Pour un G20 du "hasard moral" : Didier Marteau sur l’aléa moral

L’aléa moral ou hasard moral, de l’anglais moral hazard, désigne la possibilité qu’un assuré augmente sa prise de risque, par rapport à la situation où il supporterait entièrement les conséquences négatives des risques auxquels il s’expose. Le système bancaire actuel est un bon exemple de système où l’intervention de l’État incite les investisseurs à des prises de risque excessives.

Dans une tribune intéressante, Didier Marteau, professeur d’économie à l’ESCP Europe, revient sur ces problématiques appliquées au secteur financier.

Il note que le réel enjeu n’est pas celui de plus encore de régulation, une régulation déjà très lourde, la plus lourde de tous les secteurs d’activité probablement. « L’enjeu du prochain G20 n’est pas la création de nouvelles structures de régulation. Il est avant tout de se saisir de la question du "hasard moral". » Et en effet, cette question d’aléa moral avec les prises de risque croissantes pour profiter de la protection étatique explique l’augmentation des crises financières.

Constatant l’impact de l’aléa moral sur le déclenchement de la crise des subprimes, Didier Marteau estime qu’il faut faire payer par les banques la protection étatique qu’est la garantie implicite de sauvetage : « Une taxe "systémique" en quelque sorte, dont le prix, sous une forme simple, peut être estimé par le produit de la probabilité de défaut de la banque et du coût du soutien de l’Etat en cas de défaut. »

Mais et la probabilité de défaut et le coût du soutien de l’Etat sont inconnus et incalculables. Certes, il est toujours mieux de faire payer cette assurance que de ne pas la faire payer du tout, mais plutôt que d’entériner l’aléa moral, il faudrait surtout prendre les mesures nécessaires pour que celui-ci n’existe plus de manière aussi systématique, par exemple en augmentant les ratios de couverture des banques qui seraient ainsi plus solides. Agissons à la racine du mal au lieu de monter une usine à gaz.