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Recension de l’ouvrage de Ludovic Delory
Silence, les agneaux
lundi 15 mars 2010
Sous-titré L’Etat décide pour vous, l’ouvrage que vient de faire paraître le journaliste belge Ludovic Delory, est doté d’une puissance didactique et d’une clarté suffisamment rare pour être soulignée.
Reporter à RTL-TVI depuis 2008, et co-présentateur du Journal économique de Bel RTL, Ludovic Delory signe un ouvrage qui sera sans doute d’ici peu un « classique », à la manière (et sur un thème proche) de La Grande Nurserie. En finir avec l’Etat nounou de Mathieu Laine (2006).
Dans Silence, les agneaux. L’Etat décide pour vous, Ludovic Delory retrace les principaux travers de la société moderne, qui font qu’à présent l’Etat s’occupe de tout, et en particulier de domaines dans lesquels son intervention est au mieux source de dysfonctionnements, au pire est franchement contre-productive. L’Etat régule, encadre, entrave, dirige, réglemente, l’ensemble de la vie économique, mais aussi de la vie sociale, de nos sociétés modernes.
Imprimant sa réflexion dans les pas de l’Action humaine de Mises, Delory dresse un tableau désabusé et exhaustif des travers de l’étatisme moderne, en s’appliquant en particulier à décortiquer le cas Belge, parmi les plus typiques de la folie de l’interventionnisme public qui sévit dans le monde occidental.
Evoquant en premier lieu les antiennes classiques de la philosophie politique contemporaine (existence avérée de l’intérêt général, optimum démocratique, légitimité des décisions prises par les élus, universalisme de la loi), Delory démonte chaque argument et démontre les imperfections innombrables de ces dispositifs qui, considérés comme des absolus, génèrent une multitude d’effets pervers. Rappelant les apports de Kenneth Arrow, de Condorcet, du Public Choice, de Bruno Leoni, Delory rappelle à quel point ces concepts sont précaires, et aussi imparfaits (sinon plus) que le marché, pourtant tant décrié par nos décideurs.
Dans une seconde partie, Delory explique en quoi l’étatisme, en tant qu’idéologie au service d’un développement sans limite de l’intervention de l’Etat dans l’économie, est un cancer qui détériore nos économies, et ce systématiquement au détriment des plus pauvres et des plus fragiles. Son argumentaire est à la fois limpide et sans faille.
Ainsi, Delory observe, par exemple, que le chômage augmente malgré la réglementation accrue du marché du travail. La redistribution ne règle absolument pas la question de la pauvreté ; au contraire, elle l’aggrave. Quant à la finance, elle faisait déjà partie, bien avant la crise, des secteurs les plus surveillés au monde. Sans les garanties apportées par l’État, les banques auraient-elles pris des risques insensés avec l’argent d’autrui ? Pourquoi des États au bord de la banqueroute ne cessent-ils d’élargir leur champ d’action ? Pourquoi leur survie dépend-elle de la création et de la manipulation de la monnaie ? Pourquoi le chômage ne diminue-t-il pas, et ne peut-il pas diminuer, alors même que l’intervention de l’Etat croît sans cesse ? Pourquoi le salaire minimum ne parvient-il pas à sortir les pauvres de leur pauvreté ? Autant de questions, parmi d’autres, auxquelles Delory apporte une réponse claire et argumentée : l’intervention de l’Etat est toujours néfaste, le marché toujours, non pas parfait, mais tout simplement meilleur. Ce qui n’est déjà pas si mal.
Enfin, dans une dernière partie de son ouvrage, Delory étend le champ de sa réflexion à l’ensemble des interventions de l’Etat hors du strict domaine de l’économie. Il expose quelques exemples de réglementations liberticides qui, en Belgique comme en France, sont sans doute les marqueurs les plus contemporains de la dérive de l’étatisme vers le champ sociétal, celui de l’Etat-nounou qui nous met sous l’éteignoir des hommes de l’Etat. Qu’il s’agisse de l’interdiction de fumer dans les lieux accueillant du public (et non pas dans les seuls lieux publics), du réchauffisme, des lois liberticides qui se succèdent à bras raccourcis dans de nombreux domaines (sécurité publique, internet, santé, ...), Delory développe une argumentation tout à fait convaincante.
Pourquoi des gouvernements décident-ils de réglementer notre vie quotidienne, notre futur et jusqu’à notre manière de penser ? Toute décision politique, généralement parée des meilleures intentions, porte en elle des conséquences désastreuses à plus long terme. Ce livre s’attache à les mettre en lumière. Surtout, il tire ce constat à la fois simple et terrible : les gouvernements n’aiment pas la liberté.