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L’opinion publique et la crise irakienne

vendredi 18 avril 2003

Je regardais a la tele l’engouement spontanne pour les Irakiens. A travers l’Europe et meme aux Etats-Unis, des marees de manifestants brandissaient leurs etendards contre la guerre et pour la liberte (que ca nous plaise ou non) du gouvernement Irakien. La democratie stipule qu’un peuple a le droit de disposer de soi-meme, comme il l’entend et d’imposer sa propre vision des droits et libertes. Saddam a ete approuve par un referendum, il doit donc etre reconnu par la communaute internationale comme le president de l’Irak et nul n’a le droit, sauf le peuple irakien, d’en decider autrement. Les EU jugent qu’il ne respecte pas certaines ententеs et qu’il est dangereux pour la securite internationale qu’un tel president soit au pouvoir. Le president Hussein recolte toutes les sympaties, et des millions de manifestants, surtout dans les pays democratiques et liberals, manifestent contre la politique Americaine. On observe aujourd’hui une forte division, une faiblesse au sein des democraties occidentales… J’ai comme l’impression que l’opinion publique n’evolue pas avec l’histoire.

Lorsque Hitler arriva au pouvoir en 1933, il n’a pas d’emblee installe une dictature. Pour acquerir une certaine legitimite, il a propose un projet de loi qui attribuait a son cabinet des pouvoirs dictatoriaux pour cinq ans. Vu la conjoncture economique et la confiance qu’il suscitait aupres du peuple, le projet fut adopte par le Reichstag a 441 voix contre 91, nettement plus des deux tiers exigee par la constitution. Hitler atteignait ainsi son objectif : la dictature par voix legales. Il avait maintenant plus de pouvoir que Bismark ou le Kaiser n’en avait jamais possede… il n’esita pas a s’en servir.

L’equivalent de la resolution 1441 qui empeche Saddam Hussein toutes pretentions territoriales et toutes formes de rearmement, etait pour Hitler le traite de Versailles. Mais en plus ce traite, formule par les vaincoeur de la premiere guerre mondiale, obligeait le remboursemment des pertes qu’elle avait engendrees. La severite du traite faisait douter, meme les occidentaux, de la possibilite de le realiser. Plusieurs reconnaissait une flagrante injustice a l’egard du peuple Allemand.

Hitler utilisa ce doute qui siegeait au sein meme des democraties pour se debarasser, subtilement, point par point, des clauses du traite. Chaque fois qu’il enfreignait le traite, l’occident se consolait en se disant que l’Allemagne ne voullait que corriger certaines des injustices les plus criades commises a Versailles et appliquer “le droit des peuples a disposer d’eux-memes”. A chaque “coup”, Hitler se repandait en discours pacifistes, proposait de nouveaux accords pour rassurer les Etats inquiets de sa gourmandise. L’occident ne voulait pas de guerre.

Le 16 mars 1935 il retablit le service militaire obligatoire et reconstitua une armee. L’annee suivante, les troupes allemandes rentraient en Rhetanie ; un territoire qui lui avait ete retire par le traite. Son intention etait des plus pacifiste comme il le decrivait dans Mein Kampf, “rassembler tous les hommes “de sang allemand” dans un Grand Reich”. En toute liberte il reunissait des hommes libres, qui par referendum accepterent a forte majorite de se reunir a son empire pacifiste.

L’Occident fut surpris mais ne voulait pas risquer une guerre pour arreter Hitler. Pourtant a cette epoque les stocks de petrole dont disposait l’Allemagne lui auraient permis tout au plus de mener une guerre de quelques semaines. Les generaux vecurent dans l’angoisse jusqu’au jour ou le calcul d’Hitler s’avera juste : divisees contre elles-memes, les democraties etaient pretes a toutes les concessions.

Les violations du traite de Versailles devinrent de plus en plus flagrantes. Puis il renia completement le traite et lanca son pays dans une campagne de rearmement qui devait d’un cote, sortir l’Allemagne du marasme economique, et de l’autre, alourdir les negociations avec le Reich. L’opinion publique etait partage, les methodes hitlerienne etaient discutees, mais le resultat appouve. Il avait sorti l’Allemagne de l’enfer de l’apres guerre. Pourtant a l’interieur du pays, les nazis operaient une campagne de Gleichschaltung, le nivellement selon leurs vues de toute la societe allemande. Le parti intervenait dans chaque secteur social pour en faire un instrument docile : l’industrie, l’enseignement, le droit, la science, la presse, les syndicats (l’Arbeitsfront), etc. Quand la propagande et la terreur ne suffisaient pas, la Geheime Staatpolizei, la Gestapo, entrait en action, avec les methodes les plus brutales. Des milliers d’adversaires politiques furent parques dans des camps de concentration, maltraites de facon atroce ; les morts ne se comptaient plus. Les Juifs furent evidemment le groupe social le plus touche. Peut importe les atrocites commises par le parti, l’Occident se rassurait en se repetant que “la democratie stipule qu’un peuple a le droit de disposer de soi-meme et d’imposer sa propre vision des droits et libertes”.

Le 12 mars 1938 les forces allemandes entrerent en Autriche au cours de la nuit sans rencontrer de resistance si ce n’est qu’un gros aristocrate anglais fumeur de cigar. Le vieux Lord, Churchill, s’allarmait depuis deja cinq ans et son discours perdait de sa credibilite tant ses interets etaient evidents ; maintenir l’Allemagne faible, pour une Grande-Bretagne forte. Pour evincer tous les doutes et discrediter les dicours guerrier de Churchill, les nazis organiserent un referendum, non-secret, dont les resultats stipulaient que 99,73% des electeurs autrichiens etaient en accord avec Hitler. L’opinion publique etait convaincu ; Hitler voulait la paix, Churchill voulait la guerre. Il profanait un jujement tout a fait faux sur Hitler. Le journal Le Temps ecrivait le 1er septembre 1938, “M. Hitler s’est souvent pose en champion de la paix. On n’a aucune raison de mettre en doute sa sincerite”. Et l’opinion publique se disait que l’annexion de l’Autriche, ce n’est pas si grave, “les Autrichiens, c’est des Allemands apres tout ?…”

Churchill protesta durement contre cet opinion a la Chambre des communes, des le 14 mars 1938 : “On ne saurait exagerer la gravite des evenements du 12 mars. L’Europe se trouve en face d’un programme d’agression, soigneusement prepare et minutie, qui s’execute etape par etape. Un seul choix reste offert, non seulement a nous, mais aux autres pays : ou de nous soumettre comme l’Autriche, ou bien de prendre, pendant qu’il en est encore temps, des mesures efficaces pour ecarter le danger et, s’il est impossible de l’ecarter, pour en venir a bout. Si nous continuons d’attendre les evenements, quelle quantite allons-nous gaspiller des resources encore utilisables pour notre securite et pour le maintien de la paix ? Combien d’amis allons-nous alliener ? Combien d’allies eventuels verrons-nous tomber un a un dans le gouffre hideux ? Combien de fois le bluff reussira-t-il, avant que, derriere ce bluff, des forces, sans cesse croissantes, aient dresse une redoubtable realite ?… Ou en seront nous dans deux ans, par exemple, lorsque l’armee allemande sera certainement plus forte que l’armee francaise, et que toutes les petites nations auront fui Geneve pour rendre homage a la puissance toujours grandissante du regime nazi, et obtenir de lui les meilleures conditions possibles ?…”

Churchill croyait qu’Hitler etait un dictateur. Le culte de la personnalite, la repression policiere, le parti unique, restriction legislative, non-respect des droits et libertes (au sens occidental), gouvernement autocratique, annexions territoriales, referendum sous surveillance remporte a 99%, les purges… etaient les indices qui formaient sa conviction. Il etait egallement persuade qu’on ne peut mettre trop de pouvoir entre les mains d’un dictateur car il n’esitera pas a en utiliser la totalite. L’opinion publique, essentiellement pacifique, empechait Churchill de declarer la guerre a l’hitlerisme. Elle etait a l’antipode, elle croyait que faire certaines concessions au Fuhrer le rendraient plus raisonnable. Et c’est ce que pensait le premier ministre de la Grande-Bretagne a cette epoque, Neville Chamberlain.

Pour sauver l’independence de la Tchecoslovaquie, il alla voir Hitler a trois reprises pour obtenir un compremis. A chaque fois, le Fuhrer sentit faiblir les Occidentaux et accentua ses exigences. C’est sur la Tchecoslovaquie que la France et l’Angleterre accentuerent leur pression qui elle, n’etait meme pas presente aux reunions. Apres de longue negociation ou Hitler defendait les “droits et libertes” du peuples Allemand, la Tchecoslovaquie du ceder a l’Allemagne quatre territoires ou les germanophones etaient majoritaires. Elle se retrouvait amputee, paralysee, sans defense. Quoi qu’il en soit, Chamberlain et Daladier connurent un retour triomphal a Londres et a Paris. Ils avaient sauve la paix et avait prouve qu’on pouvait resoudre un conflit, meme avec un dictateur, de facon diplomatique.

Le soir du 14 mars 1939 Hitler entre a Prague. Le lendemain, la Boheme et la Moravie sont declarees protectorats allemands. L’Etat tchecoslovaque a cesse d’exister. Et le 23 c’est le tour de la Lithuanie car elle aussi detenait un pourcentage de germanophone. Hitler accumula les armes, les vivres et l’equipement necessaire pour entrer dans sa deuxieme phase, celle qui aurait une petite chance de reveiller l’opinion publique ; envahir un peuple non germanique ; la Pologne.
Les sovietiques non plus ne voulait pas la guerre… ou bien ils l’esperaient mais pas chez eux. Ils signerent un pacte de non-agression avec les nazis et declarerent “criminiel de faire la guerre a l’hitlerisme”. Pourtant Hitler expliquait clairement dans Mein Kampf qu’il allait offrir au peuple allemand toujours plus nombreux un Lebensraum, un “espace vital” a l’Est par une conquete violente. Hitler voulait arreter la marche eternelle des Germains vers l’Ouest et le Sud de l’Europe, retourner l’invasion vers l’Est, vers la Russie et ses voisins, vers cet empire sovietique qu’il jugeait mur pour la grande deliquescence. Le premier septembre 1939, a 4 h 45 du matin, Hitler lanca la Wehrmacht a l’assaut de la Pologne. Les Occidentaux tentent encore de negocier et de regler le conflit par des methodes diplomatiques. La deuxieme guerre mondiale commencait…

Churchill ne voulait pas tuer des enfants Allemands pour assouvir une soif de sang ou assurer la superiorite Anglaise en Europe, il voulait arreter un virus deja installe ; c’est-a-dire couper un pied avant que la gangrene gagne le corps. Et pendant que les medecins occidentaux ne reconnaissait pas l’infection ou refusaient de porter la responsabilite d’une amputation, le cancer se renforca et l’operation fut beaucoup plus serieuse.

En six annes de guerre les chiffres officiels estime les pertes a 20 millions pour l’URSS, 6 millions pour la pologne, un million en France (qui s’etait battu que quatre semaine avant de rendre les armes) 400 milles en Grande-Bretagne… pour un total de 55 millions de morts sur une population mondiale de 2 milliards d’habitants (2,2% de la population planetaire).

En avril 1940 dans le camps adverse, le chef de la propagande nazi Joseph Goebbels, ne pouvait mieux resumer l’attitude des occidentaux : “Jusqu’a maintenant nous avons reussi a laisser nos ennemis dans la confusion en ce qui concerne nos vraies intentions. En 1932, l’opposition a l’interieur meme du pays n’a jamais su determiner ou nous allions et que nos sermons sur l’egallite n’etaient qu’une leurre… Ils pouvaient facilement nous reprimer. Ils pouvaient arreter quelques-uns d’entre nous en 1925 et ca aurait ete la fin. Mais ils ne l’ont pas fait, ils nous ont laisse passé dans la zone dangereuse. C’etait exactement la meme chose pour la politique etrangere… En 1933 un ministre francais a dit (et si j’avais ete a sa place, j’aurais dit la meme chose) : “Le chef de l’etat Allemand est l’homme qui a ecrit Mein Kampf, il explique clairement ses intentions. Cet homme ne peut etre tolere a notre proximite. Ou il disparait ou nous l’attaquons !”. Mais ils ne l’on pas fait. Ils nous ont laisse seul. Ils nous ont laisse glisser dans la zone dangereuse et nous avons ete capable de franchir tous les obstacles. Et lorsque nous les avions tous franchis, que nous etions bien armes, mieux qu’eux, alors la ils ont commence la guerre !”

Hitler connaissait tres bien les lacunes du systeme democratique. Il les a utilisees pour construire, en plein milieu d’une Europe liberale et democratique, un regime de destruction. La logique de l’opinion publique empecha de detruire le parti nazi dans son nid. La democratie stipule le choix du peuple, et ce meme s’il est repressif. De cette facon la democratie est aussi vulnerable que le communisme dans un monde de consomation. Elle se ferme et se transforme en une dictature de la majorite. Elle ne s’effoce plus d’elargir ses horizons en respectant les differences. Il serait peut-etre temps d’adapter la democratie avant qu’elle s’efondre comme le mur de berlin. Pour survivre, les democraties liberales ne pourraient qu’appliquer l’aphorisme paradoxal de St-Just : “Pas de liberte pour les ennemis de la liberte !”. C’est un peu ce qui resume la politique americaine mais l’opinion publique ne voit pas les choses du meme oeil.

Les protestations contre la guerre n’ont malheureusement rien a voir avec le peuple Irakien. Deja dix ans qu’ils vivent sous ambargo dans un regime de repression et ils n’ont jamais fait la une de l’opinion publique. C’est depuis que les EU s’en melent et que la tension a monte d’un cran que le commun des mortels peut s’identifier a une arithmetique diplomatique qu’il comprend ; un peuple veut se battre pour voler du petrol, et l’autre ne veux pas et ne peut se defendre. De plus l’opresseur c’est quelqu’un qu’il connait bien et qu’il deteste par tradition. Quel joie de pouvoir s’integrer au monde politique en se portant defenseur de la paix lors d’une parade annimee comme le carnaval de Rio entre deux sandwichs au gorgonzola et un p’tit espresso italien. Personnellement, je me demande bien la paix de qui ils defendent ? Celle des Irakiens ou celle de la conscience morale du militant ?

L’opinion publique est souvent paradoxale et opportuniste. Elle se joint toujours au parti de celui qui donne et n’a jamais voulu prendre la responsabilite d’amputer. Elle mange l’omelette en condamnant celui qui a casse les oeufs. Elle se borne souvent a renier les deux partis sans trop etre consciente de ses propres interets a long terme. Elle manipule l’information jusqu’a ce qu’elle s’ajuste a ses convictions et son incontrolable besoin de ce plaindre, de manifester son mal de vivre dans une societe qui ne s’adaptera jamais a son ideal.

La lutte effective contre l’ordre etablit est pourtant simple ; se reduire a une consomation de survie. Une politique de boycott aurait des repercutions baucoup plus serieuses sur la politique americaine mais l’amour du peuple Irakien n’ira jamais jusque-la. Les manifestations d’aujourd’hui assouvissent un besoin, demain le supermarche en assouvira un autre.

Le militantisme est un hobby comme un autre, il occupe le temps libres et rempli un vide existentiel comme la philatelie ou les modeles a coller. L’eventail des sujets de protestation est infini, il peut meme etre contradictoire. Un militant peut a la fois protester contre la souffrance inflige aux animaux et pour une politique protectionniste sur la viande bovine. Pour la liberte d’expression et contre la liberte de commerce. Pour l’echange culturel et contre l’echange economique. Pour l’annulation de la dette du tier monde et contre l’augmentation des impots. Pour un meilleur salaire et contre l’inflation et la societe de consommation. Pour le chatiment de ceux qui se sont enrichi aux depens de leur peuple et contre l’intervention internationale armee...
En fait il a besoin de militer pour militer, de protester pour protester, il est contre tous les instances superieures parce qu’elles sont des instances superieures. Tout ca pour se sentir utile et important. Il a vu et decouvert ce que l’administration n’a jamais pense. Il voit ce que seul les esprits eclaires peuvent voir. Il peut maintenant se dire qu’il a donne un peu de sa vie pour les opprimes sans toutefois se demander si ce qu’il a fait a vraiment servi a quelqu’un. Il veut detruire l’ordre etabli mais ne peut changer la plus futile de ses habitudes. Il se croit defenseur de la vierge et de l’offense apres avoir place son nom et sa vraie adresse au bas d’une petition contre la guerre. Et pour finir sa journee, il crit a qui veut l’entendre que les americains n’agissent qu’en fonction de leurs interets.

Dire “je suis contre la guerre” n’a pas de sens, c’est completement ridicule ; tout le monde est contre la guerre ! Hitler, Mao, Staline et Ben Laden apportent un message de paix… leur paix . L’etat de paix qu’ils jugent convenable a leur vision de la vie. Une vision souvent etroite et restreinte qui ne peut embrasser la totalite des desirs du peuple mais qui souvent, avec acharnement, finit par convaincre la majorite. Les manifestants occidentaux se croient en pleine dichotomie entre ceux qui veulent la paix et les americains qui veulent la guerre. L’opinion publique met tout de suite la faute sur celui qui commence la guerre et n’a pas la volonte d’observer celui qui la fomente. Cette logique veut qu’il y ait toujours un opresseur et un opresse. L’opresseur est toujours le plus nanti et l’opresse n’est jamais victime de lui-meme, de son manque d’organisation et de son obsession a faire passer son honneur avant son sens pratique et sa raison.

L’opinion publique se retrouve donc dans une impasse, elle ne peut se debarasser de l’opposition du “bon” et du “mauvais”. Prisonniere de son besoin de certitude, elle porte un jugement categorique sur une realite qui s’avere trop complexe pour cette simplification. La politique de l’Irak, comme les politiques de l’Islam, des communistes, du Tiers-monde… ne doivent pas etre observees en fonction de leur etat actuel mais en fonction de leur direction. Le concept “bon/mechant” deviendra “possibilite d’amelioration / direction sans issu ”. Pour determiner de quel cote se trouve une politique, il faut bien connaitre l’histoire et la conjoncure actuelle dans le but de creer des scenarios de developpement. Pour developper quoi ? Pour developper des possibilites (au sens large du terme). Ce qu’on entend par, “un monde libre” c’est un monde ou les possibilites sont en expension et non en stagnation ou en regression. Les EU profitent de l’evasion des cerveaux, ce n’est pas seulement a cause des salaires mais grace a l’abondance de possibilites qu’offre ce pays. Mais tout ca c’est peut-etre trop en demander a l’opinion publique, ce n’est pas aussi exitant que d’incriminer un politicien. Elle est donc condamnee a constater un probleme que lorsqu’elle a les deux pieds dedans.

Bien sur le message est beaucoup plus joli lorsqu’on crit “paix a tout prix !” mais en realite c’est se debarasser de la responsabilite de trouver une solution. C’est surtout une bonne facon de gagner le coeur du publique qui voit dans la paix la solution ultime a laquelle aucuns dirigeants n’avaient pense. Hitler aurait continue “pacifiquement” sa conquete de l’Europe si la Grande-Bretagne ne lui avait pas declare la guerre. Doit on mettre la responsabilite de la deuxieme guerre mondiale sur la Grande-Bretagne ? Pour une paix durable il faut que toutes les nations aient la meme vision de la paix et des droits et libertes.

Pour les manifestants du monde entier, la paix c’est quand les americains ne se melent pas de la politique de Saddam (quoique les jours passent et l’opinion publique s’ajuste. Maintenant on parle de “ceux qui veullent prolonger les inspections”). Pour ma collegue Kurde qui s’est refugiee a Moscou apres avoir perdu sa famille, americain ou pas, elle ne voit pas de perspective de paix en Irak sous le regime de Saddam. Et que resolution 1441 ou pas, Saddam pense et agit en dictateur ; une logique tres mal comprise par les nouvelles generations de l’occident. La logique de dictateur c’est quand l’honneur devient la priorite ; son honneur, et ensuite l’honneur de son peuple, au prix du confort, du bien-etre et de la liberte.

Il existe un standard de dictateur, ils se ressemblent a peu pres tous. Ils enfreignent les memes lois, les memes valeurs et commettent les memes aberrances. Ils sont facilement reconnaisable et ils sont presque tout le temps ignores. Ils peuvent donc commettre des atrocites sans que l’opinion publique s’en occupe. Ils ont l’immunite des masses et meme sa protection. Si une instance superieure tente de se meler a sa politique, elle sera automatiquement incriminer et ses interets economiques seront pointes du doigt pour discrediter ses intentions. Et lorsque les doutes sur le dictateur deviennent des faits, l’opinion publique se reajuste, change, se repositionne… l’opinion publique a toujours su negocier avec sa conscience.

Respecter un dictateur parce qu’il est approuve par son peuple, c’est respecter Staline, Hitler, Pol Pot, Tito, Mao… qui ont tous connus un soutient majoritaire… c’est avec la minorite que l’occident n’a pas voulu ouvrir les yeux. Une politique de l’autruche justifiee par un certain “respect des differences” qui n’a rien a voir avec la culture. La liberte et la democratie est maintenant synonyme d’americanisme ; les EU s’en sont tellement servi pour justifier leur politique exterieure que l’argument n’est plus valide. Le “mass media” est tellement concentre sur toutes les imperfections du systeme americain que beaucoup de pays se permettent des aberences sans la moindre attention de l’opinon publique, delaissant ainsi Amnistie internationale et quelques militants maginaux le soin de faire des pressions sur le reste des injustices. Je ne crois pas que le “mass media” soit coupable, il donne a ses clients ce qu’ils demandent. De son cote le telespectateur n’a qu’a se choisir un bon, un mechant et un parti a defendre. Tout ca dans le but de se creer des certitudes de plus en plus rigides et de moin en moin remises en question. Le besoin d’admirer, de detester et de croire en quelque chose d’immuable, subjuguent la raison.

Ainsi la paix, la guerre, le capitalisme, les Etats-Unis, le terrorisme, la diplomatie, le pouvoir, la democratie, la liberte, la mondialisation… deviennent des symboles que l’on traite machinalement sans se demander ce qu’ils peuvent vraiment signifier ou ce qu’ils pouront signifier dans quelques annees. “L’homme, disait Baudelaire, est un enfant egare dans les forets de symboles” et Kundera ajoute dans l’art du Roman “ Le critere de la maturite c’est la faculte de resister aux symboles. Mais l’humanite est de plus en plus jeune.”

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