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Amérique Latine : un continent libéral

mercredi 7 avril 1999

Il ne reste aucun doute que les décisions des entreprises internationales, en ce qui concerne les transferts technologiques, les nouveaux investissements et les créations de flux commerciaux, influencent fortement les processus d’industrialisation et la compétitivité internationale des pays du Tiers Monde. Les défis que posent la globalisation et les importantes possibilités pour les pays en développement n’ont profité que de manière mesurée à des pays comme le Brésil, le Mexique ou l’Argentine où l’intervention de l’Etat sur l’économie est plus forte qu’au Chili, en Colombie, au Vénézuéla ou au Pérou.

En Amérique Latine, deux des caractéristiques principales de la globalisation sont i) l’intensificaiton de la concurrence internationale et ii) son internationalisation. La première se mesure clairement dans le commerce international des manufactures, pour lequel la libéralisation et l’ouverture commerciale ont permi l’efficacité, la productivité et la spécialisation dans des produits technologiquement plus sophistiqués et ont eu pour résultat l’impressionnante augmentation de la participation dans les marchés de certains pays, en particulier le Japon et d’autres nations asiatiques (e.g. : Malaisie, Indonésie, Taiwan et Corée).

L’internationalisation implique que les entreprises internationales deviennent les agents économiques les plus influents du processus de globalisation, parce que, entre autres choses, elles offrent les technologies les plus dynamiques, elles possèdent des systèmes internationaux de production chaque fois plus intégrés et qu’elles opèrent sur de multiples marchés simultanément.

La tendance à l’internationalisation est cependant une épée à double tranchant pour les entreprises nationales des pays en développement parce qu’il sera sûrement difficile pour elles de concurrencer des entreprises aussi importantes et qui dégagent autant de bénéficies (e.g. : textile, automobile, pharmaceutique, édition, etc). No obstante, pour les entreprises nationales réellement efficaces et compétitives, l’internationalisation offre de bonnes opportunités de s’associer aux systèmes internationaux de production intégrée des firmes multinationales. Elles peuvent s’associer comme fournisseurs ou distributeurs et obtenir ainsi accès à des technologies plus sophistiquées, à des organisations modernes plus pratiques et aux marchés dynamiques de l’OCDE -comme se fut le cas pour les entreprises brésiliennes qui s’associèrent avec Volkswagen et des entreprises colombiennes avec Renault ou Mazda. De cette manière est promu un processus d’apprentissage national qui influera positivement sur la compétitivité internationales de ces pays dans une optique de moyen terme.

Une partie du succès atteint par le Japon et par d’autres pays asiatiques dans leur conquête de marchés internationaux peut être attribuée à leur façon d’entrer en relation avec les grandes firmes multinationales. En général, ils choisirent de développer leurs technologies afin d’attirer les investissements étrangers directs -Etats Unis, Angleterre, France, Allemagne, Suisse ou Italie- ou pour s’associer avec ces entreprises selon de nouvelles modalités : i) créations conjointe d’entreprises, ii) contrats de sous-traitance, et surtout iii) alliances stratégiques. En ce sens, le dynamisme et les avantages compétitifs des entreprises internationales furent transférés d’une certaine manière aux entreprises nationales et, par conséquence, au processus d’industrialisation national.

Dans les économies les plus stables d’Amérique Latine (Brésil, Mexique, Argentine, Chili et Colombie) les entreprises internationales établirent traditionnellement leurs propres filiales pour profiter des oppotunités offertes par les politiques de substitution aux importations industrielles. Ce processus créa beaucoup d’entreprises manufacturières peu efficaces, quasi obsolètes en termes technologiques et incapables de se défendre devant la concurrence internationale. Cela ne permi pas non plus des échanges ou des apprentissages signifactifs pour les entreprises nationales. Les processus de libéralisation financière et commerciale qui suivirent changèrent définitivement les paramètres de l’industrialisation en Amérique Latine, celle-ci se vut dans l’obligation de s’adapter à des modèles plus libéraux mais de croissance autonome.

Pour les anciennes entreprises qui opéraient dans le secteur manufacturier de la région, les nouvelles politiques lancées en 1994 représentèrent un défi important. Pour simplifier, ces filières eurent à choisirs entre trois options : i) vendre, fermer ou décapitaliser les activités, ii) rationaliser l’activité (stratégie défensive) ou iii) restructurer l’activité (stratégie offensive). En général les résultats furent maigres quant à leur impact sur le processus d’industrialisation nationale, puisque peu de filières ont restructuré leurs activités en profondeur. Mais d’un autre côté elles ont permi de développer les investissements étrangers directs et les alliances régionales stratégiques (Groupe Andin, Mercosur, Aladi et G3). Les zones de libre commerce des économies latino-américaines enregistrèrent des ventes supérieures à 110 milliards de dollars, montant supérieur à celui du PIB de plusieurs pays de la région, dont certains de taille intermédiaire comme la Colombie, le Chili, le Pérou et le Vénézuéla. Par entreprise, lesdits profits fluctuèrent entre 7 milliards de dollars (la filiale de Volkswagen au Braisil) et un peu moins d’un milliard de dollars (la filiale de Mobil en Colombie).

Avec un PIB en croissance continue et un rythme similaire quant aux investissement étrangers, la région se profile comme le pôle de développement le plus actif pour les investisseurs des grands blocs économiques (i.e. Etats Unis, Union Européenne et Japon). De la même manière se sont établies de meilleures bases régionales pour construire une zone de libre commerce en Amérique Latine qui favoriserait non seulement les organisations économiques mais aussi le processus de stabilisation politique et sociale du continent. Dans ce panorama dans l’ensemble positif, une seule chose demeure certaine : les multinationales d’Amérique Latine sont loin de se convertir en globalisateurs. Jusqu’à maintenant la croissance se fait sans autre alternative que celle d’être globalisés.

Notes

1 : globalisateur, c’est à dire qui est dans la posititon de choisir quels marchés seront globalisés.

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