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Décrépitude collectiviste

mercredi 12 mai 2010

Bon, c’est pas tout ça, mais pendant que la Grèce se fait sauver à coup de centaines de milliards, que l’Espagne respire et que le Portugal se décontracte dans la bonne humeur retrouvée, que devient la France, pays des milles génies et des politiciens affûtés comme du beurre chaud ? Eh bien la France ressemble de plus en plus à ces paradis collectivistes qu’on nous brossait dans les années 50, 60, 70 et 80 avant la chute du Mur.

Oh, certes, il y a encore une bonne part de liberté d’expression.

N’en déplaise aux tenants de l’antisarkozysme primaire un peu débile qui n’arrêtent pas de crier au fascisme depuis que Nicolas est arrivé au pouvoir, l’expression reste relativement libre. Certes, tous les jours, nous assistons à de furtifs petits coups de canifs dans le fumeux contrat social(iste) établi entre les politiciens et le reste de la société. Certes, cette liberté d’expression est fort mal utilisée par une presse totalement inféodée au pouvoir ou à l’étatisme tant ses besoins compulsifs de subvention sont importants. Certes, et je l’ai dit ici à de nombreuses reprises, l’auto-censure rogne effectivement cette liberté d’expression plus efficacement que toutes les lois et bidouilles juridiques que nos élus jettent sur la route du citoyen qui veut exprimer son désaccord.

Certes.

Mais la comparaison de la France avec la RDA, la Roumanie, ou, plus proche de nous chronologiquement, de Cuba ou du Vénézuéla n’est pas totalement dénuée de fondement.

J’en veux pour preuve l’amoncellement récent de petites nouvelles inquiétantes sur la santé réelle du pays, non pas sur le plan macro-économique, mais sur le plan de la vie de tous les jours qui concerne finalement bien plus le citoyen lambda que les % de croissance ou le PIB…

Ainsi, on apprend de façon fort discrète qu’en Île-de-France – pour rappel, la région la plus riche de France – on va se voir tenu de réduire drastiquement l’éclairage de certaines portions de voies rapides.

La nuit, progressivement, le pays français va donc retrouver sa belle clarté de cieux qui permettront à toute une génération d’astronomes enthousiastes d’aller mirer les étoiles sans avoir besoin de se rendre sur le Larzac, loin des lumières de la ville. C’est écolo-friendly, c’est aussi économique, et mieux, comme le dit l’article, c’est bon pour la sécurité routière puisque les portions sans lumières voient leur nombre d’accident décroître (!) .

Aaaaah, que c’est bon de lire cette merveilleuse argumentation pour, finalement, expliquer pourquoi les routes ne seront plus éclairées ! On apprendra bientôt qu’il s’agit aussi d’un geste – étendu au reste de la France – permettant aux petits insectes de se reposer (important, la faune du pays !), qui provoquera une baisse des accidents corporels (important, la sécurité routière !) et qui redonnera leur virilité perdue aux fiers Français pour faire des enfants (important, les retraites prochaines payées par les génération futures !) …

Oui, je sais comme ça, de loin, ça fait penser à d’autres pays.

Mais il est vrai que l’absence d’éclairage de ces portions correspond aussi au constat un peu alarmant de l’incapacité des pouvoirs publics à protéger l’infrastructure routière ou, plus prosaïquement, ne pas se faire piquer ses câbles en cuivre.

En effet, une partie non négligeable des portions concernées n’ont déjà plus d’éclairage pour la simple et bonne raison que les transformateurs électriques ont été habilement dépouillés de leurs parties cuivrées. Les cours des métaux s’envolent à mesure que celui du papier estampillé BCE dégringole, que voulez-vous…

L’État n’a, au final, pas d’argent pour éclairer les routes. Ou pas d’argent pour remplacer les câbles volés. Ou pas d’argent pour empêcher qu’on les vole. Ou pas d’argent pour choper les voleurs. En tout cas, … il n’a pas d’argent.

Et quand ce n’est pas l’État, ce sont les sociétés, nationaâââles et républicaines et citoyennes et éco-responsables et pas trop festives, qui ont aussi des petits soucis : EDF semble avoir quelques petits problèmes à conserver son réseau électrique en bon ordre de fonctionnement.

Si si. On a même fini par s’en rendre compte : des pannes plus fréquentes, des temps d’interruption électrique plus long de 50% en 10 ans… Paradoxalement la situation est éclairante : le public ne gère pas le réseau correctement. On se souvient, du reste, qu’on avait frôlé la catastrophe cet hiver avec la multiplication des conflits internes et des grèves qui avaient empêché la maintenance de plusieurs réacteurs nucléaires.

Et quand ce n’est pas l’électricité publique, ce sont les réseaux ferrés, eux aussi publics, qui accusent, lentement mais sûrement, les années d’indigence, de mauvaise gestion et de dégradations diverses, variées et surtout répétées. A tel point que les clients/usagers se lâchent auprès de Pépy, commis de l’Etat un peu à la ramasse et pourtant toujours persuadé que la grandeur, la réputation mondiale de la SNCF et la fierté d’être Français suffisent à passer l’éponge sur les accumulations de problèmes du rail.

Ici, parce que je suis quelqu’un de sympathique, je n’évoquerai pas les soultes, les déficits, les dettes et les engagements hors-bilan de ces sociétés nationaâââââles républicaines et joyeuses. Les adjectifs au-delà de monstrueux et phénoménaux me manquent un peu.

Quant à la Sécurité Sociale Et Le Système De Soins Que Le Monde patati patata, force est de constater qu’avec des ponctions toujours plus élevées et des prestations toujours plus basses, l’effet ciseau s’est largement fait sentir. Les plus riches en grognent. Les plus pauvres en meurent.

Et même dans la région la plus riche de France, évoquée au début de ce billet, alors qu’on remballe les câbles électriques des voies rapides, il semble qu’on ait aussi des problèmes à joindre les deux bouts pour les hôpitaux publics : Notre Dame de Paris Bertrand Delanoë s’en est tout ému au point de constater que, dixit, son “hôpital public est (tout méchamment) agressé”.

Rencontre violente de la froide réalité comptable avec la joie dépensière d’une fluffytude de combat enrobée de citoyenneté festive, de vélib’ et de transports en communs rigolos, toujours propres et pas trop fréquentés : il va falloir faire des sacrifices dans les dépenses, scrogneugneu, arrêter les subventions pour d’obscures associations comme Festival Théâtre & Choucroute, Les Femmes et les Mathématiques, Courir Pour le Plaisir, Islam Poétique, Le Temps des Rues, Bière et Cathéter – ami lecteur, sauras-tu déceler les vraies des fausses ? – et se concentrer sur les trucs importants.

Oui mais voilà ! Que choisir ? Dilemme, confusion, déroute, migraine : comment faire comprendre aux zartistes, aux zintermittents que la Mairie de Paris n’a plus un rond pour leurs loufoqueries bigarrées ? Comment expliquer aux Parisiens que Paris-Plage, c’est bien joli, mais ça coûte un pognon dingue de se balader en slip sur du sable d’import aux bords des quais de Seine alors que l’hôpital manque de bras et de scanners ?

Oui, vraiment, le bilan est inquiétant. Et même si une comparaison avec les Zendroits Les Plus Sombres de Notre Planète, si le rappel des Zeures Les Plus Sombres De Notre Histoire est clairement une exagération, on est tout de même fort loin d’une France qui fut une des grandes puissances mondiales. On est très loin d’un pays qui devait montrer la voie.

On est beaucoup plus proche, finalement, d’un pays qui s’enfonce … dans une lente décomposition.

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