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Bon points et instructions de Van Rompuy à la classe politique britannique
Le président a parlé
lundi 5 avril 2010
Van Rompuy félicite les gouvernements britanniques successifs pour avoir défié l’euroscepticisme populaire. « Je ne suis pas favorable à critiquer les gouvernements britanniques des 20 ou 30 dernières années parce que le fait est qu’ils ont approuvé le traité de Maastricht, le traité d’Amsterdam, le traité de Nice et le traité de Lisbonne », dit il.
Une façon facile d’identifier un europhile est de parler des sentiments anti européens. Il (et en général, ce sont des hommes) s’en réfère immédiatement au « populisme », l’anathème pour les élites qui dirigent l’Europe, qui vivent clairement dans la crainte de ceux qui sont capables d’en appeler au sentiment populaire.
Tel est le cas de Herman Van Rompuy, le Président du Conseil Européen, interviewé dans le Daily Telegraph vendredi 2 avril, et qui se révèle une personnalité autoritaire dépourvue de tout doute.
Devant l’opportunité de s’adresser aux Britanniques – ou du moins aux lecteurs du Telegraph, ce qui n’est pas tout à fait la même chose – il opte en fait pour s’adresser aux politiciens britanniques, une chose en apparence étrange pour une interview dans un journal. Et il dit à ces politiciens que c’est leur boulot de « convaincre leur population » (au sujet de l’UE). « Eux ils sont élus, moi je ne le suis pas » dit il.
Se montrant très lyrique à propos de l’Europe, il déclare ensuite « défendons tout ceci », nous informant que « les gens ont envie de croire en quelque chose et d’espérer … quand je parle aux gens (et) que je parle le langage de l’espoir, mettant en avant pas seulement les problèmes et les défis, mais aussi ce à quoi nous sommes déjà arrivés, alors il y a un soulagement ».
Comme on pourrait s’y attendre, le Président n’a rien de bon à dire sur les eurosceptiques, affirmant qu’ « on peut toujours inventer 30 arguments pour démolir tout cela [l’UE] , mais « le populisme et pour la solution de facilité. Il n’exige aucun effort de la part de la population ».
Il attribue la marée montante de populisme dans l’UE qui a fait de Bruxelles une cible à « un fort sentiment anti autoritaire contre tous ceux qui ont des responsabilités à l’école, à l’Eglise, au gouvernement. Ils sont assez faciles à discréditer [et] … ils sont des cibles faciles. L’Europe est une forme d’autorité et l’euroscepticisme suit ces lignes ».
Et puis on commence à comprendre pourquoi il s’adresse aux politiciens. Il félicite Gordon Brown qui a « ratifié le traité de Lisbonne contre une ferme opposition domestique » et exprime de l’admiration pour son livre de 2007, Courage, affirmant que le « populisme et le courage sont des choses opposées ».
Van Rompuy félicite ensuite les gouvernements britanniques successifs pour avoir défié l’euroscepticisme populaire. « Je ne suis pas favorable à critiquer les gouvernements britanniques des 20 ou 30 dernières années parce que le fait est qu’ils ont approuvé le traité de Maastricht, le traité d’Amsterdam, le traité de Nice et le traité de Lisbonne », dit il.
« Les Européens ne peuvent pas se plaindre, les gouvernements britanniques travaillent avec nous pour l’Europe que nous connaissons aujourd’hui. Les gouvernements conservateurs, les gouvernements travaillistes : ils ont approuvé les principaux traités de l’UE et ils se plient aussi aux directives européennes ».
Et voilà le travail. Pas de populisme de la part de Van Rompuy. Un membre de l’élite au pouvoir, il parle aux gens de sa propre espèce et il nous autorise très gracieusement à tendre l’oreille pendant qu’ils reçoivent leurs ordres de marche. Vous devez parler le langage de l’espoir, leur dit-il, et tout ira bien.
Le Président a parlé.
Article original de Richard North pour EUReferendum.