 50% de plus en moyenne que celui du privé.


- Article paru initialement sur le blog de Copeau

- Illustration sous licence Creative Commons : Nenverso

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