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Cinquième mythe : Les adversaires de « 1793 » auraient été nazis
mercredi 8 juillet 2009
Gaullistes et communistes
Un pacte secret [1] fut scellé entre de Gaulle et Staline dès l’attaque allemande contre l’URSS (juin 1941). Il fut renouvelé, officiellement cette fois, un an plus tard, fin 1942. Les communistes, inféodés à Moscou, avaient pendant toute la « drôle de guerre » et la première année de l’Occupation, soit pendant deux ans, appelé à un rapprochement avec les nazis. L’Humanité reçut son autorisation de reparaître. Si finalement, elle ne reparut pas sous cette forme, ce ne fut pas en raison des scrupules des communistes, mais à cause du veto de Vichy.
Avec le déclenchement de l’opération Barberousse, en juin 1941, les communistes voulurent soulager l’Union soviétique en allumant un second front à l’Ouest. Mais, comme ils restaient des traîtres dans l’opinion des Français, il leur fallait impérativement sortir de leur isolement, être reconnus par la France libre et par la Résistance. Ils commandèrent donc des opérations de résistance qui étaient en fait des opérations suicides destinées à fabriquer artificiellement des héros communistes et à faire du « parti des fusillés » un des piliers de la Résistance. Cette stratégie ne pouvait être que confortée par un accord avec de Gaulle.
Quant à ce dernier, il avait besoin d’une reconnaissance diplomatique d’un pays tiers comme l’URSS pour se constituer en chef d’Etat virtuel destiné à gouverner une future France libérée. Mais, en échange de cette reconnaissance, Staline exigea que de Gaulle acceptât d’associer étroitement à la libération de la France les forces « démocratiques », autrement dit les communistes. Jean Moulin, en particulier, a ainsi contribué non seulement à intégrer les communistes dans la mouvance de la France libre, selon les instructions de de Gaulle, mais finalement à leur assurer la prépondérance dans le Conseil national de la Résistance.
Cette alliance sera même renforcée après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, en novembre 1942. Face à Darlan puis Giraud, avec qui les Américains traitaient, de Gaulle put croire qu’il allait être marginalisé ; il bénéficia donc une nouvelle fois de l’appui de Staline. Giraud était favorable au plan de Churchill consistant à attaquer l’Allemagne dans le « ventre mou » des Balkans, manœuvre qui aurait permis aux Alliés d’arriver à Vienne avant l’Armée rouge et aurait considérablement gêné, voire réduit à néant, les projets soviétiques de communisation de l’Europe centrale. Staline commanda aux communistes français de discréditer délibérément Giraud en le faisant passer, en tant que « vichyste », pour collaborationniste et même fasciste. Or, de Gaulle ne contredit pas cette propagande. Giraud et ses proches, effectivement discrédités, furent éliminés en quelques mois et de Gaulle resta seul en piste avec les communistes.
Il ne faut pas oublier que de Gaulle communiait avec les communistes dans l’étatisme, l’antilibéralisme et ce qu’on pourrait appeler l’anti-anglo-saxonnisme. De Gaulle méprisait la bourgeoisie industrielle et commerçante, qu’il croyait être, par nature, égoïste et intéressée. Il ne comprendra la vraie nature du communisme qu’à partir de 1944, lorsque les communistes voudront lui imposer leurs volontés dans le gouvernement d’Alger, et surtout à partir des débuts de la Guerre froide.
N’oublions pas non plus que de Gaulle défiera l’Amérique, non par antipathie irrationnelle, mais par refus réfléchi du type de société qu’elle incarne. Il ne sera jamais vraiment hostile aux syndicats marxistes, dont le péché était plus à ses yeux le « séparatisme », que l’anticapitalisme en tant que tel. De Gaulle commettra aussi l’immense erreur, peut-être à jamais irréparable, de finir de céder aux syndicalistes l’école, en appliquant dès le début de la Ve République, le Plan Langevin-Wallon de 1947 qui avait pourtant été repoussé deux fois par le Parlement de la IVe.
Ainsi, de Gaulle et les communistes ont constamment communié sur un terrain au moins, celui de l’étatisme et de la croissance de la fonction publique – et, en ce sens, sur « 1793 ».
Le « précipité chimique » idéologique de l’après-guerre
On laissa, au sortir de la guerre, entendre que c’était le système démocrate-libéral, impuissant et corrompu, qui avait inéluctablement conduit à la défaite et que la bourgeoisie française, après avoir été en majorité, avant guerre, sympathisante des régimes autoritaires, l’avait été tout naturellement, pendant la guerre même, du régime de Vichy et donc, laissait-on entendre, du nazisme.
Les communistes furent en pointe de cette propagande. Selon leur vulgate, lorsque la bourgeoisie se sent menacée par les progrès des révolutionnaires, elle met bas le masque démocrate libéral sous lequel elle se dissimule d’ordinaire, et son vrai visage d’exploiteur apparaît à découvert. Sa stratégie consiste alors à s’allier avec la petite bourgeoisie et à mobiliser, comme masses de manœuvre, qu’elle paie et habille d’uniformes, les plus basses classes de la société, le Lumpen-proletariat. Telle est l’origine et la raison d’être des régimes autoritaires. Les gaullistes, qui pour leurs propres raisons partageaient le même désir de rupture que les communistes, s’abstinrent de rappeler que c’étaient les communistes, et en aucune manière les « bourgeois » ou les classes moyennes françaises, qui avaient été complices des nazis pendant deux an [2].
Ainsi, à partir du moment où l’alliance gaullo-communiste contrôla toutes les expressions officielles du combat de la Libération nationale, le seul fait d’être anticommuniste ou adversaire idéologique résolu du marxisme valut soupçon de collaborationnisme et de trahison.
Or, la majorité des Français, à cette date, était autant anticommuniste qu’antifasciste. André Tardieu [3] ou Paul Reynaud [4] incarnèrent en particulier ce courant majoritaire. Ce qui se produisit donc à la Libération, ce fut la délégitimation de ce sentiment antimarxiste prépondérant dans le pays. Le fameux diptyque : désignation de bous émissaires comme seuls coupables / amnistie des vrais coupables, joua de nouveau à plein.
La droite, seule coupable
Un amalgame fut fait à partir de 1945 entre tous les genres de droite, qui furent indistinctement accusées d’avoir été les complices actifs ou secrètement consentants de ceux qui avaient occupé la France. L’élimination du général Giraud illustre bien ce processus.
Giraud avait, dès le 14 mars 1943, explicitement proclamé son rejet de Vichy et abrogé en Afrique française toutes les lois postérieures au 23 juillet 1940, à commencer par le statut des Juifs [5]. Les fonctionnaires et la population avaient servi et supporté Vichy, sans doute, mais ce n’est pas pour cela qu’ils étaient « vichystes » au sens idéologique qu’on voulait maintenant donner à ce mot. C’est cette France centriste ou de droite qui a fourni les gros contingents d’hommes qui ont permis de gagner la guerre au coude à coude avec les Alliés. C’est l’armée d’Afrique, préparée par Weygand dès 1940-1941, réorganisée par Giraud dans les premiers mois de 1943, commandée par ces généraux « vichystes » (eux aussi) qu’étaient Juin ou de Lattre de Tassigny, qui ont joué le rôle militaire effectif, bien plus grand que celui de la France libre (ce qui n’enlève rien aux mérites militaires de celle-ci, bien entendu).
Dans la IVe République naissante, il faudra que les dirigeants du MRP se disent de gauche et avalisent nombre de réformes de structure imposées par les communistes à la Libération, à commencer par les nationalisations. N’oublions pas, en parallèle, l’effrayante propagande qui présentera l’Eglise et tout ce qui est catholique comme plus ou moins fasciste, Pie XII comme complice d’Hitler [6]. Quant aux doctrines économiques et sociales libérales, elles furent caricaturées et de plus en plus oubliées. Il y eut bien Antoine Pinay, Jacques Rueff ou Raymond Aron, mais les idées libérales n’étant pour ainsi plus enseignées aux étudiants, la tradition libérale fut quasiment interrompue.
La gauche amnistiée et magnifiée
On « oublia » complètement les deux années d’alliance entre le Parti communiste et les nazis. On masqua la grande similitude des deux genres de totalitarisme [7], les travaux de Friedrich Hayek [8], de Karl Popper [9] ou d’Hannah Arendt [10]. Le régime de Vichy lui-même, surtout lors de ses années de collaboration affirmée, était constitué en grande partie de gens de généalogie « 1793 » - à savoir, d’une part, l’extrême droite des Ligues, et, d’autre part, des représentants éminents de la gauche et de l’extrême gauche de l’immédiat avant guerre.
Pendant les premières années du régime de Vichy, l’immense majorité des Français voulait à la fois le « bouclier » et le « glaive », et était plus ou moins persuadée qu’il existait une entente secrète entre Vichy et Londres. Dans cette phase, Pétain gouverne avec les maurrassiens et les catholiques. Il est certain qu’il n’aime pas la démocratie. Mais il n’est ni fasciste ni nazi, il n’est pas assez radical, millénariste, révolutionnaire, pas assez de gauche pour cela !
La situation change avec le gouvernement Darlan : cette fois, il s’agit d’une collaboration non pas subie, mais voulue et assumée. Laval, qui a organisé Montoire, gardera toujours la même ligne de conduite, même après les premiers reculs stratégiques de l’Allemagne, le débarquement allié en Afrique du Nord, puis la reddition allemande à Stalingrad. Car il jugea alors que les difficultés mêmes du Reich l’inciteraient à mieux traiter une France qui lui aurait manifesté une fidélité sans faille.
Darlan comme Laval ont commis l’erreur intellectuelle d’avoir cru viables des régimes socialistes totalitaires. Or il y a une explication bien simple à cette erreur, c’est que ce sont tous deux, à certains égards, des hommes de gauche.
Darlan se dit tel [11] ; il était de tempérament radical et anticlérical, et cela l’opposait à Pétain. Il nommera auprès de lui des hommes venus du Parti populaire français (PPF) de l’ex-communiste Jacques Doriot, comme Pierre Pucheu ou Paul Marion.
Quant à Laval, c’est un ancien député socialiste, de tendance blanquiste. Et non pas à l’âge tendre et brièvement, mais à l’âge mûr et longuement. Lui aussi, il s’affirme antichrétien et anticlérical.
Par ailleurs, la collaboration est l’affaire de partis profascistes installés à Paris, en contact direct avec les Allemands. Or, ces partis ont été fondés et sont essentiellement composés d’anciens communistes et socialistes, au point que Rudolf Schleier, conseiller d’ambassade remplaçant Abetz provisoirement disgracié, dira : « la grande majorité des partisans de la politique de collaboration vient de la gauche française [12] ». De fait, le PPF de Jacques Doriot et le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat, sont des partis d’extrême gauche.
Doriot est un ancien dirigeant communiste, qui a été Secrétaire général de la Jeunesse communiste, député et maire de Saint-Denis. S’il est exclu du parti en 1934, ce n’est certes pas pour anticommunisme, c’est parce qu’il est en désaccord avec la ligne « classe contre classe » suivie par le Komintern. Son journal collaborationniste et jacobin s’intitule Le Cri du peuple. Il ira combattre sur le front de l’Est sous l’uniforme allemand.
Marcel Déat est dans les années trente le « dauphin » de Léon Blum. Il crée, au sein de la SFIO, une tendance « néosocialiste », qui finit par rompre avec le parti en 1933. Non pas, là encore, parce que Déat serait devenu de droite, mais parce qu’il reproche à Blum ses erreurs et sa mollesse dans le combat révolutionnaire. Le RNP et son journal, L’Œuvre, prêche ouvertement la collaboration dès l’été 1940.
Au-delà de ces groupes, de nombreuses autres personnalités de gauche ont participé au gouvernement ou à l’administration de Vichy. Adrien Marquet [13], René Belin [14], Hubert Lagardelle [15], Charles Spinasse [16], Ludovic-Oscar Frossard [17], Paul Faure [18], Angelo Tasca [19] en sont les plus importants. Mais il faut citer aussi Gaston Bergery [20], Paul Marion [21], François Chasseigne [22], Pierre Cathala [23], Georges Hilaire [24], René Bousquet [25]. Sans oublier nombre de syndicalistes, tels que René Mesnard [26], Gabriel Lafaye [27], Pierre Vigne, Raymond Froideval [28], André Delmas, Georges Dumoulin [29], Gaston Guirand. Certains deviennent des collaborateurs des ministres de Vichy, comme Pierre Vigne, Marcel Roy, Alfred Savoy ou Georges Dumoulin.
Il faut citer aussi des francs-maçons comme Paul Rives, René Château, Robert Lefebvre, Alexandre Rauzy ou Fernand Roucayrol.
L’objet de cette longue liste n’est pas de faire oublier que d’autres personnages clés du régime ont été des hommes de droite, y compris des catholiques [30]. Mais il est bien commode pour la gauche d’aujourd’hui d’observer un silence total sur cette présence très substantielle de ses membres dans le régime avec lequel elle prétend n’avoir eu aucun rapport réel ni concevable.
Ce qui permet à ces hommes de se rapprocher (à des degrés divers, certes) des nazis, c’est en effet la même haine du libéralisme, du capitalisme et du parlementarisme. La même haine de « 1789 ». Ils défendent le but explicite de conduire avec les nazis partout en Europe une politique « réellement socialiste et révolutionnaire ». Ils savent gré à Hitler d’avoir abattu le capitalisme. Ils reprochent même aux gouvernements successifs de Vichy de compter en leur sein trop de « réactionnaires » et de représentants du « grand capital ». Ils n’ont évidemment aucune querelle avec l’idée de parti unique ; ils n’ont aucune querelle avec la « jeunesse unique », qu’ils s’efforcent d’imposer au vieux Pétain. Ce sont des fanatiques de l’unanimisme, des nostalgiques de ce communautarisme « chaud » qui efface l’individu « égoïste » et le force à « se dépasser » en poursuivant des buts « spirituels » supérieurs. Ils n’ont pas de querelle non plus avec l’usage délibéré de la violence en politique, ni avec la dictature d’une minorité sur la majorité. Jacques Doriot, l’ex-communiste, trouve tout à fait normal de proposer à Otto Abetz d’envoyer à Vichy sa Milice, l’équivalent français des SA Allemands, qui ne feront qu’une bouchée des quelques escouades de gendarmes qui défendent la place.
Ces hommes sont des « élus », le « petit reste » des saints, dit Déat, reprenant les accents de Saint-Just. Nous reconnaissons là la vieille idée millénariste des Jacobins, la série des héros de Lissagaray.
Marcel Déat et ses amis entreprirent de donner aux conceptions nazies des « antécédents français » ; ils les trouvèrent chez Rousseau et chez les Jacobins de l’an II dont ils firent les pères spirituels du nazisme et dont la lignée, passant par Mazzini et Jaurès, venait aboutir au RNP [31].
La majoration de l’influence du marxisme dans la culture française d’après-guerre
En conséquence de cette amnésie-amnistie, l’influence du marxisme fut dramatiquement majorée dans la culture du pays. Nous avons ainsi assisté à une profonde décadence de toute la vie culturelle française pendant près d’un demi-siècle. Au lendemain de la guerre, Sartre et Merleau-Ponty firent des émissions de radio, fort écoutées et célébrées, où ils trahissaient leur incompréhension intellectuelle totale des principes de l’économie de marché, de la démocratie et de la pensée critique. Longtemps, le communisme sera présenté comme l’évidente antithèse du fascisme, l’unique remède à lui opposer. Les pays du monde libre seront a contrario présentés comme fascistes à la moindre intervention diplomatique ou militaire contre une subversion communiste.
L’information au sujet de la réalité de l’Union soviétique et du Goulag ne pourra être entendue en France qu’à partir de l’époque des « nouveaux philosophes » et de la publication des grands textes de Soljenitsyne, c’est-à-dire aussi tard que les années 1974-1980.
La conception démocratique libérale, pourtant largement française dans ses origines et qui avait été, au total, dominante sous la IIIe République, tendra à apparaître comme étrangère, anglo-saxonne, et sera, pour ainsi dire, arrachée comme un corps étranger du pays où elle était née.
Philippe Nemo, Les Deux R
[1] Cf. Henri-Christian Giraud, De Gaulle et les communistes, 2 t., Albin Michel, 1988 ; Stéphane Courtois et Marc Lazar (dir.), 50 ans d’une passion française. De Gaulle et les communistes, Balland, 1991 ; Stéphane Courtois, Le PCF dans la guerre, Ramsay, 1980 ; Dominique Venner, De Gaulle. La grandeur et le néant, Ed. du Rocher, 2004 ; Henri-Christian Giraud, Jacques Le Croignec, Georges Hirtz, Jean-Robert Gorce (dir.), Réplique à l’amiral de Gaulle, Ed. du Rocher, 2004.
[2] Il est vrai que les collaborationnistes, à commencer par Laval, justifiaient au même moment leur compagnonnage avec l’Allemagne au nom d’une prétendue « croisade antibolchevique » commune. Mais on aurait pu, dans la propagande de Londres, faire comprendre que les ennemis des ennemis des Français n’étaient pas nécessairement leurs amis.
[3] Et non Michel comme l’écrit Philippe Nemo ! André Tardieu, né le 22 septembre 1876 à Paris, mort le 15 septembre 1945 à Menton (Alpes-Maritimes), est un homme politique français. Brillant élève au lycée Condorcet, il est reçu premier au concours d’entrée à l’École normale supérieure mais il décide de ne pas y entrer, puis il est reçu premier au concours du ministère des Affaires étrangères. Georges Clemenceau (président du conseil de 1917 à 1920) le prend comme collaborateur de paix. Il sera Commissaire général aux Affaires de guerre franco-américaines et participera au Traité de Saint-Germain-en-Laye avec l’Autriche en 1919. Il sera ministre sous Poincaré (président du conseil de 1926 à 1929). Il a ensuite exercé les fonctions de président du Conseil des ministres à trois reprises (entre 1930 et 1932). Membre de l’Alliance démocratique, il est député de la Seine-et-Oise de 1914 à 1924 et du Territoire de Belfort de 1926 à 1936. Son fort caractère et son style trop « parisien » nuisent à sa carrière politique. En effet, le peuple n’a que peu de confiance en lui et les radicaux le combattent. Voir en ligne.
[4] Paul Reynaud, né le 15 octobre 1878 à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence), mort le 21 septembre 1966 à Neuilly-sur-Seine (Seine, actuellement Hauts-de-Seine), est un homme politique français. Diplômé de l’École des Hautes études commerciales, avocat, Paul Reynaud épouse Jeanne Henri-Robert, la fille de l’avocat Henri-Robert puis se tourne assez vite vers le monde de la politique. Conseiller général puis député des Basses-Alpes à la Chambre des députés avec le Bloc national d’abord en 1919, il est battu en 1924. Tentant de se représenter dans la Seine lors d’une élection partielle, il est de nouveau battu, cette fois par le célèbre communiste Jacques Duclos en 1926, puis est réélu de 1928 à 1940 comme député de Paris. Membre d’un parti de droite modérée, l’Alliance démocratique, il est plusieurs fois ministre sous la Troisième République et est en charge des portefeuilles des Finances, des Colonies et de la Justice. Il se spécialise vers deux domaines très différents, l’économie et la défense, pour lesquels il adopte tout de suite des positions hétérodoxes. Ainsi, il préconise une dévaluation du franc pour affronter la Crise de 1929, qui atteint la France en 1931 alors que l’opinion reste très attachée au mythe du franc Poincaré depuis 1926. D’autre part, il est l’un des rares hommes politiques à se rallier à la stratégie des divisions blindées préconisée par le colonel de Gaulle dans son livre Vers l’Armée de métier. L’originalité de sa réflexion le marginalise au parlement. En 1938, même s’il vote la confiance au Parlement pour ratifier les accords de Munich, il est en rupture avec la ligne directrice de son parti et celle du Parti radical-socialiste d’Édouard Daladier sur ce sujet. Nommé ministre des Finances en novembre 19381, il prend des mesures énergiques par décret-loi pour remettre le pays au travail : dévaluation du franc, hausse des impôts, réarmement, économies drastiques sur d’autres postes, majoration du plafond des heures supplémentaires (+15 %). La durée du travail remonte à 41,5 heures par semaine. Un important redressement est ainsi acquis. Il déclare alors : « Croyez-vous que la France puisse à la fois maintenir son train de vie, dépenser 25 milliards d’armement et se reposer deux jours par semaine ? » Voir en ligne.
[5] Cf. Michèle Cointet, De Gaulle et Giraud. L’affrontement, Perrin, 2005, p. 285-295.
[6] L’attitude de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale est l’objet d’une polémique ardente depuis des décennies. Les critiques du pape lui reprochent de s’être insuffisamment engagé contre le nazisme et l’antisémitisme, voire d’avoir cautionné par son « silence » les agissements nazis. Cette polémique est arrivée sur la place publique avec la présentation de la pièce de théâtre Le Vicaire, œuvre du dramaturge allemand Rolf Hochhuth, qui a été produite pour la première fois en Allemagne en 1963. Les thèses défendues par l’auteur portent avant tout sur le fait que le pape aurait pu en faire plus. Jusqu’alors, l’image du pape était relativement préservée mais la pièce a largement contribué à retourner l’opinion publique. La pièce connut en effet un grand succès international, fut traduite en 20 langues, souleva d’innombrables questions auxquelles le Vatican répondit en annonçant qu’il fallait attendre l’ouverture des archives après cinquante ans. En 2002, le film Amen., du réalisateur gréco-français Costa-Gavras, directement inspiré du Vicaire, relançait le débat. A contrario, Selon l’historien israélien Pinchas Lapide, l’Église catholique a pu, par son action charitable, sauver d’une mort certaine environ 850 000 Juifs habitant les territoires occupés par le Troisième Reich. Voir Pinchas E. Lapide, Rome et les Juifs, Seuil, 1967. Dans un article intitulé « Le Vatican et la question juive », Léon Poliakov relève que le pape était plutôt « diplomate » (par opposition à son prédécesseur « militant »). En 2005, paraît l’ouvrage Pie XII et les Juifs. Le mythe du pape d’Hitler écrit par le rabbin David Dalin. On y lit :
« Imputer la condamnation qui revient à Hitler et aux Nazis à un pape qui s’opposa à eux et était ami des juifs est une abominable calomnie. Quels que soient leurs sentiments vis-à-vis du catholicisme, les juifs ont le devoir de rejeter toute polémique qui s’approprie la Shoah pour l’utiliser dans une guerre des progressistes contre l’Église catholique. »
[7] Voir par exemple Ernst Nolte et François Furet, Fascisme et communisme, Plon, 1998 ; Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, Folio Histoire, 2008.
[8] Friedrich A. Hayek, La Route de la servitude, PUF, Quadrige, 2005. Voir en ligne.
[9] Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis, t. 1 l’Ascendant de Platon, t. 2 Hegel et Marx, Le Seuil, 1979. Voir en ligne.
[10] Hannah Arendt, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, Le Seuil, Points Essais, 2005.
[11] « Je suis un homme de gauche », in Jean-Paul Cointet, Histoire de Vichy, Perrin, 1996. André Blumel, ancien directeur de cabinet de Léon Blum, le confirme : « Ce fut le gouvernement du Front populaire qui le nomma chef d’état-major général de la Marine… L’amiral Darlan affichait des idées de gauche, tout au moins à cette époque ».
[12] Dans un rapport à Ribbentrop du 23 juin 1941, Otto Abentz soutient qu’il sera possible de signer un traité de paix avantageux avec la France, pourvu que les Allemands aident à y mettre en place un « gouvernement de gauche » favorable à une « Europe dirigée par le Reich » (cité par Dominique Venner, Histoire de la collaboration, Pygmalion-Gérard Watelet, 2000, p. 165).
[13] Adrien Marquet, né le 6 octobre 1885 à Bordeaux et mort le 3 février 1955 dans sa ville natale, est un homme politique socialiste français, député et maire SFIO de Bordeaux, ministre des travaux publics puis du travail dans le gouvernement de Gaston Doumergue et ministre de l’intérieur sous le régime de Vichy de juillet à septembre 1940.
[14] René Belin, né le 14 avril 1898 à Bourg-en-Bresse (Ain) et mort 2 janvier 1977 à Lorrez-le-Bocage , fut un syndicaliste et une personnalité politique française. Remarqué par Léon Jouhaux, il est l’un des principaux responsables de la CGT avant la Seconde Guerre mondiale : élu en 1933 au Bureau confédéral, il devint, pour les observateurs, le « secrétaire général adjoint » de l’organisation. Il anime une tendance très anti-communiste autour de l’hebdomadaire Syndicats. Après la débâcle militaire de 1940, René Belin choisit la voie de la Collaboration et devient ministre du Travail de Pétain du 14 juillet 1940 au 18 avril 1942, poste qu’il cumule avec la charge de la production industrielle du 23 février 1941 au 18 juillet de la même année.
[15] Hubert Lagardelle né à Le Burgaud le 8 juillet 1874 décédé à Paris le 20 septembre 1958, penseur français du syndicalisme révolutionnaire. Il a été ministre du Travail du régime de Vichy. Il adhère en 1896 au Parti ouvrier français (marxiste) de Jules Guesde. Puis il fonde Le Mouvement socialiste (1899-1914), revue théorique du socialisme, puis du syndicalisme révolutionnaire qui reste une référence dans l’histoire du socialisme français. Lagardelle est influencé par les théories de Proudhon, de Marx et de Georges Sorel. Militant socialiste, il fréquente les leaders de la CGT et contribue à la constitution de l’idéologie syndicaliste révolutionnaire dans les années 1904-1908.
[16] Charles Spinasse est un homme politique français né le 22 octobre 1893 à Égletons (Corrèze) et mort le 9 août 1979 à Rosiers-d’Égletons (Corrèze). En 1924, il est élu député SFIO de la Corrèze. Spinasse devient ministre de l’Économie nationale (juin 1936-mars 1937) et signe les accords de Matignon, puis ministre du Budget (mars-avril 1938) dans le gouvernement de Front populaire. Il fait partie du courant pacifiste, anticommuniste et planiste de la SFIO. Le 6 juillet 1940, devant de nombreux parlementaires réunis à Vichy, il plaide en faveur d’un changement de régime, dans un sens autoritaire, et proclame son appui à la politique du maréchal Pétain. Après avoir voté l’attribution des pleins pouvoirs le 10 juillet, il reste dans un premier temps en zone non occupée et soutient le régime de Vichy. En août 1940, il fait partie avec Paul Rives des membres fondateurs du quotidien L’Effort, journal soutenant la collaboration et publié sous censure en zone non occupée. Il fonde ensuite et dirige, à Paris, l’hebdomadaire Le Rouge et le Bleu, « revue de la pensée socialiste française », selon l’en-tête. Le premier numéro paraît le 1er novembre 1941. Le journal, publié sous censure en zone occupée, est interdit par les autorités allemandes en août 1942 (le dernier numéro est daté du 22 août).
[17] Louis-Oscar Frossard souvent désigné sous les noms de L-O Frossard ou Ludovic-Oscar Frossard, né le 5 mars 1889 à Foussemagne, territoire de Belfort, et décédé le 11 février 1946 à Paris a été secrétaire général de la SFIO à partir de 1918 puis secrétaire général du jeune Parti communiste français issu du Congrès de Tours, Il sera ministre dans sept gouvernements entre 1935 et 1940. Il reprend le ministère des travaux publics le 21 mars 1940 dans cabinet Paul Reynaud comme président du Conseil, maintenu en fonctions dans le gouvernement que forme Pétain en juin 1940 pour signer l’armistice (jusqu’au 27 juin). En juillet, il vote pour donner les pleins pouvoirs à Pétain. Il refuse de siéger au Conseil national de l’État français, mais poursuit des activités de journaliste sous l’Occupation, ce qui lui vaudra d’être inquiété, mais acquitté à la Libération. Il meurt en 1946. Il était le père d’André Frossard converti au catholicisme à 20 ans, ami de Jean-Paul II, écrivain, journaliste au Figaro.
[18] Paul Faure (3 février 1878 à Périgueux (Dordogne)- 16 novembre 1960 à Paris) est un homme politique français, dirigeant de la SFIO dans l’entre-deux guerres. En 1938, il soutient les accords de Munich, puis se rallie à Vichy en 1940 : il est nommé au Conseil national. Il fut exclu de la SFIO en 1944 et fonde le Parti socialiste démocratique qui participe au rassemblement des gauches républicaines (RGR) mais n’eut aucun impact politique.
[19] Angelo Tasca, alias Ernesto Rossi, alias André Leroux est né le 19 novembre 1892 à Moretta en Italie. Il se fixa à Paris en 1929, où il mourut le 3 mars 1960. Il a publié des ouvrages sous le pseudonyme d’Amilcare Rossi. Il rejoint le journal Le Populaire, quotidien de la SFIO, où Léon Blum lui confie la rubrique internationale. Il signe ses articles sous le nom d’emprunt André Leroux et acquiert vite une autorité incontestée dans le milieu des journalistes de la politique étrangère. Au sein de la SFIO, il occupe une position originale : à la fois anti-communiste et antifasciste, il s’oppose aux pacifistes. Il obtient la nationalité française grâce à l’intervention du germaniste socialiste Pierre Viénot. Tasca prend la direction du Parti socialiste italien, dont beaucoup de dirigeants se sont réfugiés en France. Avec Modigliani, Buozzi et Favarelli, il fonde la tendance hostile à toute alliance avec les communistes. Durant la période du Front populaire il prend parti pour le POUM espagnol contre le PC. Il suit le gouvernement à Vichy et adhère à la Révolution nationale. Il participe au lancement de l’Effort, journal des socialistes ralliés à Vichy. Il occupe des fonctions officielles à Vichy au Ministère de l’Information, sous l’autorité de Paul Marion. Il est le père de Catherine Tasca.
[20] Gaston Bergery, né le 22 novembre 1892 à Paris et mort le 10 octobre 1974 à Paris, est un homme politique français. Secrétaire général adjoint de la Commission des réparations (1918-1924), il est ensuite directeur du cabinet d’Édouard Herriot au ministère des Affaires étrangères (1924-1925) puis député-maire (radical) de Mantes en 1928. Il soutient sans en faire partie les « Jeunes Turcs ». En 1933, il fonde le « front commun contre le fascisme, contre la guerre et pour la justice sociale » puis, l’année suivante, l’hebdomadaire frontiste La Flèche, et, en 1936, le Parti frontiste. Député du Front populaire, il défend les Accords de Munich par pacifisme.
Le 6 juillet 1940, il appelle le parlement à voter une motion instaurant un « ordre nouveau, autoritaire, national, social, anticommuniste et antiploutocratique ». Le 10 juillet il vote les pleins pouvoirs. Il rédige une partie du message aux français de Philippe Pétain (11 octobre 1940) où ce dernier propose aux français une collaboration avec les Allemands. Il rédige aussi, avec Emmanuel Berl, l’« appel aux travailleurs » du maréchal Pétain. Il est ambassadeur du régime de Vichy à Moscou en 1941 puis à Ankara entre 1942 et 1944. Traduit devant la justice en 1949, il est acquitté. En 1951, il participe à la fondation de l’Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain.
[21] Paul Marion né le 27 juin 1899 à Asnières, décède en 1954 à Paris était un journaliste français, militant communiste devenu fondateur du PPF et membre du gouvernement de Vichy. Membre du Parti communiste en 1922, il fait partie du comité central du Parti communiste français (PCF) en 1926 et secrétaire de la section Agit-prop. De 1927 à 1929, il appartient au bureau de propagande du Komintern à Moscou. En 1929, il rompt avec le PC et rejoint la SFIO puis l’Union socialiste républicaine (USR) ; il compte alors parmi les pacifistes de la gauche néo-socialiste (Notre temps). En 1936, joint les rangs du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot où il est rédacteur en chef de L’Émancipation nationale puis de La Liberté. Il quitte le PPF en 1939 après avoir été mobilisé, mais il est de retour en janvier 1941 à la suite d’une intervention d’Otto Abetz en sa faveur. Le 11 août 1941, il est nommé secrétaire général à l’information et à la propagande sous le régime de Vichy. En 1944, il devient secrétaire d’État auprès du maréchal Pétain qu’il suit en Allemagne à Sigmaringen. Condamné à dix ans de prison le 14 décembre 1948 et grâcié en 1953 pour des raisons médicales, il meurt de maladie en 1954.
[22] François Chasseigne, né le 23 décembre 1902 à Issoudun (Indre) et mort à Chavin (Indre) le 13 mars 1977, était un homme politique français, député de l’Indre, maire d’Issoudun et membre du gouvernement de Vichy. Journaliste, François Chasseigne a été très jeune attiré par la politique. Il devient conseiller général de l’Indre, puis député d’Issoudun en 1932. Il siège alors au Groupe d’unité ouvrière et s’intéresse particulièrement aux questions agricoles, au commerce du blé et au commerce extérieur. Il est réélu député en 1936 et s’inscrit au groupe du Parti d’unité prolétarienne. Il est précisé sur lui : « il est pacifiste et ne manifeste aucun sentiment antisémite ». On dit de lui qu’il est un « ancien communiste passé à la SFIO ». Il est nommé à plusieurs postes de propagande ouvrière du régime de Vichy : chargé de mission à la Propagande au Secrétariat général de l’Information (mars 1941), puis directeur de la propagande ouvrière au ministère de l’Information (janvier à novembre 1943), puis directeur de cabinet de Jean Bichelonne au ministère du Travail, puis (à la suite de Robert Weinmann, commissaire général au Service du travail obligatoire (STO) (janvier à mars 1944). François Chasseigne devient secrétaire d’État à l’agriculture et au ravitaillement dans le cinquième gouvernement Pierre Laval, du 3 mars à août 1944.
[23] Pierre Cathala, né le 22 septembre 1888 à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) et mort le 27 juillet 1947 à Paris, avocat et homme politique français. Il est fils d´un sous-préfet. Il fait ses études à Paris. Un temps secrétaire général du Parti radical-socialiste, il s’en éloigne ensuite et constitue en 1935 le Parti radical indépendant. Il est élu Député de Seine & Oise (Pontoise) de 1928 à 1936. En mars 1930, il devient le chef de cabinet de Pierre Laval, Ministre du Travail (1930) et est nommé sous-secrétaire d’État au travail et à la prévoyance sociale (1930). En janvier 1931, il est nommé Sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil, chargé de l’Intérieur. De juin 1935 à janvier 1936, il est ministre de l’agriculture. En septembre 1939, Pierre Cathala est mobilisé à la justice militaire. De juillet à décembre 1940 il est Secrétaire général des PTT. Après le retour de Laval au pouvoir, il sera nommé d’avril 1942 à aout 1944 (856 jours) Ministre secrétaire d’État à l’Économie nationale et aux finances. À partir de janvier 1944, il devient aussi Secrétaire d’État à l’Agriculture. Fidèle de Pierre Laval, Pierre Cathala poursuit la politique financière de son prédécesseur avec cependant une marge de manœuvre de plus en plus limitée par l’occupant. Condamné par contumace à la Libération par la Haute Cour de justice, il vit presque jusqu’à ses derniers jours dans la clandestinité d’août 1944 à Mars 1947.
[24] Georges Hilaire né à Pont-de-Chéruy le 24 décembre 1900 est un homme politique français, membre du gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale. Préfet de l’Aube en septembre 1940, Il devient secrétaire général pour l’Administration à partir d’avril 1942 et secretaire général des Beaux-Arts en mars 1944. Il reçut notamment avec René Bousquet et Louis Darquier de Pellepoix (commissaire général aux Questions juives), le général SS Reinhard Heydrich à Paris en mai 1942. A la fin de la guerre, il trouve refuge en Suisse.
[25] René Bousquet (né le 11 mai 1909 à Montauban (Tarn-et-Garonne), mort le 8 juin 1993 à Paris) était un haut fonctionnaire français, puis membre du gouvernement de Pierre Laval en tant que Secrétaire général de la police du régime de Vichy du 18 avril 1942 au 31 décembre 1943.
[26] Fondateur de L’Atelier, journal hebdomadaire de la collaboration socialiste au cours de l’occupation nazie.
[27] Gabriel Lafaye est un homme politique français né le 14 octobre 1888 à Eauze (Gers) et décédé le 19 janvier 1959 à Paris. Député socialiste SFIO puis néo-socialiste, secrétaire d’Etat, il sera l’un des dirigeants du parti collaborationniste du Rassemblement national populaire (RNP) après 1940.
[28] Raymond Froideval (1897-1978) fut chargé de mission au cabinet de Raoul Dautry, ministre de l’Armement (1939-1940) puis chef de cabinet de René Belin, ministre de la Production industrielle et du travail (juillet 1940-février 1941) et enfin secrétaire général de la Chambre consultative et de contrôle des sociétés coopératives ouvrières de production (1941-1944). D’abord ouvrier serrurier, il fut syndicaliste à la CGT et adhéra au PCF, qu’il quitta en 1923 pour rejoindre la SFIO. À la CGT, il fut secrétaire de la chambre de la serrurerie à Paris (1924), puis secrétaire régional des syndicats confédérés du bâtiment (1936). Il fut à l’origine du journal Le Bâtiment syndicaliste, créé en 1936. Il fait partie de ces syndicalistes de la CGT, qui choisirent la voie de la collaboration sous le régime de Vichy.
[29] Georges Dumoulin, syndicaliste français, né en 1877, mort en 1963. Il fut trésorier de la CGT.
[30] Notamment Xavier Vallat, Joseph Darnand, Philippe Henrion, Marcel Bucard ou Fernand de Brinon.
[31] Philippe Burrin, La Dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery, 1933-1945, Le Seuil, Points Histoire, 2003 ; La France à l’heure allemande, 1940-1944, Le Seuil, Points Histoire, 1997 ; Fascisme, nazisme, autoritarisme, Le Seuil, Points Histoire, 2000.