Aiguilleurs du ciel : une grève choquante

Les aiguilleurs du ciel et le personnel de la DGAC ont entamé hier une grève qui devrait durer jusqu’à samedi, avec des conséquences très importantes : un vol sur deux annulé à Orly, un sur quatre à Roissy. Cette nouvelle grève d’une profession protégée est d’autant plus choquante qu’elle survient très peu de temps après que la Cour des Comptes ait très sévèrement critiqué les avantages indus dont les contrôleurs aériens bénéficient :

Le rapport de la Cour des Comptes, dirigée jusqu’à récemment par Philippe Séguin, dresse un tableau sans concession de la situation des contrôleurs aériens : un état des lieux qui souigne une organisation du travail "opaque", qui "pose des problèmes de productivité et de sécurité", et la persistance de négociations sociales "déséquilibrées" - ce qui est rare - au profit du personnel.

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Cette fois, c’est contre un projet de fusion du contrôle aérien avec cinq pays européens que les syndicats font grève. Ce projet doit permettre une meilleure allocation des ressources et des économies importantes au niveau européen par la fusion des organismes nationaux. Mais cela risquerait d’amener les contrôleurs français et le reste des agents de la DGAC à travailler autant que leurs homologues...

Les compagnies aériennes sont les premières à critiquer un mouvement incompréhensible : selon la FNAM (Fédération nationale de l’aviation marchande), ce conflit « occasionne des perturbations sérieuses qui pénalisent nos clients. En outre, dans une situation de crise du transport aérien particulièrement sévère, ce conflit fragilise encore plus les compagnies aériennes dont l’exploitation est basée principalement en France ». Et l’organisme professionnel de noter que le projet Fabec (Bloc d’espace fonctionnel d’Europe centrale) qui est au coeur du mouvement de grève est « un enjeu stratégique majeur pour la France, pour la place que doit tenir le contrôle aérien français dans l’organisation européenne du ciel unique ensuite pour conforter l’attractivité du hub de CDG ». Selon le quotidien du tourisme, les compagnies en « attendent des bénéfices opérationnels en termes d’optimisation des routes aériennes, de régularité, de ponctualité,.... »

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 Pourquoi les contrôleurs aériens font grève ? : « Les contrôleurs aériens aiment les vacances scolaires d’hiver, pas pour partir au ski, mais pour faire grève. Déjà, en février 2008, une minorité de 48 contrôleurs CGT parisiens d’Orly ont paralysé le trafic parisien. Leur mouvement préfigurait celui d’aujourd’hui qui s’oppose au ciel unique européen. En 2008, il s’agissait de mettre fin à une exception parisienne où des contrôles d’approche différents gèrent Orly et Roissy-CDG. Partout dans le monde (New York, Londres, etc.) ou ailleurs en France (Lyon, Nice), une entité unique coiffe plusieurs aéroports, ce qui améliore la sécurité, en diminuant la charge de travail, et la productivité. Mais un tel rapprochement aurait fait perdre à la CGT la majorité, probablement au profit du SNCTA, beaucoup plus enclin à négocier avec la Direction générale de l’aviation civile. Ce même clientélisme bloque aujourd’hui le cheminement vers le ciel unique européen et plus particulièrement le Fabec. »