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La subversion à l’oeuvre

Le socialisme contre l’État de droit

vendredi 25 juin 2010

En détruisant les droits fondamentaux et les principes fondateurs de l’État de droit, la subversion socialiste prépare un autre modèle de société, organisé et contrôlé par un État total inimaginable même sous les pires despotes de jadis.

Le socialisme est une idéologique à multiples facettes. Cet article a pour ambition d’introduire le lecteur à l’une de celles-ci, la subversion. En France, le mot socialisme est entouré d’une aura positive et semble tout à fait fréquentable ; non seulement l’un des deux grands partis de gouvernement est ouvertement socialiste, mais encore le socialisme est assimilée à son action passée, donc à une action réformatrice loin des coups d’État sanglants des communistes. Pourtant, le socialisme, qu’il soit subversif ou ouvertement violent, est défini par Marx lui-même comme la dictature du prolétariat permettant la transition vers la société utopique communiste, où les classes sociales auraient disparu. Le fait que la troisième lettre d’URSS signifie "socialiste" n’est ni un hasard ni une tentative de noyer le poisson ; c’est bien l’acception courante du mot "socialiste" à l’époque, acception qui demeure encore dans les nombreux pays où les partis socialistes n’ont pas subi l’usure du pouvoir. La question qui nous occupe ici est la façon dont le socialisme détruit insidieusement les fondements même de l’État de droit.

Le concept d’État de droit démocratique n’est pas vide de tout sens politique, et ne se résume en aucun cas à la simple tenue d’élections libres et régulières. Pour qu’un État soit une démocratie, il faut encore que les responsables élus disposent du pouvoir réel : dans un pays comme la Chine par exemple, certains responsables locaux sont bien élus, et les élections ne sont généralement pas truquées, parce qu’elles ne confèrent aucun pouvoir réel, celui-ci restant détenu par l’appareil administratif de l’État central.

Mais surtout, un État n’est considéré comme un État de droit que s’il fait respecter un certain nombre de droits fondamentaux ; c’est la raison d’être des constitutions des démocraties. Ces droits fondamentaux ont été définis de diverses manières depuis l’origine : liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression pour la France de 1789 ; vie, liberté et la recherche du bonheur pour les États-Unis de 1776.

Quoi qu’il en soit, ces droits ont deux caractéristiques. D’une part, ils sont reconnus, et non pas attribués, contrairement aux privilèges des anciens régimes. La loi ne fait que reconnaître un droit consubstantiel à la nature d’homme, elle n’arroge pas une licence par le bon vouloir du souverain, quand bien même le souverain est le peuple lui-même à travers ses représentants. D’autre part, ils sont universels, et ne peuvent dépendre de conditions historiques, économiques ou géographiques particulières. Cette conditions d’universalité est plus importante qu’il n’y paraît au premier abord, car si un droit universel peut être appliqué partout et pour tous, un droit qui ne le serait pas serait nécessairement appliqué partiellement et dans le compromis, ce qui viole la notion même de droit fondamental et nuit à l’opposabilité des véritables droits fondamentaux.

La droite réactionnaire du dix-huitième siècle a maladroitement attaqué les droits fondamentaux. Mais quelle popularité peut gagner une idéologie qui propose que les citoyens vivent à la merci de leur souverain ? Ainsi, les attaques ouvertes contre les droits fondamentaux ont connu un échec cuisant. A contrario, le socialisme naissant les a attaqués progressivement et d’une façon beaucoup plus insidieuse, en créant des droits nouveaux et inapplicables qui ont permis de relativiser les vrais droits fondamentaux. Ce sont les droits-créances. Je renvoie notamment à Hayek pour une définition rigoureuse de ceux-ci, mais que le lecteur retienne seulement que ce sont des droits qui rompent le principe d’universalité. Les vrais droits ne nécessitent rien d’autre que la non-interférence pour être respectés ; les faux nécessitent une action de la part d’autrui.

Ce qui caractérise le mieux la subversion socialiste, c’est l’inversion des valeurs. La mauvaise monnaie (fiat) chasse la bonne (l’or) ; les mauvais droits (créances) chassent les bons (fondamentaux). C’est aussi le cas dans le domaine de la sûreté, dont le sens est dévoyé pour cesser de protéger les honnêtes citoyens contre les délinquants et au contraire protéger ces derniers contre les réactions légitimes des honnêtes gens. Le voyou qui braque un commerce prend dans les faits 5 ans de prison s’il agit seul ; il en fera 2. Le commerçant qui a le malheur d’avoir une arme et d’en faire usage sera condamné pour homicide, exactement comme s’il avait assassiné un homme au hasard dans la rue, et en prendra dix car son action est vue comme plus dangereuse pour l’ordre public. Gare au propriétaire qui expulse un squatter de ses propres mains : il risque aussi de la prison.

Les préservation des droits imaginaires des victimes officielles ne connaît plus de limites ; c’est ainsi que récemment, une loi vient d’être adoptée condamnant les "violences psychologiques" au sein du couple. La politicienne qui a porté le dossier au sein de la droite parlementaire, Madame Muguette Dini, a fièrement déclaré : "Nous allons être le premier pays au monde à définir un délit de violence psychologique". La France, toujours à la pointe de l’absurde. Voici donc une agression privée et verbale, qui ne peut connaître aucune preuve d’aucune sorte sinon le témoignage de la victime. En conséquence, c’est une accusation sans risque dans les déjà tortueuses affaire de divorce avec ou sans garde d’enfants à la clé. Avec cela, c’est un tour de vis de plus sur la justice rationnelle et égale pour tous, la culture de la preuve, la présomption d’innocence, dont il ne reste à dire vrai plus grand chose.

En détruisant les droits fondamentaux et les principes fondateurs de l’État de droit, la subversion socialiste prépare un autre modèle de société, organisé et contrôlé par un État total inimaginable même sous les pires despotes de jadis. La résistance à l’oppression, c’est d’abord et avant tout le devoir pour tout citoyen de réaffirmer qu’il existe de vrais droits, en nombre restreint, qui peuvent et doivent être défendus, y compris contre de prétendus nouveaux droits qui viendraient les relativiser.

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