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Sartre et Heidegger

mardi 13 novembre 2007

(Je connais des universitaires chinois, sortis invalides des mains de leurs bourreaux, qui ont sollicité Sartre d’élever la voix en faveur, en vain). En 1961, Sartre se livre à un véritable appel au meurtre, face au colonialisme : "Il faut tuer. Abattre un Européen, c’est faire d’une pierre deux coup, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé". Invité par les étudiants de Prague à honorer de sa présence leur court moment de liberté, Sartre leur prêche le matérialisme dialectique. Assis à côté des chefs officieux de la censure soviétique, il savoure leurs onctueuses acclamations au moment même où, en Russie, intellectuels et écrivains sont systématiquement traqués. Et ainsi de suite, ad nauseam. Force est de constater que le soutien apporté par Sartre au totalitarisme communiste aura été bien plus large, et bien plus gros d’effets, que l’adhésion de Heidegger au nazisme, presque une affaire privée. Qui plus est, à la différence de Heidegger, Sartre était un philosophe de la liberté, qui, en un complexe écho à Fichte, définissait la tâche de l’homme et son identité comme étant celle de la liberté. Sartre avait même fait du mot "liberté" son leimotiv, sa signature. Comment expliquer tout cela ?

George Steiner, "The Last Philosopher ?", in Times Literary Suplement, 19 mai 2000.

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