Accueil > Société > Environnement & écologie > Climategate, enquête parlementaire.
Climategate, enquête parlementaire.
L’Institut de Physique (UK) répond.
dimanche 28 février 2010
Memorandum soumis par l’Institute Of Physics.
Révélations de données climatiques de l’Unité de Recherche Climatique de l’Université d’East Anglia.
L’Institut de Physique est une association dévouée à accroitre la pratique, la compréhension et l’application de la physique. Il a 36.000 membres dans le monde entier et est un communicateur de premier plan sur les sciences physiques en direction de tous les publics, des spécialistes au gouvernement et jusqu’au grand public. Sa maison d’édition, IOP Publishing, est un leader mondial en publication scientifique et en dissémination de la physique via les médias électroniques.
L’Institut est heureux de présenter ses vues pour informer l’enquête du Comité des Sciences et des Technologies du Parlement, intitulée « Révélations de données climatiques de l’Unité de Recherche Climatique de l’Université d’East Anglia. »
Cette soumission donne le détail de notre réponse à l’appel à témoins, qui a été préparée par le Conseil Scientifique de l’Institut et son Sous-Groupe Énergie.
Quelles sont les implications des révélations pour l’intégrité de la recherche scientifique ?
1. L’institut est inquiet que, à part s’il peut être prouvé que les e mails révélés sont des faux ou des adaptations, des implications préoccupantes se trouvent soulevées pour l’intégrité de la recherche scientifique dans le domaine du climat et pour la crédibilité de la méthode scientifique pratiquée dans ce contexte.
2. Les e mails du CRU qui ont été publiés fournissent des preuves prima facie de refus déterminés et coordonnés des traditions scientifiques honorables et des lois sur la liberté de l’information. Le principe selon lequel les scientifiques devraient être disposés à exposer leurs idées et résultats à des tests indépendants et à la réplication par d’autres, qui exige un échange ouvert des données, procédures et supports, est vital. L’absence de conformité à ce principe a été confirmée par le commissaire à l’information. Cela va bien plus loin que le CRU lui-même – la plupart des e mails étaient échangés avec des chercheurs d’autres institutions internationales qui prennent part à la formulation des conclusions du GIEC sur le changement climatique.
3. Il est important de reconnaitre qu’il y a deux catégories complètement différentes d’ensembles de données qui sont impliquées dans les échanges d’e mails du CRU :
. celles qui ont été compilées à partir de mesures instrumentales directes de températures terrestres et océaniques, tels les ensembles de données CRU, GISS et NOAA, et
. les reconstructions de températures historiques à partir de « proxys », par exemple les anneaux concentriques de croissance des arbres.
4. La deuxième catégorie, liée aux reconstructions par proxy, est à la base de la conclusion selon laquelle le réchauffement au XXème siècle est sans précédent. Les reconstructions publiées ne représentent qu’une partie des données disponibles et peut être sensible aux choix effectués et aux techniques statistiques employées. Différents choix, omissions ou processus statistiques peuvent mener à des conclusions différentes. Cette possibilité était de toute évidence derrière certaines des demandes (rejetées) d’informations supplémentaires.
5. Les e mails révèlent des doutes sur la fiabilité de certaines des reconstructions et soulèvent des questions sur la façon dont elles ont été représentées ; par exemple, la suppression apparente, dans des graphes largement utilisés par le GIEC, de résultats de proxy pour la période récente qui sont en désaccord avec des mesures instrumentales de températures contemporaines.
6. Il y a aussi des raisons de s’inquiéter de l’intolérance face aux remises en causes montrée par les e mails. Ceci freine le processus d’ « auto correction » scientifique, qui est vital pour le processus scientifique dans son ensemble et pas juste pour la recherche elle-même. Dans ce contexte, les e mails du CRU au sujet du processus de révision par les pairs suggèrent qu’il y a besoin d’une revue de son adéquation et de son objectivité telle qu’elle est pratiquée dans le domaine du climat et de sa vulnérabilité potentielle à un biais ou à la manipulation.
7. Fondamentalement, nous considérons qu’il devrait être inapproprié pour la vérification de l’intégrité du processus scientifique de se reposer sur des appels à la législation sur la liberté de l’information. Néanmoins, il a été démontré que le droit à de tels appels a été nécessaire. Ces e mails démontrent la possibilité pour des réseaux de chercheurs partageant une communauté d’esprit d’exclure effectivement de nouveaux arrivants. Exiger que les données soient accessibles électroniquement à tous, tout le temps que dure la publication, supprimerait cette possibilité.
8. Comme pas à franchir en direction de la restauration de la confiance envers le processus scientifique et pour une plus grande transparence dans le futur, les conseils éditoriaux des journaux scientifiques devraient travailler à établir des exigences d’archivage électronique des données par les auteurs, pour coïncider avec la publication. Des avis experts (des conseils des journaux) seraient requis pour déterminer la catégorie de données qui serait archivée. Beaucoup de données « brutes » demandent de la calibration et du traitement par des codes interprétatifs à différents niveaux.
9. Là où la nature de l’étude interdit la réplication directe par expérimentation, comme dans le cas de mesures sur le terrain dans le temps, il est important que les exigences incluent l’accès à toutes les données brutes, de concerts avec les critères utilisés pour, et les effets de, toute sélections, omission ou ajustement ultérieurs. Le détail de toute procédure statistique, nécessaire pour les tests indépendants et la réplication devrait aussi être inclus. En parallèle, de la considération devrait être accordée aux exigences de partage minimum en relation avec les modèles informatiques.
Les termes de référence et l’étendue de la Revue Indépendante annoncée le 3 décembre 2009 par l’Université d’East Anglia sont-ils adéquats ?
10. L’étendue de la revue de l’UEA, et ceci n’est pas inapproprié, est restreinte aux allégations de malversations scientifiques et d’évasion face à la loi sur la liberté d’information au sein de la CRU. Cependant, la plupart des e mails étaient échangés avec des chercheurs d’autres institutions de premier plan impliqués dans la formulation des conclusions du GIEC sur le changement climatique. Si tant est que ces scientifiques étaient complices dans les malversations scientifiques présumées, il existe le besoin d’une enquête plus large sur l’intégrité du processus scientifique dans le domaine du climat.
11. Le premier terme de référence de la revue est limité à « … la manipulation ou la suppression de données qui dévient par rapport à la pratique scientifique acceptable ». Le terme « acceptable » n’est pas défini et devrait être remplacé par « objectif ».
12. Le second terme de référence devrait être étendu au-delà de la revue des politiques et des pratiques de la CRU et englober la question de savoir si elles ont été enfreintes par des individus, particulièrement par rapport à d’autres déviations vis-à-vis de la pratique scientifique objective, par exemple la manipulation du système de publication et de revue par les pairs, ou de laisser des conclusions préformées passer avant l’objectivité scientifique.
A quel point les deux autres ensembles de données sont-ils indépendants ?
13. Les ensembles de données publiés sont compilés à partir d’une série de sources et sont sujet à des traitements et ajustements de diverses sortes. Des différences de jugement et de méthodologie utilisés dans de tels traitements peuvent avoir pour résultat des ensembles de données différents même s’ils sont basés sur les mêmes données brutes. En dehors de la communauté de sources, il faut prendre en compte les différences de traitement entre les ensembles de données publiés et tout ensemble de données dont ils sont tirés.
The Institute of Physics.
Février 2010
Cliquer ici pour lire le texte original en Anglais de la soumission de l’Institute of Physics.