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L’économie arabe

dimanche 14 avril 2002

Le monde arabo-musulman fait beaucoup parler de lui, mais, curieusement, très peu dans le domaine de l’économie - qui est comme on sait la science de la création de richesses. Car, quand on parle de pétrole, ce n’est que d’un don aléatoire de la nature, fruit de la géologie et non de l’économie. Or, les vingt-deux économies arabes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord disposent des deux tiers des ressources pétrolières du monde, mais n’ont attiré ces dernières années qu’une part marginale des investissements directs qui sont allés dans les pays dits en développement. Et, au cours des vingt dernières années, la croissance du revenu par tête y a été la plus faible du monde, si l’on excepte l’Afrique subsaharienne (rapport du Programme des Nations unies pour le développement 2002). Pour l’Arabe de base, en somme, le pétrole sorti du sable semble y être retourné.

C’est que la croissance statistique globale de ces pays a été plus qu’absorbée par divers facteurs spécifiques, dont l’augmentation massive de la population, liée au faible niveau de vie. Car le principal problème vient précisément de la manière « peu économique » dont la ressource est utilisée. Les enquêtes montrent une prépondérance d’investissements publics non productifs, de décisions oligarchiques et corrompues, de dépenses d’armements... Le résultat est que, au cours des vingt dernières années, la part des exportations arabes dans le monde est tombée de 11 % à 3,5 % ; que le chômage moyen se situe aujourd’hui entre 15 et 20 %, pour autant que ces statistiques aient un sens. Mais, quel que soit leur degré d’approximation, elles montrent toutes que l’économie arabe est pauvre, malgré quelques Arabes riches. La manne pétrolière aura peut-être même été le coup de grâce à cette société peu productive, comme l’Espagne de Philippe II s’était retrouvée stérilisée par l’or d’Amérique du Sud grâce auquel elle croyait s’enrichir.

Car le pétrole n’explique pas tout - et d’abord parce que tous les Arabes n’en ont pas. La productivité faible et déclinante, la misère des rues, le désoeuvrement de la jeunesse et, surtout, l’absence d’une véritable classe moyenne industrieuse et commerçante, tous ces symptômes caractérisent l’échec d’une société autant que d’une économie. Tous les experts - y compris arabes - les attribuent unanimement à trois raisons principales : le déficit de liberté, l’insuffisante promotion du savoir, la neutralisation des femmes. Le diagnostic est lumineux. Le seul véritable ennemi de l’économie arabe est l’obscurantisme. Avec un peu de distance historique, on constatera que ses métastases ont expliqué, à partir du XVIIIe siècle, le retard progressif pris sur l’Occident. On voit aujourd’hui qu’il fonde les pouvoirs de cléricatures actives sur des masses passives, les unes et les autres ignorantes. Le salut de l’économie arabe viendra de la liberté, du savoir et des femmes. On peut toujours espérer.

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