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Réchauffement climatique : un conflit entre société bureaucratique et société civile

samedi 12 juin 2010

La grande campagne sur l’origine humaine du réchauffement climatique est née de l’étrange alliance de trois acteurs, a priori assez étrangers les uns aux autres.

D’une part, le mouvement écologiste. Le temps où les écologistes s’en tenaient à la défense des fleurs et des petits oiseaux est passé. Les écologistes actuels, reprenant à leur compte l’héritage de l’intelligentsia radicale, considèrent que le modèle de société capitaliste occidental est intrinsèquement pervers, qu’il menace la survie même de la planète, et qu’il faut donc le détruire.

Ensuite, la bureaucratie transnationale de l’ONU. Comme toute bureaucratie, celle-ci ambitionne d’étendre son espace d’intervention. Estimant que la défense de la nature est un problème qui transcende les frontières et ne peut être résolu par les Etats nationaux, elle a décidé que c’est à elle de le prendre en main. Du même coup, elle a trouvé là un fructueux terrain d’entente avec les organisations écologistes, qui lui a permis de nouer avec elles d’étroites relations.

Enfin, la bureaucratie scientifique. Depuis la deuxième guerre mondiale, l’activité scientifique a pris un développement tel, notamment avec les projets de "big science" financés par les gouvernements, que la communauté scientifique a vu émerger en son sein un corps de gestionnaires, qui se sont souvent détachés du corps des chercheurs et qui parlent en leur nom. Cette bureaucratie scientifique est elle aussi mue par les appétits propres à toute bureaucratie, à savoir l’extension de son pouvoir.

Voici que dans les années 80, une poignée de spécialistes du climat annoncent que la planète est entrée dans une période de réchauffement. Mais pas n’importe lequel : un réchauffement "sans précédent", trop intense et trop rapide pour être imputable à des causes naturelles. Dès lors, il ne peut être causé que par l’activité humaine, notamment par l’augmentation considérable des émissions de CO2 qu’elle provoque.

L’hypothèse n’est nullement invraisemblable – n’est qu’une hypothèse. Les écologistes n’ont cure de telles nuances. Pour eux, la cause est entendue : la science confirme leur discours sur la perversité de la société moderne. La bureaucratie de l’ONU est elle aussi séduite : la science la met en position de sauver le monde, car elle est la seule à pouvoir imposer à tous les Etats les mesures nécessaires. Elle va donc offrir aux inventeurs de l’hypothèse une tribune de dimension internationale, le GIEC, qui deviendra du coup la plus haute autorité scientifique en matière de climat. La bureaucratie scientifique, de son côté, trouve là l’occasion de jouer enfin un rôle à sa mesure dans les affaires du monde : pratiquement toutes les Académies des sciences, ainsi que les principales organisations scientifiques, soutiennent le GIEC. C’est ce qu’on va appeler le "consensus" de la communauté scientifique.

Les grands médias, dont on sait combien ils affectionnent tout ce qui sert à dénigrer les valeurs de la société occidentale, emboîtent le pas avec enthousiasme et multiplient les annonces apocalyptiques sur les conséquences prévisibles du réchauffement.

La dynamique devient très vite irrésistible. Pourtant, la communauté scientifique est loin d’être réellement unanime. Mais les quelques sceptiques qui cherchent à s’exprimer sont bientôt réduits au silence. Accusés d’être stipendiés par l’industrie pétrolière, traités de négationnistes, ils ont les plus grandes difficultés à se faire publier dans la presse scientifique, désormais solidement tenue en main par les hommes du GIEC. La partie paraît gagnée : en 1997, la Conférence de l’ONU à Kyoto fait adopter par l’ensemble des pays présents un protocole de réduction draconienne des émissions de CO2. Les gouvernements élus (ou non-élus) de toute la planète se sont inclinés devant une minorité d’activistes et d’experts auto-désignés.
Interdits de parole dans le monde officiel, les sceptiques ont continué dans une semi-clandestinité leur travail de réflexion et d’investigation. Ce sont des scientifiques, des journalistes, de simples membres de la société civile - surtout issus des pays anglophones. Au départ quelques individualités isolées, mais qui vont bientôt construire sur le Web un vaste réseau international où l’information circule librement. S’accumule ainsi peu à peu un énorme dossier critique qui ressemble fort à une bombe. Mais le monde médiatique et institutionnel l’ignore. A la surface, la marche triomphale se poursuit. Rien ne semble plus devoir arrêter la machine.

Et soudain c’est la catastrophe.

En novembre 2009, les e-mails échangés entre membres de l’équipe du GIEC sont soudain divulgués sur le Web - événement qui restera dans l’histoire sous le nom de "Climategate". Les correspondants y évoquent sans vergogne les "trucs" qu’ils utilisent pour cacher les résultats indésirables, les pressions qu’ils exercent sur la presse scientifique pour interdire la publication d’articles critiques, la manière dont ils contournent les lois qui les obligent à communiquer les données permettant de reproduire et vérifier leurs travaux,etc.

Et du coup, la bombe patiemment assemblée par les sceptiques explose. Dans les semaines qui suivent, le monde ébahi apprend que la thése de l’origine humaine du réchauffement climatique ne repose sur aucune preuve scientifique, que toutes les prédictions émises par le GIEC se sont révélées fausses, que les températures ont cessé d’augmenter depuis près de quinze ans, que le réchauffement de la fin du XXe siècle n’a rien d’exceptionnel – il a été précédé par deux épisodes quasiment identiques de 1860 à 1880 et de 1910 à 1940 – que pratiquement toutes les mesures effectuées par le GIEC sont suspectes, qu’il s’agisse des températures terrestres, du niveau des océans, de la fonte des glaces, etc, etc.

Si en fin de compte la mystification a été démontée, c’est grâce à ce que, si j’étais socialiste, j’appellerais la "science citoyenne" – autrement dit, la révolte de la société civile contre la société institutionnelle, des libres citoyens contre la bureaucratie. Bien que quelques-uns s’accrochent toujours désespérément à ses débris, on peut considérer aujourd’hui que l’hypothèse de l’origine humaine du réchauffement a été scientifiquement mise en pièces [1].

Mais si la bataille scientifique peut être considérée comme gagnée, la bataille politique ne l’est pas. La bureaucratie transnationale en effet n’a nullement renoncé à ses projets. L’ordre du jour prévu pour le prochain Sommet de la Terre "Rio+20", en 2012, affirme ouvertement l’intention de l’ONU de rendre ses décisions obligatoires pour tous les Etats, en vue d’instaurer mondialement une "économie verte", centralisée et administrées, qui amenerait progressivement cette "gouvernance mondiale" des experts, libérée des contraintes affligeantes de la démocratie dont rêve la bureaucratie transnationale [2].

C’est à ce prix qu’elle entend « sauver la planète ».
Il est possible que les difficultés créées par la crise financière et le surendettement des Etats entravent ce superbe programme. Mais elles ne suffiront pas pour le bloquer si la société civile ne s’en mèle pas.


[1Que la communauté scientifique se soit laissée si naïvement manipuler par une poignée d’aventuriers et de forces obscures devrait lui inspirer davantage de modestie et de prudence à l’avenir.

[2"Background paper for the Ministerial Consultations, UNEP/GCSS/XI/110/Add1", document préparatoire de la 11e session spéciale du Governing Council/Global Ministerial Environnment Forum, qui s’est tenue à Bali du 24 au 26 février 2010.
Document à usage interne divulgué par Foxnews et consultable en pdf sur ce site : http://www.foxnews.com/projects/pdf/022510_greeneconomy.pdf

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