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Réchauffement climatique et démocratie
mardi 30 mars 2010
Les libéraux ont été depuis longtemps parmi les plus ardents critiques de l’embrigadement de la science du climat à des fins purement politiques. Ce combat est plus que jamais d’actualité, au vu par exemple des déclarations récentes de James Lovelock, le père de la théorie Gaïa qui, ouvertement, appelle à la suspension de la démocratie au nom de la lutte contre un changement climatique dont l’origine humaine et l’importance restent pourtant à établir.
Dans The Guardian du lundi 29 mars 2010, James Lovelock tient les propos suivants ; “Even the best democracies agree that when a major war approaches, democracy must be put on hold for the time being. I have a feeling that climate change may be an issue as severe as a war. It may be necessary to put democracy on hold for a while.” Face à une espèce humaine « trop stupide » pour lutter contre le changement climatique de la façon dont il le souhaiterait, des méthodes antidémocratiques sont justifiées.
Persuadé au point de l’aveuglement de la justesse de ses théories, Lovelock, agé de 90 ans, appelle de ses voeux un événement catastrophique, seul à même de changer une opinion publique, de plus en plus largement sceptique. Des prises de position qui aident à comprendre l’état d’esprit de certains scientifiques militants qui, comme l’a montré l’affaire du Climategate, se sentent tellement certains d’avoir raison, qu’ils s’autorisent toutes les méthodes, même les plus critiquables, et des violations des pratiques scientifiques.
Malheureusement, Lovelock est loin d’être isolé dans son radicalisme antidémocratique et, bien souvent, antihumain. James Hansen en est un autre exemple connu ; en 2008, il demande que les chefs d’entreprises pétrolières ou charbonnières soient jugés pour "crimes contre l’humanité et contre la nature" [1]. Clairement, la nature mythifiée passe avant l’homme, vu davantage comme un parasite. De même, il n’a pas hésité à comparer les trains transportant du charbon aux trains de la mort emmenant des déportés à Auschwitz... Allant plus loin encore, il estime en mars 2009 que la démocratie ne permet pas de traiter les questions environnementales comme il estime qu’elles devraient l’être et fait ouvertement la promotion de démarches antidémocratiques [2].
Il considère que tous les moyens, légaux ou illégaux, sont bons pour imposer l’idéologie environnementaliste ; en octobre 2007, quand six activistes de Greenpeace causèrent 30.000£ de dégâts en dégradant à la peinture une cheminée de la centrale électrique de Kingsnorth en Angleterre, il prit leur défense en arguant qu’il fallait agir et que c’était le plus important, au mépris de l’état de droit.
Dana Rohrabacher, de la chambre des représentants, qui siège au comité sur la science et la technologie, a demandé à ce que, en raison de son militantisme répété, Hansen se retire (step out) de son poste. Freeman Dyson, scientifique réputé, a pour sa part déclaré : « Hansen a fait de sa science une idéologie. »
L’exemple le plus inquiétant est probablement celui de Pentti Linkola, le père de l’« écofascisme ». Il déclare par exemple, dans la continuité de certains propos cités ici : « N’importe quelle dictature serait meilleure que la démocratie moderne. Il ne peut y avoir de dictateur assez incompétent pour montrer plus de stupidité qu’une majorité populaire. La meilleure serait une dictature où de nombreuses têtes rouleraient et où le gouvernement empêcherait toute croissance économique [...] La plus irrationnelle des croyance des gens est la croyance en la technologie et en la croissance économique. [...] Tout ce que l’humanité a construit depuis un siècle doit être détruit [...] Notre seul espoir réside dans la mise en place d’un gouvernement centralisé sans compromis pour contrôler les individus-citoyens [...] La production énergétique doit être drastiquement réduite. L’électricité ne doit être accordée que pour les strictes nécessaires éclairages et communications [...]. La mobilité doit être basée sur le vélo et les bateaux à rames [...], les voitures individuelles doivent être confisquées. [...] Les excrétats humains doivent être utilisés comme fertilisants » [3].
Comme le notent certains, il admire particulièrement le génocide des juifs et tziganes par le régime nazi, génocide qu’il estime « idéal car effectué de façon indolore et sans impacts sur l’environnement ». Et d’ajouter : “We even have to be able to re-evaluate the fascism and confess the service that that philosophy made 30 years ago when it freed the earth from the weight of tens of millions of over-nourished Europeans, 6 million of them by ideally painless means, without any damage to the environment” [4]. Dans une interview pour le Wall Street Journal, il déclare que la Seconde Guerre mondiale a été un moment heureux pour la planète. S’il y avait un bouton sur lequel je puisse appuyer, « je me sacrifierais sans aucune hésitation, si cela conduisait à la mort de millions de personnes ».
Image : James Lovelock par Bruno Comby en 2005. licence Creative Commons Paternit
[1] Il écrit ainsi : "In my opinion, these CEOs should be tried for high crimes against humanity and nature."
[2] "Leading climate scientist : ’democratic process isn’t working’", The Guardian, 18 mars 2009
[3] Unelmat paremmasta maailmasta ("Dreams about a Better World"), - http://www.penttilinkola.com/pentti_linkola/ecofascism/
[4] Pentti Linkola, Toisinajattelijan päiväkirjasta. WSOY 1979