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La mondialisation est une chance pour l’Afrique
samedi 3 avril 2010
Journalistes et économistes mettent volontiers la mondialisation en accusation pour expliquer nombre des maux du continent africain. En partant de l’observation, assez réaliste, que quelques multinationales font « un peu ce qu’elles veulent » en Afrique, on en infère que la mondialisation est la cause du sous-développement africain. Mise au point pour l’IREF d’Emmanuel Martin, responsable du site « Un monde libre ».
L’Afrique est-elle mondialisée ?
Il ne fait aucun doute que certaines multinationales peuvent souvent exercer une espèce de monopole, s’acoquiner avec un pouvoir corrompu - notamment dans le secteur de l’exploitation des hydrocarbures, et ne sont pas disposées à rendre leur activité transparente. Pour conserver des contrats publics, elles doivent payer. Elles nourrissent ainsi une corruption au sommet d’États qui ne respectent pas l’état de droit, aidant à maintenir au pouvoir des régimes peu reluisants et suscitant le ressentiment légitime des populations. Pour autant est-ce là de la « mondialisation » ? La mondialisation est en réalité l’ouverture, la concurrence, les échanges libres, la liberté de mouvement et les opportunités. C’est bien le contraire du monopole et des rentes de quelques multinationales.
Par ailleurs, arguer que la mondialisation exploite l’Afrique suppose qu’une partie considérable des capitaux internationaux s’y jettent pour « profiter » du continent. Or, que révèlent les chiffres ? La CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement) indique que le stock d’Investissements directs étrangers (IDE) dans toute l’Afrique en 2008 équivaut à … 3,42% des IDE dans le monde : presque moitié moins que la destination France à elle seule ! Si ces chiffres indiquent quelque chose, c’est que l’investissement international ne se dirige pas assez vers l’Afrique. L’Afrique n’est en réalité pas véritablement mondialisée.
L’Etat et la bureaucratie étouffent l’Afrique
Pourtant certains, et paradoxalement parmi eux des gens qui dénoncent les méfaits de la mondialisation en Afrique, s’en réjouissent. Ils déclarent que les Africains ne sont de toute façon pas prêts pour la mondialisation : ils n’auraient « pas l’esprit du commerce » ! Quelle ironie : les racines historiques de l’Afrique sont celles d’un vaste marché libre ; les routes d’Afrique forment souvent un grand marché courant sur des kilomètres. A Treichville à Abidjan, un exemple parmi tant d’autres, il est impossible pour un étranger de se balader sans se faire aborder par des jeunes changeurs des rues, qui se comportent en véritables entrepreneurs. Cette idée – fausse - que les Africains n’ont pas l’esprit du commerce est en réalité véhiculée par une classe de bureaucrates africains – quand ce ne sont pas des professeurs d’économie (!) qui distillent ce complexe d’infériorité dans l’esprit des étudiants - légitimant ainsi un État soi-disant protecteur … et la bureaucratie qui va avec.
En réalité en Afrique l’État et sa bureaucratie sont plus « étouffeurs » (enrayeurs aurait dit Bastiat) que protecteurs. Les entrepreneurs ne peuvent pas librement y faire prospérer leurs affaires et ainsi initier comme ailleurs le développement économique de leur nation. Il suffit pour s’en convaincre d’ouvrir le dernier rapport « Doing Business ». En Afrique sub-saharienne lancer une entreprise officiellement coûte 100% du revenu annuel par tête. Un permis de construire ? Près de … 2000% du revenu par tête : 20 ans de revenus. En Côte d’Ivoire, il faudra attendre près de deux ans pour avoir ce permis… Voilà pourquoi la plupart des gens entreprenants sont forcés d’évoluer sur les marchés informels du fait de réglementations irrationnelles. Cette informalité forcée empêche le développement économique : les entreprises ne peuvent pas croître dans l’informel.
Voir en ligne : La mondialisation : une chance pour l’Afrique
Image : carte satellite de l’Afrique, r