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Irak : faudra-t-il d’autres preuves ?

lundi 14 avril 2003

Quelles autres personnes, quels autres arguments va-t-il falloir déployer pour faire comprendre à certains naïfs ce qu’est vraiment le régime de Saddam Hussein et quels objectifs il poursuit depuis des années, en dépit des résolutions prises par les Nations Unies, notamment la résolution 1441 ?

Mercredi 6 février, le secrétaire d’Etat américain Colin Powell a du s’appuyer sur tout un arsenal de documents, photos, croquis, enregistrements pour étayer son intervention devant le conseil de Sécurité de l’ONU et apporter les preuves dont certains doutent encore sur le régime de Bagdad.

Ces preuves, ce sont des bunkers nettoyés par les autorités irakiennes avant les inspections relancées par l’ONU en novembre dernier ; ce sont des déplacements de missiles, d’armes diverses qui apparaissent sur les photos de satellites espions à un moment et qui avaient disparu lors des inspections des représentants des Nations Unies. Ces preuves, ce sont des véhicules de décontamination visibles sur des photos du début de l’année 2002 autour de sites qui devaient produire autre chose que de la farine et qui ne se trouvaient plus sur ces mêmes lieux au moment des inspections. Pourquoi les avoir alors déplacés ?

Toujours à la pointe du respect de la loi, Saddam Hussein menaçait de mort quiconque, en Irak, et notamment les scientifiques, collaborait avec les inspecteurs. Ces derniers temps, le président irakien les accusait également d’espionnage, comme si les moyens mis en œuvre par les pays occidentaux pour surveiller l’Irak ne suffisaient pas pour savoir ce qu’il trame depuis des années. Pour faire bonne mesure, il a même empêché l’inspection de matériels importants de son arsenal, ce qui n’est pas vraiment l’attitude de quelqu’un qui n’a rien à se reprocher.

Pourtant le paragraphe 4 de la résolution 1441 de l’ONU est clair : « Le Conseil de Sécurité décide que la présentation d’informations fausses ou l’existence d’omissions dans les déclarations soumises par l’Irak en application de la présente résolution et le fait de ne pas se conformer à tout moment à la présente résolution et de ne pas coopérer pleinement à son application constitueront une nouvelle violation patente des obligations de l’Irak et seront signalés au Conseil aux fins d’évaluation conformément aux dispositions des paragraphes 11 et 12 ».

Aujourd’hui, l’Irak s’est placée dans une situation difficile par rapport à cette résolution 1441, d’autant que les preuves apportées par Colin Powell sont loin d’être négligeables et montrent que l’Irak poursuit effectivement un programme de développement d’armes de destruction massives, qu’ils soient bactériologiques, chimiques, voire nucléaires.

Ses armes bactériologiques, l’Irak les produit probablement dans des laboratoires mobiles (semi-remorques ou trains) comme l’a indiqué un dissident irakien qui a quitté le pays. Dix-huit de ces camions existeraient actuellement ; pourquoi le gouvernement ne les produit-il pas aux inspecteurs de l’ONU ? Et à quoi peuvent bien servir ces laboratoires ou encore les 8 500 litres d’anthrax que l’Irak reconnaît posséder ?

Les armes chimiques, notamment le gaz moutarde (ypérite), font aussi partie de l’arsenal irakien puisque ce pays les a déjà utilisées à une grande échelle contre le peuple kurde qui a compté 5 000 victimes de ce gaz en 1998. C’était d’ailleurs la première fois qu’un pays l’utilisait à une telle échelle depuis la Première Guerre mondiale et aujourd’hui, les inspecteurs n’ont pas la preuve que ces armes chimiques ont été détruites.

Quant aux recherches dans le domaine du développement des armes nucléaires, il n’y a qu’à constater les démarches faites par l’Irak pour essayer de se procurer des tubes centrifugeurs en aluminium qui servent à l’enrichissement de l’uranium pour se rendre compte que Saddam est loin d’être innocent.

N’oublions pas non plus de citer la recherche sur des missiles d’une portée de 1 200 Km (alors que l’Irak est autorisée par la résolution 687 à n’avoir que des missiles de défense d’une portée de 150 Km) et qui pourraient transporter des armes chimiques ou bactériologiques ; même chose pour les avions sans pilote (les drones), dont certains ont un rayon d’action de 500 Km au lieu des 150 autorisés.

Autre preuve apportée par Colin Powell devant le Conseil de Sécurité, les liens entre l’Irak et les réseaux terroristes, que ce soit Al-Qaeda ou d’autres. Ces réseaux ont des ramifications dans plusieurs pays d’Europe et les individus arrêtés en France et en Grande-Bretagne ces dernières semaines avaient des relations avec un terroriste notoire dont les bases sont en Irak.

Comme l’a indiqué le secrétaire d’Et at américain, le régime de S. Hussein ne s’arrêtera devant rien, sauf si on l’arrête. Il cache actuellement des atouts dans sa manche et ses atouts, ce sont des armes chimiques ou bactériologiques. C’est pourquoi la communauté internationale devra agir s’il ne désarme pas, s’il ne se plie pas à la résolution 1441, une résolution qui n’a pas été rédigée et votée pour la guerre, mais pour faire respecter la paix, ce que ne semble pas vouloir le dictateur de Bagdad.

P.C.

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