Pourquoi faire de la politique ?

La peur du chômage notamment, explique cette situation, en minant une grande partie du pacte social. Mais, il y a surtout cette " génération du tous pourris ", entendez par là la mode répandue selon laquelle la politique ne serait qu’un repère de voyous, de maffieux " corrupteurs et corrompus ". Une succursale des Baumettes ou de la Santé. Or c’est à nous les jeunes, plus qu’à tout autre, qu’il échoit le devoir de montrer que tout cela est faux. Que la probité est la règle, l’affairisme l’exception. Que tous ces démagos, en jouant à Di Pietro, nous bernent sans scrupule.

C’est qu’en France le parti politique est une bonne bête ; on peut, on doit même pour être populaire, le décrier, le souffleter, le condamner. Il est recommandé de lui soulever la jupe afin de montrer au bon peuple ses secrets les plus intimes. Et les moins râgoutants.

Si, horrifié par semblable spectacle, vous vous précipitez devant les caméras de télévision en jouant la vierge effarouchée, vous apparaîtrez alors comme un esthète doté du plus grand sens moral. Mieux encore, servez-vous de votre propre parti comme repoussoir ; emporté par votre grandiloquence, réclamez la tête de tous ses dirigeants, qui furent pourtant de vos amis. Surtout ne respectez jamais la présomption d’innocence, hormis le jour où, mis en cause à votre tour, elle vous servira. Et peu vous importe d’avoir changé d’avis comme d’autres de chemise : vous sortez des sentiers battus, n’est-il pas ? Alors ne respectez plus rien, sauf la mode.

Non content d’être devenu un Vendéen Fouquier-Tinville, faites-vous donc sponsoriser par un apprenti sorcier de la finance internationale. Vous pourrez alors fustiger le " libre échangisme mondial ", dont on ne sait trop s’il s’agit d’une nouvelle forme de sexophilie extra conjugale, ou d’une organisation du commerce international. Elu, vous n’hésiterez alors plus à vous allier à des vikings staliniens, et la boucle sera bouclée.

Mais si vous estimez que la politique vaut mieux que cela, alors vous ne pouvez plus vous contenter d’être irrités, déçus par cette République des parlementeurs que fustigeait Barrès. Critiquer se sert à rien. Si vous voulez que l’hypocrisie régresse, à défaut de disparaître, il vous faut alors vous engager, vous battre, lutter de toutes vos forces car la politique dans vingt ans sera ce que vous en ferez. Et aujourd’hui elle est moribonde, et croule sous les coups de ceux qui, à droite, découvrent l’existence de pauvres et d’exclus avant chaque élection, ou de ceux qui, à gauche, préfèrent se fourvoyer avec un parti communiste krypto-stalinien et des écologistes durs, particulièrement irresponsables et qui s’en foutent.

Gardez en mémoire que le pouvoir politique est le plus terrifiant de tous : lorsqu’il déraille, c’est toujours de façon tragique. Or, la démocratie n’est à l’abri de rien, et surtout pas de la démagogie. Les jeunes sont les seuls à pouvoir l’éviter, faute de quoi elle triomphera.

Que ceux qui n’ont jamais eu de courage dans leur vie en aient une fois, une seule, et ils verront comme, après, on se sent fort et libre. Or avoir du courage de nos jours, c’est s’engager en politique.