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Live and let die
lundi 29 janvier 2007
La question de l’euthanasie et du suicide est lancinante. Dans le passé récent, il fut rare qu’un débat de société digne de ce nom ne l’abordasse pas. En 1619 déjà, un chapelain anglais, John Donne, écrivit le célèbre Biothanatos, qui fut la première vraie défense et illustration du suicide. David Hume rédigea même un Traité sur le suicide, tandis qu’un jeune Suédois, Johan Robeck, mit en application ses écrits.
Plus près de nous, on se souvient du tollé provoqué par Suicide, mode d’emploi de Claude Guillon et Yves le Bonniec, édité en 1982. Mais la question n’a jamais été véritablement tranchée, malgré les évolutions législatives récentes.
La loi dite "Léonetti" du 22 avril 2005 instaure un droit au laisser mourir. Ce qui signifie que, depuis, il est interdit de s’obstiner déraisonnablement dans les traitements médicaux, et que la douleur peut être soulagée, même s’il faut pour cela abréger la vie.
Autrement dit, la décision de continuer à vivre, ou de mourir (un peu) avant l’heure, est laissée entre les mains du corps médical. Il n’est donc pas possible de choisir librement le moment de sa mort. Même si, par malheur, vous apprenez demain que vous êtes atteint d’une maladie incurable. Même si vous savez que vous vivrez dans l’avenir d’atroces souffrances. Même si vous n’ignorez pas le fait que les soins palliatifs qui vous seront prodigués demain feront de vous un légume, une chose rien moins qu’inhumaine, incapable de tout jugement à défaut de ne sentir toute douleur.
L’idée selon laquelle les médecins doivent choisir à notre place le moment de notre mort, ce qu’ils font usuellement, m’est totalement insupportable. Le lobby médical de l’UMP n’est sans doute pas innocent devant cet état de fait.
Cela étant, je ne propose pas, comme le parti socialiste ou d’autres,
d’apporter une aide active aux personnes en phase terminale de maladie incurable ou placée dans un état de dépendance qu’elles estiment incompatible avec leur dignité
Ce que j’aimerais est finalement beaucoup plus simple : qu’on dépénalise toute assistance au suicide. Que chacun puisse librement choisir le moment de sa mort, quitte à être aidé si la force manque pour le faire. Voilà pour moi la seule voie de l’humanisme. Il faut malheureusement se rendre la mort familière, comme disait Montaigne.
Article paru initialement sur le blog de Copeau
Illustration sous licence Creative Commons : IMG_0677_resize