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Avalanche de cafouillages

mardi 25 mai 2010

Fouyaya fouyaya, c’est la catastrophe ! S’il y a bien un mot pour résumer ce week-end de Pentecôte, c’est celui de Cafouillage. D’autres, moins sobres, auraient parlé de Merde In France sur toute la ligne, mais j’en resterai à cafouillage, d’autant qu’on retrouve ce terme jusque dans les titres de journaux. Et, vous allez le lire, cafouillage est encore un peu faible : ce fut un week-end éprouvant pour les politiciens…

Avant de parler de nos habituels suceurs d’impôts et autres énarques empapaouiteurs d’honnêtes citoyens, on peut même, rapidement, évoquer le cafouillage dans l’une de ces entreprises publiques, fleuron de l’industrie nationale du Cafouillage, qui n’en finit pas de fournir un service toujours plus médiocre à des prix toujours plus élevés, et avec l’argent de tous en prime…

Je veux bien évidemment parler de la SNCF qui, en l’espace de trois jours, nous aura concocté une version longue remasterisée director’s cut cinémascope grand angle et 3D de son célèbre show « J’ai Ripé Sur Le Bouton, Chef« . Il n’y a pas eu mort d’hommes et on peut donc en rire encore sereinement, mais je crains qu’on ne soit pas toujours aussi verni.

En l’espèce, tout à commencé vendredi soir avec un merdage total de la billeterie. Cette fois-ci, l’erreur serait due à une petite injection de données frelatées dans les énhaurmes bases pas trop SQL de la Régie Nationaââale de Chemins de Fers Français, avec plantage global et roll-back obligatoire de tout le foutoir. Certes, cela arrive, dit-on, aux meilleurs, mais cela arrive aussi et surtout aux plus mauvais. Enfin bon, l’informatique et la SNCF, c’est une longue histoire d’amour parsemée de maladies vénériennes.

Mais roulant – à vitesse réduite – de Charybde en Scylla, la SNCF ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin de fer : voilà-t-y pas que des plaisantins s’amusent à lui piquer des kilomètres de câbles en cuivre sur les voies TGV Eurostar et Thalys. Zut et crotte. On se croirait en Irak, à ce tarif.

Fini ? Eh bien non. Jamais deux sans trois et le week-end se termine en beauté pour la compagnie qui, au siècle dernier, transportait à peu près des gens en trains mais semble de plus en plus s’orienter vers un business-model alternatif qui l’oblige à déplacer des foules en autocar et à rembourser des billets qu’elle n’arrive pas à leur vendre. En effet, badaboum, lundi soir, c’est un véritable Waterloo à Austerlitz qui cafouille à son tour.
Et dire que vous, contribuables français, vous payez, chèrement, pour tout ce bonheur. Aaaah (soupir). De loin, on dirait une économie communiste où tout part en quenouille d’un seul coup. Non ?

Mais oublions un instant les galères répétitives (et maintenant coutumières) des usagés de la SNCF pour revenir à nos cafouillages plus politiques.

Et là encore, ce week-end aura été l’occasion d’un véritable festival. On ne sait plus où donner de la tête.

On peut ainsi commencer par les adorables échanges de propos gênés entre Estrosi et Woerth au sujet de la retraite. L’un et l’autre se sont exprimés récemment sur le sujet, mais comme, évidemment, rien n’est fixé, rien n’est écrit, rien n’est gravé dans le marbre et les consultations doivent avoir lieu / reprendre / continuer, on comprendra que lâcher, comme ça, plaf, au milieu d’une interview détendue avec des cacahuètes et un petit jaune, que, vous comprenez mon brave Apathie, on ne peut plus s’arrêter à 60 ans et qu’il va bien falloir aller plus loin, bing, … ça fout un froid.

Ménon ménon ménon mékeskidi météfoutwâ chut faites-le taire dit en substance notre aimable auteur de fictions enfantines, Eric Woerth, qui explique que non non, tout ceci n’est pas arrêté et qu’on va répartir – ça, les étatistes, aiment bien, répartir – les gains d’espérance de vie, un peu par ici, et un peu par là, histoire que tout le monde puisse bien profiter de sa retraite à 63 ans. Pardon heu je veux dire 60, mais heu bon les discussions sont ouvertes.

Ils sont mignons. Ils nous prennent un peu pour des andouilles, mais comme cela fait trente ans que cela dure et que, finalement, personne ne leur dit stop, il n’y a pas de raison qu’ils s’arrêtent, hein.

En réalité, je vous le rappelle : pour ceux qui sont actuellement en retraite, profitez-en encore un peu, ça ne durera pas. Je dirai quelques années, au plus. Quelques mois, peut-être, si l’on en croit un type comme Christian Saint-Etienne… Et pour les autres, vous pouvez faire une croix dessus. Oubliez. Cette retraite-là, vous n’y aurez pas droit. Du tout. Vous avez cotisé ? Bah oui, bien obligés, hein. Eh bien tant pis. Vous vous êtes fait avoir.

Mais rassurez-vous : ce n’est qu’un petit cafouillage.

Il y en aura d’autres.

Ce week-end, par exemple, il y a eu aussi le maintenant rituel cafouillage du lundi de Pentecôte férié mais non chômé – comprenez comme vous le voulez – et le recouvrement de la taxe correspondante, cette magnifique solidarité artificielle, obligatoire et dont les montants s’évaporent entre la poche du patron et celle du salarié au plus grand profit de … de personne en fait, tout ceci servant essentiellement à huiler la monstrueuse machine étatique dont les petits pignons et les gros engrenages tournent maintenant à toute vitesse en roue libre avec la réconfortante certitude que s’ils s’arrêtaient, ce serait peut-être probablement hypothétiquement pire.

Vous avez l’impression de vous être un peu fait enfler ? Allons allons. Il ne faut pas : en effet, vous vous êtes fait enfler, mais si vous devez vous arrêter à ce petit cafouillage, vous allez vous choper un ulcère.

Respirez et passons.

Revenons à nos politiciens, ceux qui passent, de temps en temps, un petit coup de chiffon professionnel et attendri sur l’imposante machine étatique lancée à pleine vapeur vers les horizons de nouveaux impôts tous plus rigolos et vexatoires les uns que les autres.

Prenons Martine Aubry. C’est une image, la seule chose qui devrait prendre Martine, sauvagement et sans atermoiements, c’est la retraite, par exemple le 8 août de cette année, où elle fêtera ses 60 ans, et bon débarras. Mais bref, si l’on prend le cas de Martine, on apprend, consterné et un peu pris de pitié, aussi, que la future retraitée continue de tenter le tout pour le tout avec son concept fumeux et socialoïde (ou fumoïde et socialeux, ça marche aussi) de Société du Care : manifestement, cela ne plaît pas à droite (on s’en serait douté) mais pas non plus à gauche, dixit Valls. Bref, ce n’est pas gagné pour Martine et ses concepts d’importation un peu moisis et qui sentent surtout la construction ad hoc pour tenter de divertir les foules.

Heureusement, il se trouve toujours une bonne âme ou une sociologue mode française pour venir en aide à la Première Secrétaire : non, le care, vous verrez, c’est super, et c’est vraiment de ce dont on a besoin, là, maintenant tout de suite ou disons dans deux ans, alors que la dette prend des nouveaux digits et des proportions inconnues jusque là, que le système de retraites … cafouille, disons, et que les propositions des uns et des autres renvoient elles aussi à la notion de cafouillage version trisomie, autisme et suicide à la petite cuillère.

Car pendant que le gouvernement cafouille sur Facebook et les retraites, que l’opposition cafouille sur le Care, bref pendant que nos responsables cafouillent aux fraises, l’euro, la monnaie unique (rappelez-vous, que diable !) cafouille à son tour dans un océan de perplexité et de crispation de plus en plus sévère.

Mais dans tous ces cafouillages, une bonne nouvelle, et c’est par celle-là que je vais terminer : les bébés humains meurent moins. Quelque part, cela fait chaud au cœur.

Et comme par hasard, ce n’est pas du tout grâce à Aubry, Woerth, Estrosi ou aucun de ces clowns qui nous gouvernent.

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