Contrepoints

Accueil > Politique > Actualité politique > Sarkoman et les Aventuriers de l’Euro perdu

Sarkoman et les Aventuriers de l’Euro perdu

lundi 10 mai 2010

Nous avons frôlé la catastrophe ! Mais heureusement, Sarkoman, le super-héros du monétaire pour les nuls, est intervenu et a, une fois de plus, sauvé la mise à nos partenaires européens ! Merci, Sarkoman !

Certes, pour une fois, Sarkoman était bien entouré ! Toute la famille de super-héros politiques était venue et, en utilisant le Super-Pouvoir de La Nage Synchronisée En Eaux Troubles, nos dirigeants ont réussi le pari de se relever, plus fort et plus brillants que jamais.

Ils sont trop fort, franchement.

Et vous adresserez la petite facture – 500.000.000.000 € – aux moutontribuables de la zone Euro. Comme il y a 309 millions de personnes partageant cette monnaie, ça fait donc un peu plus de 1600 € de plus par tête de pipe.

Mais bon, il faut bien ça !

Toute la presse est unanime : accord historique, sans précédent, exceptionnel !

L’Europe est sauvée, on a trouvé une solution ! Christine Irongarde le résume très bien dans une phrase où se mêlent les sujets, les conjonctions de coordinations et les verbes dans un tourbillon joyeux :

« Compte tenu de la multiplicité des cartes qui sont sur la table, tous les joueurs qui sont ligués tous ensemble pour défendre l’euro, moi, je suis convaincue que le mécanisme va fonctionner. »

Et pourquoi, en effet, ne fonctionnerait-il pas ? Un demi trillion d’euros, ça en fait, des petits billets mis bout à bout ! Pour donner un ordre d’idée, cela fait un terrain de foot complet sur plus de 13 cm d’épaisseur. Ou, à la louche, 6 piscines olympiques pleines si on prend des billets un peu froissés…

Avec un tel montant, on comprend qu’on ne peut que réussir, quoi qu’on entreprenne. Avec une telle somme, on aurait pu, par exemple, éradiquer purement et simplement le problème de l’eau potable dans le monde, ou fournir des écoles partout dans le monde. On peut aussi, plus rigolo, fusiller complètement une zone économique de 500 millions de personnes et emmerder les 6 milliards d’humains restant. Ça marche aussi.

Pourquoi diable ?

… Peut-être parce qu’en fait, ces 500 milliards, personne ne les a.

Pour le moment, Sarkoman et sa troupe de joyeux lurons, super-héros de la finance alternative, ont réussi à vaporiser du strass, des paillettes et de la fanfreluche rose dans les yeux des méchanspéculateurs qui faisaient rien qu’à les embêter. Cent petits milliards de ce côté, cent petits milliards de l’autre, et rapidement, on commence à parler de coquettes sommes. Niveau chefs d’états, ça en fait, des putes et du champagne !

Regardez sur le petit graphique, c’est fort simple :

Le FMI et l’Union Européenne vont donc s’associer pour faire des trous de tailles différentes. Ensuite, ils vont déplacer ces trous un peu par ici et pas mal par là, et les reboucher en faisant d’autres trous trous mignons dans le larfeuil joli des moutontribuables européens.

Fastoche !

Il suffisait de se réunir un dimanche soir pour y arriver, pardi.

Les bourses, euphoriques, remontent donc, en flèche et dans la plus parfaite exubérance irrationnelle qui permet d’affirmer que tout ceci ne tient pas debout.

Mais n’importe quelle personne un tantinet lucide comprendra que ces gesticulations n’amèneront rien de bon : ces 500 milliards sont, en réalité, un nouveau prêt, consenti par des pays endettés à des pays surendettés. Prêt qu’il faudra rembourser, un jour. Prêt qui n’existe d’ailleurs que sur le papier, l’argent n’était pas encore sur le moindre compte.

Pour le moment, il s’agit exclusivement de « redonner confiance au marché« . En réalité, une nouvelle fois, on l’enfume avec des montants impressionnants, des paroles lénifiantes et des discours volontaristes : Sarkoman et sa clique jouent aux chiffres et aux lettres pendant que les marchés, amusés, font du yoyo.

Comme des enfants totalement déconnectés de la réalité, l’ensemble de nos dirigeants continue donc à trépigner lorsque ça va mal, se défausser de leurs responsabilités lorsque pourtant tout les désigne comme coupables, et empilent des solutions toutes plus ridicules ou naïves les unes que les autres.

A présent, une question taraudera l’homme honnête : qui va payer ? Je veux dire, réellement ?

Ne serait-ce pas ces générations futures dont on nous bassine régulièrement les oreilles ? Avec une bonne grosse chignole de très gros calibre, les dirigeants européens ont en effet signé pour une sodomie par l’inflation. Bravo.

Ou sera-ce ces travailleurs travailleuses que le grand capital n’a pas fini de spolier quand il est de mèche avec le bras armé de l’État ? Parce que bon, soyons clairs : si les banques, en 2008, avaient claboté, cela n’aurait pas été la fin du monde et on aurait tous été plus riches de ces quelques centaines d’euros qu’il a fallu pour les renflouer.

Et de la même façon, si les états tombent, ce ne sera pas la fin du monde. Ce sera, très certainement, la fin d’un monde rempli de bouffons agaçants et de parasites inutiles qui nous répètent qu’il faut aller voter, que les impôts, c’est supayr, et que le civisme citoyen pro-actif festif est nécessaire à la survie de l’espèce (la leur).

Mais dans ce monde là, il faudra toujours des gens pour préparer des repas pour remplir des ventres. On aura toujours besoin d’un bon plombier, d’un serrurier ou d’un charpentier. On aura encore besoin d’un constructeur de voitures ou de téléphones portable.

Et on n’aura absolument pas besoin d’un – au pif – Sarkozy, d’un DSK ou d’un Trichet pour nous dire comment gérer notre argent, pourquoi lui en donner un paquet, et comment il va le cramer en pure perte.

La faillite d’un état, ce n’est certainement pas drôle ; c’est même désagréable. Mais est-ce réellement pire que ce qui nous attend quand il faudra rembourser ces piscines olympiques de billets ?


Article repris avec l’aimable autorisation de l’auteur. Image : Nicolas Sarkozy et Angela Merkel

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)