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"Il faut libérer l’agriculture française"
samedi 13 mars 2010
Bilan mitigé pour le Salon de l’agriculture qui a fermé ses portes dimanche dernier. Succès populaire comme de coutume, il a été le réceptable de doléances appuyées de la part des agriculteurs qui ont mis en exergue une importante contraction de leurs revenus l’année dernière. A vrai dire, la situation est plus contrastée car la baisse concerne avant tout les producteurs de céréales, de fruits ou de lait. Il n’en demeure pas moins que la part de marché de la France dans les exportations agricoles et agroalimentaires a chuté de 9 à 5% entre 1990 et 2008.
Quelles sont les solutions le plus souvent proposées pour remédier à cette préoccupante situation ? Il faudrait limiter l’instabilité des prix agricoles, clame le ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire. Il conviendrait d’infléchir la politique agricole commune (PAC) pour permettre la régulation des cours, selon le Président de la FNSEA. Il s’agirait, comme l’a exposé Nicolas Sarkozy samedi lors de sa venue au Parc des expositions de Paris, de mettre en œuvre une nouvelle PAC fondée sur des prix régulés et la préférence communautaire. Loin d’être des remèdes, nous pouvons craindre que ces propositions aggravent le mal dont souffrent beaucoup de nos agriculteurs. si l’on met en cause la volatilité des prix agricoles, c’est que (au-delà du fait qu’il soit naturel que les prix varient sur un marché !) le commerce mondial est trop étroit. Du fait des barrières protectionnistes, moins de 15% de la production agricole s’échangent sur le marché international ! Dans les pays de l’OCDE, le taux moyen des droits de douane s’élève à 60% sur les produits agricoles contre 5% seulement sur les produits industriels ! Les subventions représentent environ 70% des revenus de nos agriculteurs pour le plus grand malheur des contribuables français et communautaires mais surtout de la plupart des agriculteurs eux-mêmes, appauvris par la PAC. La solution passe donc par l’ouverture des frontières. La France devrait peser sur les négociations en cours de la PAC afin que le marché se libéralise, alors même que la position de nos autorités jusqu’ici a été la plus protectionniste qui soit.
Par ailleurs, le marasme qui touche nos producteurs, et tout particulièrement de nombreux producteurs de fruits, de lait et de vin, vient entre autres du fait que le coût du travail en France est pénalisant par rapport à celui de nos voisins espagnols et même allemands. Grevée de charges sociales et de taxes, la France perd peu à peu son rang de grande puissance agricole. Nos gouvernants commencent à en prendre de plus en plus conscience et ce n’est pas un hasard si le chef de l’Etat vient d’annoncer au Salon de l’agriculture la suppression des charges sociales patronales sur les travailleurs saisonniers. Mais le problème est envisagé par le bout de la lorgnette et seule une optimisation profonde de notre sécurité sociale sera de nature à le résoudre.
Voir aussi :
Jean-Philippe Feldman
Agriculture
Protectionnisme