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Vert d’austérité

L’Europe fatiguée des renouvelables

samedi 10 juillet 2010

Le fait que l’argument des emplois verts est fallacieux est désormais clair, même en Allemagne : les subventions en faveur de l’énergie renouvelable font d’un pays un gros client, et non pas un grand employeur. Acheter en masse des copies de Microsoft Office dont on n’a aucun besoin ne fait de vous un Bill Gates. Ça fait juste de vous quelqu’un de pauvre.

« De nombreux pays Européens ouvrent les yeux face au désastre des subventions extravagantes à l’énergie renouvelable. Mais pas la Grande Bretagne. La leçon pour les Américains, c’est que de jeter simplement de l’argent par la fenêtre en direction des renouvelables est une énorme erreur économique, mais que les politiciens peuvent continuer le racket malgré tout. Il va falloir une opposition robuste pour empêcher les Etats Unis de répéter les erreurs de l’Europe. »

Il est prouvé que le renouvelable est une source d’énergie chère et pas fiable, partout ou il a été essayé à une échelle significative. Et maintenant il y a une grande division entre les économies Européennes majeures qui ont adopté avec enthousiasme le vent, le solaire et d’autres renouvelables.

Alors que le Royaume Uni s’entête à jeter de l’argent par les fenêtres, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne font des coupes dans la générosité financée par les contribuables en direction des énergies politiquement correctes. La France, pendant ce temps, avec son nucléaire abondant, est intelligemment restée en dehors de ce petit jeu.

Au bout du compte, les Européens ont testé la théorie d’une « révolution de l’énergie propre » jusqu’à la destruction. Et William Stanley Jevons, célèbre pour avoir écrit La Question Du Charbon en 1865 nous sortirait : « je vous l’avais bien dit ».

Allemagne : inversion de tendance.

L’Allemagne est probablement l’environnement le plus favorable dans le monde développé pour que les énergies renouvelables y soient un « succès économique » et qu’elles créent des « emplois verts ». Ce pays subventionne de façon extravagante l’éolien et le solaire via des tarifs préférentiels d’alimentation du réseau, et se repose sur une industrie d’ingénierie électrique bien établie. S’il est possible de faire de l’énergie renouvelable un succès dans une quelconque économie majeure, c’est donc bien l’Allemagne.

Mais une législation vient de passer au Bundestag, pour réduire ces subventions. Le plan de départ du gouvernement Merkel était pour une coupe des tarifs préférentiels d’environ 40%. Le temps que qu’elles passent par les mains des lobbys pour arriver jusqu’aux législateurs, l’étendue des coupes était moins sévère, y compris une réduction de 16% pour le solaire sur les toits, et de 15% pour les installations photovoltaïques en champs ouverts.

Des changements supplémentaires proposés lundi par un comité de médiation visant à faire passer le texte à la chambre haute -le Bundesrat- semblent devoir rester relativement mineurs, avec des coupes à deux chiffres toujours probables si le gouvernement l’emporte.

Les tarifs préférentiels en Allemagne n’ont jamais vraiment apporté les emplois que leurs promoteurs dans le pays et dans le monde avaient prédits. La plupart des études estiment en fait qu’il y a eu une hausse à court terme des emplois suivie par une réduction significative.

La seule façon dont cette arithmétique aurait pu marcher, c’est de ne pas répondre juste à la demande nationale mais aussi d’exporter panneaux solaires et autres dans le monde entier. Malheureusement, les fabricants Allemands de panneaux solaires se retrouvent ces derniers temps en très mauvaise position, du fait que la demande nationale ne permet tout de même pas de compenser l’avantage de coûts de la production Chinoise. Des entreprises comme Q-Cell ont connu des chutes dramatiques de leur chiffre d’affaires (voir ici).

Le fait que l’argument des emplois verts est fallacieux est désormais clair, même en Allemagne : les subventions en faveur de l’énergie renouvelable font d’un pays un gros client, et non pas un grand employeur. Acheter en masse des copies de Microsoft Office dont on n’a aucun besoin ne fait de vous un Bill Gates. Ça fait juste de vous quelqu’un de pauvre.

Italie, Espagne, ça coupe.

L’Italie et l’Espagne font aussi des coupes. L’Italie va réduire les tarifs préférentiels d’alimentation du réseau de 18% en 2011. Chaque période de quatre mois l’année prochaine, verra une réduction de 6%. Apparemment, les marchés s’attendaient à 15 à 28%, donc les compagnies solaires s’estiment encore heureuses.

L’Espagne propose des coupes de 30% dans le chiffre d’affaire des installations solaires opérationnelles. Les groupes de pression de l’industrie se plaignent que c’est « de la triche » et qu’ils risquent la faillite.

Grande Bretagne, dernier combat des renouvelables ?

La Grande Bretagne est la grande exception. Les tarifs préférentiels arrivent juste maintenant, en complément de l’Obligation de Renouvelables.

L’Obligation de Renouvelables fournit deux Certificats d’Obligation de Renouvelables (ROC) pour chaque mégawatt heure produit par des champs éoliens offshore. Ces ROC valent juste un peu mois que 50 Livres Sterling chacun pour l’instant. Ça signifie que des subventions totales de 100 Livres Sterling par mégawatt heure sont à saisir grâce à cette seule politique (en plus du prix du carbone du fait du programme d’échanges de droits d’émissions de l’UE), ce qui au taux actuel donne 150 Dollars par mégawatt heure. Les récompenses pour une production à petite échelle sous le régime des tarifs préférentiels sont encore plus avantageuses. Le solaire à petite échelle (jusqu’à 5 MW de capacité) obtient au moins 268 Livres Sterling par mégawatt heure, soit environ 406 Dollars.

Malgré les subventions massives mises à disposition, il y a peu de signes que le renouvelable arrive à livrer de l’énergie quand on en a besoin. Au premier trimestre de 2010, la production en provenance des sources renouvelables a chuté de 7,5% par rapport à la même période de l’année précédente. Les compagnies se voient payées pour arrêter leurs éoliennes parce que le vent le vent souffle souvent à des périodes qui ne correspondent pas à une forte demande.

La tragédie de gâcher des ressources à si vaste échelle se transforme en comédie dans le cas de l’Île Hébride de Eigg. La semaine dernière, elle a reçu le prix du gagnant dans les Récompenses Ashden Pour l’Energie Durable (les Oscar verts) pour sa combinaison « rafraichissante » de déploiement extensif d’éolien, de solaire, d’hydraulique et de limitation de la consommation, de façon à arriver à 90% de renouvelable.

Mais, dans les derniers jours, les habitants de l’île se sont retrouvés à devoir drastiquement rationner l’énergie et à utiliser les générateurs diesels de secours, alors qu’une canicule a coupé la production éolienne et hydraulique. Ca ne présage rien de bon quant à la capacité la fiabilité de la livraison d’énergie à dans des endroits moins avantageux et dont la population excède les 100 personnes.

Les coûts énormes et l’utilité douteuse des renouvelables font peur aux investisseurs. Un rapport par Citigroup Investment Research prévoit l’approche d’une « crise de coûts trop élevés ». Il prévoit que, pour atteindre ses objectifs environnementaux, la Grande Bretagne devrait investir 161 milliards d’Euros d’ici 2020, plus que la France, l’Allemagne et l’Italie combinées. Payer pour tout cet investissement signifierait doubler les profits des promoteurs et doubler les prix.

Dans le contexte plus large d’ajustements fiscaux majeurs qui vont mettre une grave pression sur les revenus disponibles des ménages, il y a peu de raison de penser que le fait de doubler les prix de l’énergie est politiquement soutenable. Les politiciens peuvent être satisfaits de signer des subventions extravagantes maintenant mais quiconque investit dans les énergies renouvelables subit un risque sérieux que ses retours se voient couper à l’avenir (soit directement, soit par une taxe sur leurs profits) suite à une révolte des consommateurs face à l’augmentation des prix de l’énergie.

Tristement, la réponse du gouvernement aux investisseurs pris de frissons face aux coûts élevés des renouvelables n’a pas été de reconsidérer si ces objectifs sont réalistes. Au lieu de cela, ils établissent de nouveaux plans pour canaliser l’argent des contribuables et de vastes sommes d’investissements privés via une Banque Verte d’Investissement pour combler le manque de capital. Il faudrait un nouvel article pour examiner ce plan en détail, mais il se traduit par parier un montant énorme de l’argent des ménages Britanniques sur l’énergie renouvelable et d’autres technologies vertes.

UE : les yeux s’ouvrent tout juste.

Certains pays ouvrent tout juste les yeux sur le désastre des subventions extravagantes aux énergies renouvelables. Mais pas la Grande Bretagne. Les leçons pour les Américains sont simplement que de jeter de l’argent par la fenêtre en direction de l’énergie renouvelable tend à être un désastre économique, mais que les politiciens soutenus par de coûteux lobbys peuvent faire perdurer le racket malgré tout.

Il va falloir une opposition robuste pour empêcher les Etats Unis de répéter les erreurs de l’Europe.

Un article de Matthew Sinclair pour Master Resource.

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